Les cafés peuvent être facilement comparés aux vins. Pour décrire un vin, on emploie les termes de cépages (cabernet, merlot, chardonnay...), de pays producteurs (France, Etats-Unis, Espagne, Italie...), de régions de production (Bordelais, Bourgogne, Alsace, Pays de Loire...), de vignobles ou crus et de méthodes de vinification. Pour les cafés, on utilise les termes de variétés (Arabica Bourbon, Arabica Kent, Arabica Moka, Arabica Maragogype ou Robusta), de pays producteurs (Brésil, Colombie, Mexique...) et parfois de régions de production donc de crus à l'intérieur d'un pays (Sidamo en Ethiopie, Tres Marias au Guatemala, Sul de Minas ou Bahia au Brésil...). Pour les cafés, on précise aussi parfois le calibre (AA, par exemple, pour les arabicas à gros grains du Kenya), on peut aussi mentionner le mode de traitement des fèves vertes (les cafés «lavés» sont de meilleure qualité que les cafés traités par voie sèche car le lavage qui demande de l'eau propre en grande abondance s'applique en général aux meilleurs arabicas). Toutes ces précisions sur le café, étaient jusqu'à une époque fort récente, inconnues du grand public et des restaurateurs parce que les torréfacteurs présentaient les cafés essentiellement sous forme de mélanges dont la composition était bien souvent tenue secrète. Petit à petit, les torréfacteurs ont fait découvrir aux Français, gros consommateurs de robusta, l'arabica, puis le 100% arabica de Colombie et désormais une dizaine d'autres grands crus. L'initiation des consommateurs à la connaissance du café en est donc aux premiers balbutiements. Mais une véritable culture du café est en train de se développer. Les amateurs de cafés fins sont de plus en plus nombreux et les experts prédisent pour la demande de cafés fins une progression de 20% sur les vingt prochaines années. On pense cependant que toutes les surfaces propices à la culture du café ont été plantées.
Au choix : neuf pays producteurs
Comme pour les vins, les qualités organoleptiques des cafés dépendent beaucoup des
caractéristiques géographiques de la région de production. «Comme pour la vigne,
explique Pierre Massia, direc-
teur du département formation Malongo, le terroir va donner un cachet particulier à
une même espèce botanique, d'où des «crus» différents. Un Arabica Bourbon sera
acidulé au Kenya, corsé en Papouasie, doux et suave en Colombie». Ces différences
proviennent de la nature des sols : volcanique, volcanique en voie de latérisation,
argilo-calcaire, alluvionnaire, tourbeux, sablonneux...). Elles dépendent aussi de
l'altitude des plantations. Les cafés les plus appréciés sont ceux qui poussent en
altitude (au delà de 1.000 m), tout simplement parce que la température étant moins
élevée, les cerises mettent plus de temps à mûrir. La pluviométrie, l'éclairement,
la ventilation, l'exposition sont aussi des éléments déterminants. Ainsi, dans tous les
pays producteurs de café, on récolte des cafés moyens, de bons cafés et des crus
d'exception.
Voici les pays producteurs de cafés et les caractéristiques organoleptiques de leurs meilleurs crus :
- Jamaïque : café récolté à 1.950 m
d'altitude. Le Blue Mountain est le plus prestigieux, le plus rare et le plus cher
de tous les cafés. Cultivé sur les hauts plateaux de la Jamaïque, il est très
raffiné, parfumé et à peine acide.
- Kenya : café cultivé sur les hauts plateaux
entourant le mont Kenya, au Nord et au Sud de Nairobi et dans la Rift Valley. Cueillette
des cerises à la main en 7 passages différents, afin d'assurer une qualité sélective.
Café très fin, au goût acidulé. Le Kenya AA (la mention AA correspond à une
sélection de grains supérieurs à la moyenne) est l'un des cafés les plus fruités du
monde.
- Ethiopie : l'Ethiopie est le 1er producteur africain
d'arabica. La récolte se fait à la main. On distingue le café «nature», corsé et
très typé qui pousse à l'état sauvage (70% de la production) et le café «lavé»,
très doux, aromatique, très légèrement acidulé et de saveur délicate, récolté en
plantations notamment dans la région de Sidamo.
- Colombie : deux qualités : le Supremo et l'Excelso.
Le Supremo (dont les fèves sont assez grosses) est cultivé dans de petites
plantations sur les hauts plateaux des régions de Boyaca, Tolima, Huila, Risaralda. C'est
un café suave, doux et parfumé au corps léger. L'Excelso est produit par exemple dans
la région de Medellin ou de Bucaramenga.
- Guatemala : café cultivé à 1.700 m d'altitude
environ de part et d'autre de la Cordillère des Andes. Café fruité, parfumé, très
aromatique et d'une grande finesse. Les Antigua Logo Azul et Tres Marias
sont des crus réputés.
- Costa-Rica : café cultivé à 1.600 m d'altitude
sur les contreforts de la Cordillère centrale. Les meilleurs crus sont obtenus sur le
flanc des volcans. Cueillette à la main. Café complet, alliant corps et arôme,
légèrement acidulé et plutôt corsé pour un café élevé en altitude. Le Bella
Vista est un des meilleurs crus.
- Mexique : café cultivé à 1 .400 m d'altitude,
dans l'état de Chiapas près du Guatemala. Le meilleur est de variété arabica Maragogype
Liquidambar (Liquidambar est le nom de vieux arbres entourant une partie de la
plantation et dont la floraison rouge est remarquable). Café fin et parfumé alliant
douceur et corps, bonne acidité, pas épais. Attention tous les Maragogypes ne sont pas
«Liquidambar».
