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Lespinasse au Saint-Régis

Au bonheur de Delouvrier

Maître cuisinier de France, membre de l'Académie culinaire de France, lauréat du prix Prosper Montagné, Christian Delouvrier a récolté son plus beau titre de gloire le 2 décembre 1998 lorsqu'il s'est vu attribuer quatre étoiles dans le New York Times. Succédant à Gray Kunz, déjà classé au sommet, le challenge n'était pas évident.

Par Jean-François Mesplède

Toulouse, ou plus exactement Boulogne-sur-Gesse, au sud du département de la Haute-Garonne où il est né en 1948, Paris et le Canada. Les Etats-Unis enfin dès 1971 puis 1981 pour une installation définitive : voilà pour le parcours.
Des grands-parents "bistrots", un père agriculteur, Christian Delouvrier n'a pas tardé à choisir sa voie. Ecole hôtelière de Toulouse à 15 ans et, très jeune, le virus des voyages qui le mène au Canada (Saint-Amable à Montréal) et aux Bahamas (Kings Inn Hotel). Une première fois aux Etats-Unis aussi (Château Richelieu et Windows of the World), avant un retour en France en 1978, chez Alain Senderens qui le... renvoie à New York au restaurant Maurice de l'hôtel Parker Méridien. Cette fois, Delouvrier ne repartira plus.
"Je n'ai jamais été réellement tenté de m'installer en France, car je pense que l'on peut arriver à faire très bien son métier aux Etats-Unis. Depuis mon arrivée j'ai vu une très nette évolution."
Désormais salarié du Saint-Regis Hôtel, l'un des plus beaux établissements new-yorkais, Christian Delouvrier a, un temps, envisagé de devenir son propre patron. Le destin en a décidé autrement : institutrice à New York, son épouse n'a jamais pu se résoudre à quitter son emploi. "Or la meilleure associée c'était elle. Mais si je suis salarié, j'ai mon indépendance."
Revenir en France ? Il n'y pense plus, pour travailler s'entend. "Il faut être honnête, maintenant c'est trop tard. Je n'ai pas oublié la France qui est le pays de mes vacances et sera celui de ma retraite... mais j'ai de bonnes conditions de travail ici."
De bonnes conditions donc. Et une réussite certaine, avec ce challenge de reprendre les quatre étoiles "abandonnées" par Gray Kunz qui a quitté Lespinasse en juin 1998. "Nous avons rouvert en octobre et les étoiles sont arrivées deux mois plus tard (1). J'en suis très fier. Ici, je me sens un vrai ambassadeur de la cuisine française aux Etats-Unis. Je la fais avec les bases apprises en France et qu'il est hors de question de renier..."

(1) Jean-Georges Vongerichten et Eric Ripert sont également à ce niveau que devrait retrouver Daniel Boulud dans son nouveau Daniel...


Ici, je me sens un vrai ambassadeur de la cuisine française.

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L'HÔTELLERIE n° 2603 Magazine 4 Mars 1999

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