Toulouse, ou plus
exactement Boulogne-sur-Gesse, au sud du département de la Haute-Garonne où il est né
en 1948, Paris et le Canada. Les Etats-Unis enfin dès 1971 puis 1981 pour une
installation définitive : voilà pour le parcours.
Des grands-parents "bistrots", un père agriculteur, Christian Delouvrier n'a
pas tardé à choisir sa voie. Ecole hôtelière de Toulouse à 15 ans et, très jeune, le
virus des voyages qui le mène au Canada (Saint-Amable à Montréal) et aux Bahamas (Kings
Inn Hotel). Une première fois aux Etats-Unis aussi (Château Richelieu et Windows of the
World), avant un retour en France en 1978, chez Alain Senderens qui le... renvoie à New
York au restaurant Maurice de l'hôtel Parker Méridien. Cette fois, Delouvrier ne
repartira plus.
"Je n'ai jamais été réellement tenté de m'installer en France, car je pense
que l'on peut arriver à faire très bien son métier aux Etats-Unis. Depuis mon arrivée
j'ai vu une très nette évolution."
Désormais salarié du Saint-Regis Hôtel, l'un des plus beaux établissements
new-yorkais, Christian Delouvrier a, un temps, envisagé de devenir son propre patron. Le
destin en a décidé autrement : institutrice à New York, son épouse n'a jamais pu se
résoudre à quitter son emploi. "Or la meilleure associée c'était elle. Mais si
je suis salarié, j'ai mon indépendance."
Revenir en France ? Il n'y pense plus, pour travailler s'entend. "Il faut être
honnête, maintenant c'est trop tard. Je n'ai pas oublié la France qui est le pays de mes
vacances et sera celui de ma retraite... mais j'ai de bonnes conditions de travail ici."
De bonnes conditions donc. Et une réussite certaine, avec ce challenge de reprendre les
quatre étoiles "abandonnées" par Gray Kunz qui a quitté Lespinasse en juin
1998. "Nous avons rouvert en octobre et les étoiles sont arrivées deux mois plus
tard (1). J'en suis très fier. Ici, je me sens un vrai ambassadeur de la cuisine
française aux Etats-Unis. Je la fais avec les bases apprises en France et qu'il est hors
de question de renier..."
(1) Jean-Georges Vongerichten et Eric Ripert sont également à ce niveau que devrait retrouver Daniel Boulud dans son nouveau Daniel...
Ici, je me sens un vrai ambassadeur de la cuisine française.
L'HÔTELLERIE n° 2603 Magazine 4 Mars 1999