Laissant derrière lui la gare, le train de la Cie internationale des Wagons Lits amorce la grande boucle pour emprunter le pont métallique mobile. Il longe la falaise, passe devant le groupement de pompier et s'engage dans le tunnel avant de se risquer sur un aqueduc impressionnant. Le parcours sinueux d'une cinquantaine de mètres ne saurait être bouclé avant un dernier passage à l'entrepôt, situé au milieu de la salle. Ce trajet s'effectue quotidiennement au "Au Temps de la Vapeur", nouveau restaurant nantais tenu par Alain Tribonot et sa fille, Isabelle.
Pour faire circuler ces autorails, locomotives et autres wagons entre les quarante-huit couverts, il faut une bonne dose de patience et un enthousiasme à toute épreuve. Il faut être un passionné, à l'image d'Alain Tribonot. Amoureux des maquettes de trains depuis sa plus tendre enfance, il a mis environ huit mois pour réaliser ce décor. "Lorsque l'on a de belles choses chez soi, on a envie de les montrer au plus grand nombre", explique le propriétaire, qui, non content de proposer un voyage inédit à ses clients (il les fait circuler grâce à des télécommandes), pousse le détail à l'extrême : les murs s'ornent de peintures rendant hommage à l'activité ferroviaire et de lampes à pétroles "provenant d'un ancien réseau", le passe-plat accueille une véritable lanterne de locomotive, des répliques de lampes du Trans-Orient-Express habillent l'ensemble des tables et la vaisselle est frappée du logo du Temps de la Vapeur, une locomotive. Sans oublier bien entendu la passerelle métallique rouge, passage obligé pour pénétrer dans la salle et enjamber la voie ferrée réalisée au 1/43ème.
Menus Jeune voyageur, 1ère Classe, etc.
Les menus se mettent également au diapason. Le client peut ainsi déguster un menu
Jeune voyageur (50 F.), un menu Classe affaire (115F), un menu 1ère classe à 140 F et
une carte allant de 120 à 140 F. Sortie tout droit de l'Ecole hôtelière d'Orvault,
Nathalie propose une cuisine axée sur les poissons et intégrant largement les épices.
Outre une clientèle d'affaires le midi et familiale le soir, "Au Temps de la
Vapeur" accueille logiquement une clientèle d'amateurs... de trains. Car en plus
d'être original, ce décor demeure tout à fait exceptionnel. "La vingtaine de
voitures que vous voyez ici, vous ne les trouvez pas chez les marchands, souligne
Alain Tribonot. Chaque maquette relève à 50% de mon travail et à 50% de celui de
l'artisan qui me vend quelques morceaux comme le toit". A titre d'exemple, les
voitures sont toutes montées sur suspension, les aiguillages sont construits sur mesure,
les attelages sont à vis, le pont en laiton soudé à la main, etc.
L'ensemble de la rénovation du restaurant a nécessité quelque 800.000 F (l'espace a
été entièrement refait à neuf par Alain Tribonot). Mais cet investissement ne tient
pas compte des maquettes. Et lorsque l'on sait qu'un seul wagon coûte jusqu'à 3.500 F
l'unité, on prendra le chiffre cité plus haut avec précaution. Il faut être
passionné...
Alain Tribonot, amoureux des maquettes de trains depuis son enfance, a mis
environ huit mois pour réaliser ce décor.
L'HÔTELLERIE n° 2568 Magazine 2 Juillet 1998