Matériau naturel et vivant, le bois peut se vanter
d'apparaître comme un décor mural qui ne lasse pas. Apparu au cours du Moyen-Age sous
forme de lambris, il n'a cessé au cours des siècles de séduire, tant pour ses qualités
esthétiques que ses autres atouts. Pêle-mêle, il diminue les nuisances acoustiques,
isole du froid et de la chaleur, préserve de l'humidité, joue habilement les
«cache-misère», s'entretient facilement et garantit une durée de vie presque sans fin.
Autrefois, alors que les techniques de construction n'étaient pas aussi perfectionnées
qu'aujourd'hui, les boiseries, montées sur tasseaux, étaient utilisées pour leurs
capacités isolantes et plus secrètement, pour masquer des cachettes. Au XVIIIème
siècle, tandis que certaines classes sociales s'enrichissaient largement, elles se sont
considérablement développées. Jusque-là réservées aux châteaux et nobles demeures,
les boiseries sont alors apparues dans les demeures bourgeoises. Renommés pour leur
habileté, les menuisiers de Paris fabriquaient leurs boiseries à partir de panneaux
maintenus par des cadres en saillie nécessitant la confection de moulures. Ces dernières
ont été alors le prétexte à des décors plus ou moins sophistiqués, allant de la
simple baguette aux motifs somptueusement sculptés et au véritables chefs-d'oeuvre.
Les boiseries ne se sont jamais démodées même si au cours du XIXème siècle elles ont
été pastichées en plâtre, carton-pierre et staff. Aujourd'hui, la tendance «retour
aux vraies valeurs» remet à l'honneur le bois dans ses diverses applications. Et ce avec
d'autant plus de liberté que les boiseries s'adaptent aussi bien aux intérieurs
contemporains que classiques. De l'ébénisterie d'époque au placage moderne, elles
créent, pour de très nombreuses années, des atmosphères chaleureuses empreintes
d'authenticité.
Bois massif et panneaux d'ébénisterie
De nos jours, trois possibilités sont offertes. La plus prestigieuse consiste à
s'adresser à un antiquaire qui, avec un scrupuleux respect, adapte des boiseries
d'époque aux mesures de la pièce.
La deuxième éventualité est de faire appel à un menuisier-ébéniste particulièrement
exercé. Il saura réaliser sur mesures des reproductions inspirées de modèles anciens.
Enfin, la troisième possibilité offre le mérite d'être beaucoup plus abordable. Il
s'agit d'utiliser des panneaux de placage aux mesures préétablies. Les dimensions
existantes sont suffisamment nombreuses pour s'adapter à tous les locaux et permettre les
effets décoratifs les plus variés.
«Les boiseries transmettent une note réconfortante et sécurisante à une pièce,
explique Vincent Garreta, directeur commercial chez Marotte, fabricant de panneaux
décoratifs en bois. Malheureusement, les boiseries en bois massif ne sont réservées
qu'aux budgets importants. En revanche, la mise en oeuvre de panneaux d'ébénisterie rend
le bois beaucoup plus accessible.» Destinés au revêtement des murs, plafonds (avec
perforations étudiées pour augmenter les qualités acoustiques), portes et mobilier, les
panneaux d'ébénisterie sont fabriqués par collage d'une feuille de bois naturel
(appelée placage) sur un support choisi en fonction de la destination des panneaux
(aggloméré, contreplaqué, latté, etc.).
Des effets décoratifs intenses
«En France, reprend Vincent Garreta, le bois reste peu utilisé,
contrairement à d'autres pays (pays nordiques, Japon, Etats-Unis) où il fait partie
intégrante de la construction et de la décoration. Et pourtant, outre ses qualités
d'isolation, le bois offre une grande variété d'effets esthétiques. Sa première
richesse réside dans sa palette d'essences. Chaque arbre étant unique, il donne une
couleur et des dessins bien spécifiques. On obtient alors des panneaux aux décors
originaux et uniques. De plus, pour personnaliser un lieu, il est possible de réaliser en
marqueterie de véritables chefs-d'oeuvre à des prix tout à fait abordables. On peut
ainsi imaginer une fresque pour égayer un hall d'accueil, reproduire le logo d'une
chaîne, les armoiries d'un lieu chargé d'histoire ou bien d'autres idées de décors
exclusifs qui donneront un cachet et une signature uniques à un établissement.»
Autrefois, les boiseries étaient peintes, surtout en blanc, souvent rehaussées.
Aujourd'hui, plus simplement, de jaune, vert, bleu... A l'aide de réchampis, filets,
contrefonds, il est donc possible d'imaginer des décors à deux teintes. Plus délicat à
réaliser, mais plus charmeur, le décor à trois tons commence à s'imposer lentement.
Cependant, le retour aux vraies valeurs de notre époque entraîne une forte poussée du
bois naturel, surtout si moulures et sculptures sont taillées dans du beau chêne massif.
Autre vogue encore très actuelle, le cérusé qui donne au bois un aspect très
séduisant. Convenablement utilisé, cet enduit dessine en blanc les veinures, donnant
ainsi plus de présence et une pâleur d'un charme infini.
Mais attention, le bois naturel absorbe la lumière. Si le lieu est exigu ou sombre, une
boiserie mal adaptée rendra l'atmosphère étouffante. Certaines petites pièces peuvent
cependant gagner à se parer de boiseries ornées de moulures verticales. Les lignes en
hauteur ainsi tracées créent de la profondeur en perspective et donnent l'illusion
d'agrandir l'espace.
Une pièce entière en boiserie, c'est peut-être trop. Il est alors possible de limiter
le décor à un seul mur. Cela suffira à donner à la pièce du caractère et, en
fonction du bois choisi, une teinte jaune (chêne) ou rouge (bois exotique) qui se
reflétera subtilement sur les autres murs.
Enfin, dans une pièce parée de bois, l'éclairage doit être étudié afin d'apporter
suffisamment de lumière et mettre en valeur l'aspect décoratif de la boiserie.
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L'HÔTELLERIE n° 2581 Magazine 1er Octobre 1998