Ainsi, en voisin, Raymond Duyck, P.-dg, a-t-il
signé
un accord de distribution exclusive en France de trois produits de la brasserie belge
wallonne Du Bocq. Il s'agit de la Blanche de Namur, de la Saint-Benoît et de la Triple
Moine, des bières de spécialité bien sûr. L'accord ne vise que la grande distribution,
et singulièrement le marché nordiste où Duyck est fortement implanté avec la Jenlain.
Les produits de Du Bocq, avant tout sa bière de base la Gauloise, sont toutefois déjà
vendus en France en CHR par le biais de grossistes spécialisés. Cet accord est à charge
de réciprocité, Du Bocq distribuant la gamme Duyck en GMS dans le Benelux. Les deux
brasseries sont de taille et de culture comparables, 60.000 hl/an pour Du Bocq, près de
100.000 hl pour Duyck, toutes deux familiales, toutes deux engagées dans les
spécialités et un marketing dynamique.
Une bière vendue sous label bio
Les derniers lancements de produits de Duyck sont clairement dirigés vers les
linéaires d'hypermarchés. C'est le cas du petit dernier de la maison, la Fraîche de
l'Aunelle. Il s'agit d'un nouveau produit «terroir», une bière vendue sous label bio.
Toutefois, Raymond Duyck nous indique engager prochainement des essais en fûts. De plus,
«un contenant consigné n'est pas à exclure», précise-t-il. On l'attend avec
d'autant plus d'impatience que le produit sort de l'ordinaire. La Fraîche de l'Aunelle
est vendue dans le même verre clair transparent que la Sebourg, la soeur blonde de la
Jenlain, sous étiquette à fond crème et lettrage bleu marine. Tout est ici inhabituel
dans le monde de la bière. Les produits de base, malt d'orge et de blé belges, houblon
allemand et eau de l'Avesnois garantissent le label bio AB. C'est une bière riche en
levure, non filtrée donc naturellement trouble et refermentée en bouteille, très
colorée, ce qui justifie le verre transparent, achevée après quarante jours de garde.
Peu sucrée, cette «bière fermière» titre 5,5° d'alcool et est garantie peu
calorique. Des arguments à faire valoir dans un restaurant ou un bar à thème.
Rappelons aussi que Duyck a mis sur pied une politique spécifique en direction des CHR
avec son réseau «d'ambassadeurs» (des CHR qui savent vendre ses produits), et a créé
à Lille un premier Café Jenlain qui fait bonne carrière au coeur de la ville.
Toutefois, il faut bien reconnaître qu'aux yeux des brasseurs, grands ou petits, le
marché CHR manque relativement de dynamisme. Et le fait est patent dans toute l'Europe
occidentale. Raison de plus pour remettre en question le savoir vendre et servir la bière
au comptoir ou à table.
L'HÔTELLERIE n° 2568 Magazine 2 Juillet 1998