La moitié des chambres donnent sur l'entrée du Vieux Port, la plus belle vue de
Marseille.
Après trois ans de travaux et 35 millions
d'investissement, la rénovation est achevée. Et Domenico Basciano, le directeur, a
atteint son objectif : faire du Sofitel l'hôtel haut de gamme de référence de la
capitale phocéenne.
Deux décorateurs ont imaginé le nouveau look de l'établissement qui a refait aussi bien
son accès extérieur que son immense hall d'accueil avec réception, salons et bar, et
ses 130 chambres et suites. L'un, Jean Quesneville, est parisien et est le décorateur
attitré de l'enseigne ; l'autre, Daniel Collonge, est marseillais et a été chargé
d'apporter une touche provençale au choix des matériaux et des couleurs.
D'emblée, le voyageur est saisi par la beauté de la rade marseillaise qui ne le quittera
plus : à l'extérieur les haies, qui voilaient le panorama, ont été sacrifiées et du
boulevard, surplombé par le Fort Nicolas, quatre volées d'escaliers de pierres blanches,
évoquant les falaises de calcaire des calanques voisines, mènent à l'entrée de
l'hôtel en laissant le regard chavirer sur la mer.
Le Sofitel a également refait la décoration de ses trois suites, chacune d'elles
étant personnalisée, l'une façon appartement de luxe, l'autre façon suite de paquebot,
la troisième façon mas des garrigues (notre photo avec Domenico Basciano, le directeur
du Sofitel).
Dans un bateau de luxe
Un carrousel géant, aux vitres galbées et au laiton doré, permettent à trois hôtes
d'entrer de front en franchissant une mo-saïque de carreaux de Salerne : du brun mais
aussi du bleu pour la mer et du jaune pour le soleil, deux couleurs symboles qui,
rehaussées par du vert et du rouge façon provençale, vont se décliner dans toute la
décoration intérieure. Toujours entre terre et mer, entre voyage au long cours et retour
au cocon de la riche bastide familiale.
Dans l'immense hall, dallé de grès du Languedoc entrecoupé de pierre de Bourgogne, le
regard s'évade encore vers le Vieux Port : au fond, les cloisons qui séparaient la
réception du bar ont été abattues pour que la rade de Marseille reste omniprésente. Et
les huit piliers de merisier blond ornés de laiton doré qui rythment le parcours
évoquent l'ambiance intérieure d'un bateau de luxe.
Dans le hall, dallé de grès du Pays d'Oc et de pierres de Bourgogne, 250 spots
sont encastrés dans le plafond.
De chaque côté de l'allée centrale qu'ils dessinent, des petits coins salons offrent
aux passagers un confort à la fois bourgeois et convivial : les fauteuils et canapés,
habillés de tissus Pierre Frey et Lelièvre, mélangent volontairement les styles
(contemporain, anglais, Louis XV, Louis XVI, Directoire, Napoléon, Régence...), et les
tapis évoquent le foisonnement des objets ramenés dans leurs demeures par les
négociants marseillais.
Des colonies exotiques à la placette provençale...
On parvient ainsi à l'immense desk de la conciergerie-réception, fait de marbre noir
de Carrare et de granit rouge de l'Himalaya. Une fresque originale peinte par Zuber y
évoque les colonies et les voyages avec chameaux, éléphants et bateaux, tandis qu'en
face une fontaine de pierres blanches avec deux gargouilles en tête de Bacchus, posée
sur un cercle de petits pavés de terre cuite, nous ramène à la Provence.
Entre les deux, le Vérandha bar et ses larges baies vitrées ouvertes sur la mer, ses
rambardes de fer forgé, son bois d'acajou, ses lampes en laiton doré, sa moquette bleue
parsemée de roses des vents, descend sur deux niveaux pour assurer une intimité
feutrée, style carré de bateau, que l'on retrouve jusque dans les ascenseurs.
Aux étages, on retrouve le même mariage des thèmes du voyage et du retour : des
tableaux évoquent des scènes de mer et de ports ; maquettes de voiliers sont posées sur
des consoles de demeure bourgeoise et l'on foule une épaisse moquette à dominante bleue
dans les couloirs tapissés de jaune, façon rayures ou façon fleurettes.
Mais dans les chambres, où l'on retrouve les mêmes harmonies et dont la moitié ouvrent sur la mer, parfois avec terrasses, l'aspect traditionnel du mobilier très simple et des cotonnades provençales vont de pair avec des installations techniques ultra modernes : télévision interactive avec accès vidéo, système de téléphonie avancé permettant d'affecter une ligne directe à chaque chambre, prise modem, système de climatisation individuelle quatre tubes... Histoire de voyager aussi dans la modernité.
Ambiance carré de bateau pour le bar.
L'HÔTELLERIE n° 2565 Magazine 11 Juin 1998