- Brésil : café
récolté entre 200 et 800 m. Les goûts dépendent de la situation géographique des
cafés. Le meilleur arabica du Brésil provient du Sul de Minas, c'est un café doux. Les
Victori, Minas, Rio présentent un goût iodé très typique . Les Prana et Santos plutôt
neutres se marient bien avec le Robusta.
- Papaousie-Nouvelle Guinée :
café planté entre 1.300 et 1 .800 m d'altitude. Café équilibré ayant du corps,
parfumé et acidulé.
Jouez la carte des grands crus
«Quand un torréfacteur compose un assemblage de cafés, explique Pierre Massia, directeur du département formation Malongo, il cherche à marier les qualités de différents cafés pour en gommer les défauts, obtenir «un produit rond» et «suivi». Au contraire, en sélectionnant de pures origines voire des crus, il recherche une dominante. Il est donc important pour un restaurateur qui décide d'établir une carte des cafés d'apprendre à bien connaître ces produits afin de les raconter, les expliquer et les vendre à sa clientèle». Ces notions de «pures origines» et de «crus» de café étant relativement récentes, inutile de proposer une carte des cafés trop longue. Pierre Massia recommande d'inscrire à la carte des cafés un mélange «rond», un décaféiné et trois grands crus : un amer ou un fruité, un corsé et un acidulé. Pour bien vendre les grands crus de cafés, le restaurateur peut stimuler la curiosité de ses clients en leur proposant l'un ou l'autre en fonction des desserts choisis . «Après un dessert lacté, explique Pierre Massia, proposez un café fruité ou un café amer ; après un dessert chocolaté, suggérez un café corsé et après des fruits rouges ou un sorbet, un café acidulé». (cf. Fiche pratique Goûts et Origines p. 27). Sachez aussi préparer la vente du second café. Donnez envie à vos clients de découvrir un autre grand cru dont la dominante de goût sera différente. Et pour inciter vos clients à parfaire leur «culture» café, changez votre carte des cafés deux à trois fois par an en respectant le même principe.
En Colombie, les cerises sont cueillies à la main. Huit passages sont nécessaires
sur un même arbre au cours d'une récolte pour libérer les fruits mûrs.
La Colombie, à l'origine des «pures origines»Tout commence en 1975. Cette année-là, dans le cadre d'une compensation grains de café contre voitures Simca, la France ouvre ses frontières au café colombien. Les torréfacteurs utilisent alors cet arabica pour bonifier leurs mélanges. On ne parle pas encore de cafés d'origine et le robusta domine le marché. Vingt ans plus tard, le café certifié 100% Pur Colombie représente 15% de la consommation nationale et quelque 100 marques arborent cette appellation. Elles n'étaient guère plus de trois, il y a dix ans. Devant l'engouement des consommateurs pour les produits authentiques et les origines, les grands noms de la torréfaction ne sont pas restés de marbre.* «Cependant, commente Eric Verdier, spécialiste des analyses sensorielles et collaborateur de Jean Lenoir pour la réalisation du Nez du Café (C F. Fiche pratique : Le Nez du Café), la Colombie pourrait aller encore plus loin dans la valorisation de son café. Le 100% Café de Colombie correspond en fait à un assemblage de crus d'arabica produits en Colombie dont les qualités organoleptiques sont différentes. Il faut savoir que ce pays comprend 14 départements de production ce qui correspond à14 types d'exploitations différentes donc à une grande variété de crus. Les assemblages réalisés par les producteurs sans tenir compte des goûts des divers crus ne sont pas toujours judicieux. Les planteurs de Colombie commencent à prendre conscience de la nécessité de valoriser leurs meilleurs crus. Ils ont fait un cadastre de leurs départements de production mais ils n'ont pas encore établi un véritable classement qualitatif». Bien évidemment, que ce soit en Colombie ou dans un autre pays producteur de café, tout ceci est difficile à mettre. Cela demande beaucoup de moyens, des habitudes à changer et toute une organisation. Aujourd'hui, les grands crus sont mis en valeur grâce aux torréfacteurs qui n'hésitent pas à se rendre sur place pour rencontrer les planteurs et sélectionner les meilleurs crus. * Extrait de Marketing Magazine - n° 27 |
Le café pousse sur toute la surface du globe, dans les zones tropicales et
intertropicales. Le café de Papouasie fait partie des grands crus mondiaux.
Profitez des desserts pour valoriser votre carte des cafés : après un gâteau au
chocolat, café corsé, après un dessert lacté, café fruité ou café amer et après un
dessert fruits rouges, café acidulé - Doc Prodat.
Trois types de cafésAujourd'hui, on distingue : Les cafés d'assemblageMélanges de cafés 100% arabica, 100% robusta ou arabica/robusta (70/30, 50/50...). Les pures originesMélanges d'arabica produits dans un même pays : 100% Colombie, Brésil, Mexique ou Guatemala... Les grands crusLes meilleurs crus de cafés dans une région de production d'un pays donné. Comme pour les vins, deux plantations distantes de quelques kilomètres seulement peuvent donner des cafés de qualité fort différente : Ethiopie Moka Sidamo, Costa Rica Bella Vista, Guadeloupe Bonifieur, Brésil Sul de Minas... |
L'HÔTELLERIE n° 2560 Magazine 7 Mai 1998