Par Nadine Lemoine
Une immense verrière surplombe les deux niveaux du restaurant.
L'entrée
photographies en noir et blanc et vitrine avec livres et vaisselle signée Terence Conran.
La salle de restaurant
banquettes de velours rouge, tables rondes et nappes blanches ou carrées style bistrot.
Terence Conran, celui que la presse a baptisé le grand manitou de la décoration ou le pape anglais du design fait donc son entrée sur le marché français. Une entrée d'autant plus remarquée que le créateur d'Habitat (qu'il revendit ensuite) est déjà, à Londres, à la tête de 13 restaurants, qui en font également l'un des chefs de file de la restauration outre-Manche. Son arrivée à Paris, attendue ou redoutée, est l'un des événements de cette fin d'année. Son quatorzième restaurant a ouvert ses portes le mois dernier à l'enseigne de L'Alcazar. L'Alcazar comme le célèbre cabaret de Jean-Marie Rivière qui connut ses heures de gloire en ce même lieu, au 62 rue Mazarine, en plein cur de la capitale.
A l'origine de ce projet, un Français, Michel Besmond, actuel directeur général de L'Alcazar. A New York et à Londres, il découvre ces mega-restaurants à succès combinant un vaste espace, une ambiance décontractée, une décoration contemporaine tendance branchée, un service accueillant et une cuisine simple à partir de très bons produits. "Un restaurant de ce type, une brasserie moderne, manquait à Paris, déclare Michel Besmond. J'ai travaillé le dossier et trouvé le lieu, puis j'ai cherché des financiers." Et c'est Terence Conran qui le premier a donné son aval. "Il y a plein de bons restaurants avec de jeunes chefs de talent avec un prix moyen entre 200 et 300 F, mais notre concept demande un grand investissement : 25 MF pour les travaux et l'aménagement et 5 MF pour les frais de pré-ouverture."
L'Alcazar (en location), c'est une immense brasserie de 1 200 m2 sur deux niveaux. Dès l'entrée, au rez-de-chaussée, le ton est donné : art et art de vivre ne font qu'un. Sur votre gauche, sont exposées de superbes photos en noir et blanc réalisées par la photographe Noëlle Hoeppe (d'autres artistes suivront) ; à droite, une grande vitrine accueille des livres, des bouteilles de vins, de la vaisselle (en vente), le tout signé Terence Conran. Au bout de cette mini-galerie, la salle de restaurant avec une capacité de 200 couverts. Le plafond ? Une immense verrière qui permet de voir le ciel et de profiter d'une lumière naturelle. Pour le soir ou lorsque les nuages sont de la partie, un système préréglé de spots varie en intensité pour conserver une luminosité agréable. Au centre de la pièce, comme flottant dans les airs, un énorme vase (« inspiré du nez de l'avion du général Alcazar dans Tintin ») contenant un bouquet géant signé Christian Tortu, l'un des plus grands fleuristes parisiens. Murs blancs, mais agrémentés de dessins de Sem. Le mobilier ? Signé Terence Conran bien sûr. Des tables carrées en bois brut épais, esprit bistrot, s'accordent sobrement avec de très longues banquettes confortables de velours rouge. Des tables rondes aussi, nappées de blanc, avec des chaises en métal de couleur noire. Sur les tables, quelques petits vases en caoutchouc avec des bouquets discrets. Pour la vaisselle, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, Terence Conran a dessiné les assiettes, verres et couverts. Sobriété oblige, les assiettes blanches portent juste le logo bleu du restaurant « A-Z », tout comme les verres. Sur le côté gauche de la salle, la cuisine vitrée, où l'on voit la brigade (35 cuisiniers) s'affairer aux fourneaux. Au fond du restaurant, également à la vue des clients, le banc d'écailler.
Au bar, une petite restauration présentée dans des plateaux de bois clair.
Pour rejoindre le premier étage, un grand escalier aux couleurs vives peint par Javaid
Alvi. Il mène au bar, en mezzanine. Le bar, en zinc ciré, mesure 17 m de long. Dans cet
espace qui surplombe la salle de restaurant, l'on trouve aussi de petites tables rondes en
bois blond avec des chaises aux teintes brunes et noires, mais aussi de petites banquettes
ornées de coussins de velours rouge, vert ou marron. Ici, une petite restauration est
proposée, pour manger rapidement ou légèrement. Le "bar" peut accueillir 90
personnes. En face, le salon privé, entièrement vitré, coupé du bruit mais pas de la
vue sur le bar ou sur la verrière, possède une très longue table rectangulaire de bois
brut autour de laquelle 28 personnes au maximum peuvent s'attabler. Au mur, une
"fresque" en carrelage réalisée par Ian Bilbey et Webna Chowdhary de la Royal
School of Art de Londres. Détail cosy, une cheminée aux lignes résolument modernes orne
cette pièce. Depuis l'ouverture, le salon privé fait le plein midi et soir. Un mois
complet de réservations fermes. Pour le restaurant, 3 jours. Le restaurant connaît un
démarrage en fanfare : 500 couverts/jour.
"Chaque jour, on refuse 400 personnes en moyenne", précise Michel
Besmond. Les curieux se pressent pour découvrir les lieux. Le groupe Conran n'a
officiellement aucun autre projet en France à l'étude actuellement. Les résultats de
L'Alcazar seront, eux, étudiés de près. A suivre.
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L'Alcazar en chiffresOuverture : 7 jours sur 7, toute l'année |
L'HÔTELLERIE n° 2590 Magazine 3 Décembre 1998