Que peut-on imaginer de plus extraordinaire qu'un
rêve qui se réalise ? Le bonheur est un moment fragile dit pourtant la sagesse
populaire. Mais lorsqu'il s'inscrit dans la réalité et la durée, quand il trace
l'avenir désiré, quand son expression reflète des portes grandes ouvertes et des
projets plein la tête, le bonheur, ce bonheur-là, devient une force.
Le jeudi 26 novembre 1998, ce trajet d'émotion allant de la crainte à l'éloquence, du
doute à la vigueur, se lisait clairement sur le visage et dans les gestes de Pierre
Francoual. Un peu comme un gamin qui verrait enfin le père Noël. Son rêve à lui était
en train de se concrétiser dans l'arrière-salle d'un café gorgé d'amis et d'inconnus.
Incongru ? Non. Une fête. L'homme vivait ça avec tellement de simplicité et de naturel
que la moindre poignée de main entraînait chez l'autre des signes d'encouragement et de
partage. C'est vrai, il recevait comme il avait l'habitude de le faire, comme il allait
encore le faire des années durant. A la différence près que désormais il serait
patron.
Pierre Francoual est en effet le septième vainqueur du grand concours Perrier. Un jeu
destiné aux serveurs et aux serveuses de tous les cafés, brasseries et restaurants de
France permettant à l'ultime gagnant de remporter un chèque d'un million de francs à
valoir sur l'achat d'un établissement. 1 000 000 F. Un chiffre à six zéros. Le début
d'une carrière à portée de main.
Les Jardins de l'Opéra
Lors de la remise officielle du prix, au MH Café de Toulouse, Pierre se souvient.
"On m'a téléphoné. Quelqu'un m'appelait de la société Perrier."
Pierre s'interrompt et regarde alors en direction du joueur de rugby Philippe Sella et de
l'homme qui discute avec lui. Instinctivement, il leur adresse un signe de la main. "C'était
Monsieur Salvage, reprend-il. Vous voyez, c'est le grand monsieur qui parle avec
Philippe Sella. Je ne savais pas qui c'était. Et puis quand il m'a dit que j'étais le
gagnant 98, je n'y ai pas cru. Il m'a laissé et m'a dit de le rappeler. Mais j'ai d'abord
appelé notre entrepositaire pour savoir si ce Monsieur Salvage existait réellement. Je
n'y croyais pas. Je pensais à une blague jusqu'à ce qu'on me dise que Didier Salvage
était bien le directeur CHD de Perrier-Vittel France, que le numéro de téléphone
était bien celui de la maison mère et qu'à l'autre bout du fil, ce n'était pas une
farce." Pierre, une coupe de champagne à la main, récit à peine terminé,
recommence l'histoire de plus belle pour d'autres curieux. Les yeux pétillent.
Sur l'estrade du MH Café, un chanteur de l'opéra de Toulouse, accompagné d'un
guitariste, parcourent le répertoire basque. Certains reprennent en cur dont
Santamans, médecin de profession, passionné de rugby, ancien rugbyman lui-même et
patron, avec Patrick Tépé, du MH Café. Ils ont repris l'affaire depuis peu et le
chèque de 200 000 F, qui est traditionnellement offert par Perrier au café dans lequel
travaille le gagnant, tombe à pic. Ce chèque doit être utilisé selon les clauses du
jeu pour rafraîchir, redécorer ou effectuer des travaux dans l'établissement.
L'affaire, située sur la place du Capitole, va pouvoir accélérer le programme
d'aménagement prévu. Les patrons veulent en faire un bar musical, un endroit de fête.
Le prix est de bon augure.
Vers une heure du matin, alors que chacun profite avec gourmandise du buffet installé
dans le fond du bistrot, que les tables improvisées montrent qu'il est facile de lier
connaissance quand l'atmosphère est à la détente, le couple Toulousy se mêle
discrètement aux invités. Pierre n'en croit pas ses yeux. Ils sont venus. Pour lui, les
Toulousy sont "des gens uniques, de fabuleux professionnels". Il ajoute :
"Je leur dois beaucoup, j'ai appris à aimer le métier à leurs côtés."
Pendant huit ans, il a revêtu l'habit de maître d'hôtel aux Jardins de l'Opéra... Et
c'est à eux qu'il accorde la primeur de l'information : "Je vais ouvrir un
restaurant." Et l'émotion devint fête.
MM. Tépé, Francoual, Salvage et Santamans au moment de la remise officielle du
chèque.
Philippe Sella, rugbyman international et recordman mondial des sélections,
figurait parmi les invités de cette sympathique soirée.
Les patrons du MH Café bénéficient quant à eux d'un chèque d'un montant de 200
000 F.
Le concoursDes milliers de serveurs et serveuses participent depuis sept ans au concours
Perrier-Vittel-San Pellegrino (et Fu). Le principe est simple : il faut collecter les
capsules de chacune des marques et les retourner à la société par série de 50. Le
concours est attractif puisque 6,6 millions de capsules ont été récoltées en 1997.
Chaque envoi est assorti d'un chèque cadeau d'une valeur de 50 F. Ajoutez à cela des
tirages au sort hebdomaires et mensuels qui permettent de gagner différents lots comme
des chaînes hi-fi, des camescopes, des téléphones portables, etc. Ils sont désormais
sept gagnants à avoir empoché, lors de l'utime tirage au sort (toutes les enveloppes
sont alors remises en jeu pour ce tirage) le « chèque final » d'un montant porté
actuellement à |
L'HÔTELLERIE n° 2595 Magazine 7 Janvier 1999