Satisfaits les
vignerons des coteaux d'aix ? Sans doute puisque la récolte 1998 atteint les 160 000
hectolitres et que les stocks, à la fin août, étaient en baisse de 22 000 hectos par
rapport à 1997 à la même date. L'appellation vend tout ce qu'elle produit, voire un peu
plus. Signe de sa bonne santé. Sans parler d'euphorie (les cours du vrac remontent
toutefois de manière significative), c'est un marché stable et serein qui aborde la fin
du millénaire dans ce coin de Provence.
Les coteaux d'aix-en-provence ne produisent pas d'importants volumes. Tant mieux pour la
restauration qui profite ici d'une appellation particulièrement intéressante en rouge.
La couleur de l'avenir, si on se base sur la demande grandissante qui entoure les vins
rouges, tant à l'export que sur le marché français. Le french paradoxe, encore et
toujours.
Ces rouges (comme les rosés d'ailleurs) sont issus du grenache, "grand cépage
provençal", mais aussi de syrah, cinsault, cournoise, mouvèdre (ces cépages ne
peuvent, quant à eux, dépasser 40 % de l'encépagement), de cabernet-sauvignon et de
carignan (leur utilisation est plafonnée à 30 % de l'encépagement). "Atouts
incontestés de l'appellation", reconnaît le syndicat, ces vins sont élaborés
par "vinification traditionnelle avec foulage préalable". "Les
temps de macération, ajoute-t-on, sont de 4 à 10 jours suivant les cépages et
les types de vins recherchés."
S'il est toujours très difficile d'aborder un vin dans sa grande généralité, les
commentaires de dégustation s'accordent toutefois sur un "nez puissant, bien
développé et charnu" et une bouche "ample" dès les premières
années du vin. "Après deux à six ans de vieillissement en cave", les
rouges se caractérisent alors par une franche persistance aromatique. Charpente et
harmonie en somme. "Notre terroir est fait pour les rouges", confirment
d'ailleurs haut et fort plusieurs vignerons de l'appellation, songeant notamment aux
coteaux varois, dont les sols bénéficient davantage aux rosés. Amateurs de rouge, la
visite aux portes d'Aix-en-Provence s'impose.
Le vignoble s'étend au pied des Alpilles.
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Cave Les Vignerons du Roy René, Route Nationale 7, 13410 Lambesc, Tél. : 04 42 57 00 20.
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Cellier des Quatre Tours, RN 96, 13770 Venelles, Tél. : 04 42 54 71 11.
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Château de Beaulieu, 13480 Rognes, Tél. : 04 42 50 13 72. Un domaine de 150 hectares et
un nom déjà bien implanté aux Etats-Unis.
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Château Beaupré, cave Plantades, Route Nationale 7, 13760 Saint-Cannat, Tél. : 04 42 57
33 59. Une valeur sûre pour de nombreux restaurateurs.
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Château des Gavelles, chemin Maliverny, 13540 Puyricard, Tél. : 04 42 92 06 83. James de
Roasny, qui a repris le domaine en 1992, a replanté, rénové, construit. Il cherche les
tout petits rendements et sa production mérite le détour.
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Château de Fonscolombe, 13610 Le Puy-Sainte-Réparade, Tél. : 04 42 61 89 62. Premier
opérateur de l'appellation, de grands vins mais pas de bois pour les rouges. Ajoutez ici
un impressionnant domaine dans la vallée de la Durance.
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Château La Coste, départementale 14, 13610 Le Puy-Sainte-Réparade, Tél. : 04 42 61 89
98. Le propriétaire est le président des caves particulières des Bouches-du-Rhône.
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Château de Romanin, 13210 Saint-Rémy-de-Provence, Tél. : 04 90 92 45 87. Ce domaine
géré selon les préceptes de la biodynamie, appartient à Jean-André Charial,
petit-fils du fondateur de l'Oustau de Beaumanière.
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Château Saint-Jean, 15, avenue de la Méditerranée, 13620 Carry-le-Rouet, Tél. : 04 42
44 70 14. Un domaine situé en bordure de la Méditerranée.
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Château du Seuil, 4690 route Seuil, 13540 Puyricard, Tél. : 04 42 92 15 99. Pour les
amateurs de blancs aussi (élevage barrique).
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Château Vignelaure, 83560 Rians, Tél. : 04 94 80 31 93. Dans les années 70, Georges
Brunet fit de ce domaine un très grand nom de la Provence, utilisant à la fois des
techniques bio et le savoir-faire médocain. Après deux changements de propriétaires, ce
vin retrouve depuis peu un nouvel essor entre les mains d'un Irlandais et d'un vendeur de
vins anglo-saxon. Ils ont même osé un rosé. A suivre de près.
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Commanderie de la Bargemone, 13760 Saint-Cannat, Tél. : 04 42 57 22 44. Un vin dont on
parle de plus en plus sur la place de Paris.
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Union coopérative varoise Le Cellier de Saint-Louis, ZI Consacs, 83170 Brignoles, Tél. :
04 94 37 21 00.
Bon à savoir
Deux appellations en une ?
Beaucoup confondent coteaux d'aix-en-provence et baux de provence. Leur histoire est liée
puisque les huit communes ayant droit aujourd'hui à l'AOC baux de provence, et situées
dans les Alpilles, pouvaient auparavant porter le nom de AOC coteaux d'aix-en-provence.
Mais le décret du 20 avril 1995 fit de leur spécificité territoriale une appellation à
part entière. Sachant toutefois que seuls les rouges et les rosés ont droit à
l'appellation baux de provence. Les blancs entrent quant à eux dans la dénomination
coteaux d'aix-en-provence.
Trévallon... mis à part
Le domaine de Trévallon n'entre plus dans l'AOC coteaux d'aix-en-provence depuis 1995,
date à laquelle la réglementation imposa un encépagement ayant moins de 30 % de
cabernet-sauvignon et de carignan. Eloi Dürrbach, défenseur du cabernet-sauvignon, vit
ainsi son vin déclassé en vin de pays. Qu'importe serait-on tenté de dire. Ce vin a
depuis longtemps traversé la Manche et l'Atlantique pour séduire les palais les plus
exigeants. Sans doute un des deux vins de pays les plus chers de France, un des deux plus
beaux aussi. (Trévallon se trouve sur la commune de Saint-Etienne-de-Grès, dans les
Bouches-du-Rhône).
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L'HÔTELLERIE n° 2603 Magazine 4 Mars 1999