1, 2, 3, 4, 5...
Vous pouvez vérifier. Le compte y est. Les 32 maillots des équipes qui ont participé
l'an dernier au Mondial sont accrochés en bonne place dans l'établissement. Il est vrai
que le ballon rond tient le haut de l'affiche dans ce pub marseillais. Un club de foot a
même été fondé il y a deux ans par les copains du O'Brady's : le Celtic Irish Club,
composé de Marseillais et d'Anglo-Saxons. Mais ne croyez pas que le O'Brady's soit
l'antre des seuls supporters de Blanc ou Dugarry. Tous les sports sont à l'honneur. Pour
preuve, cette bicyclette suspendue près de l'entrée et une multitude d'objets ou de
photos liés au tennis, au rugby, au volley, au hockey...
A ce plébiscite sportif s'ajoute une forte identité irlandaise. Co-propriétaire de
l'établissement avec Laurent Grégori, Jean-Luc Bardy est un amoureux de l'Irlande. Il y
a vécu et il a rapporté de là-bas un goût prononcé pour les pubs chaleureux dans
lesquels toutes les générations se retrouvent. Lorsque cet ancien élève de lycée
hôtelier s'est senti capable de tenir sa propre affaire, c'est tout naturellement dans la
création d'un pub irlandais qu'il s'est lancé. Un pari relativement audacieux à
Marseille, où le concept semblait jusque-là peu enclin à se développer.
Cohérence
Qu'est-ce qui fait le succès du O'Brady's ? L'ambiance bien sûr. Mais une ambiance
cohérente avec le décor. Un personnel cohérent avec la clientèle. Le caractère à la
fois chaleureux du bois et l'esprit sportif de l'enseigne inspirent une certaine
décontraction. Une première salle (avec cheminée en activité l'hiver) qui ouvre sur un
bar en angle. Sur la droite et dans le prolongement, une autre salle. Plusieurs écrans de
télévision permettent de suivre à toute heure l'information et l'événement. Si
l'entrée offre une très belle hauteur de plafond, le reste de l'établissement joue les
décrochements. Espaces, recoins, banquettes, tabourets solitaires, grandes tables et
comptoir sont à portée de verre. Les clients passent volontiers d'un siège à l'autre.
Il n'y a pas, ici, cette retenue instinctive qui vous installe à une place une fois pour
toutes.
Côté boissons, la bière arrive en tête des ventes. On est dans un pub et les tirages
de Guinness et de Kilkenny tournent à plein régime. On peut aussi manger des lasagnes et
quelques plats gourmands annoncés sur une ardoise. On peut évidemment jouer aux
fléchettes des heures durant et la cloche, qui annonce la fermeture proche outre-Manche,
appartient aux rituels du O'Brady's .
Les patrons de cette adresse marseillaise savent néanmoins que la clientèle,
aujourd'hui, se lasse vite. Seul moyen de s'assurer leur fidélité : les soirées à
thème, les animations. Qu'en pensent les voisins ? Rien, puisque l'établissement se
tient dans une maison indépendante. Un "plus" important, voire essentiel, pour
la pérennité du lieu.
Un état d'esprit
"Nous voulions nous installer dans un axe situé entre le rond-point du Prado et
le vélodrome, nous voulions être éloignés du centre afin que les gens viennent pour
l'établissement et non par hasard. Nous n'avons pas cherché à capter une clientèle
touristique mais celle des Marseillais qui aiment la culture anglo-saxonne et le sport ",
commentait Jean-Luc Bardy dans nos colonnes l'an dernier.
L'objectif a été atteint et c'est dans l'état d'esprit des patrons, dans un
professionnalisme jeune et rythmé, dans une vision différente et contemporaine du
bistrot que s'inscrit l'avenir du O'Brady's. L'Irlande à Marseille, entre copains, sans
oublier Midi Olympique et L'Equipe...
Jean-Luc Bardy, un des deux patrons du pub irlandais de Marseille.
L'équipe de foot du O'Brady's.
L'HÔTELLERIE n° 2603 Magazine 4 Mars 1999