Outre son immense
talent, la force de Jean-Georges Vongerichten est sa formidable capacité d'adaptation.
Cet Alsacien, qui ne songe nullement à renier ses origines, voit loin et juste.
"Jean-Georges", son restaurant 4 étoiles, ne désemplit pas. Mais il affiche
pareillement complet chez Jo Jo, son premier restaurant à New York en 1991 et au Mercer
Kitchen qui a ouvert ses portes dans le quartier de Soho en août dernier (2).
Le secret ? « Je n'ai jamais réellement fait d'études de marché. Je fonctionne au
feeling en créant un concept qui, je pense, va attirer les clients. Mercer Kitchen étant
en sous-sol avec une trentaine de marches à descendre, il a fallu tenir compte de ce
paramètre. Nous avons rouvert les trottoirs pour faire entrer la lumière du jour et nous
avons opté pour une cuisine ouverte sur la salle. »
Le secret ? « Je n'ai jamais créé un restaurant sans avoir fini le remboursement du
précédent. Aujourd'hui les traites courent uniquement sur le Mercer Kitchen. Des gens
nous approchent toutes les semaines, mais il est hors de question de faire n'importe quoi.
Pour l'instant, je n'ai aucune idée précise pour la suite. Nous développons Vong qui
est une formule, mais il faut aussi les hommes et créer les équipes est le plus dur pour
moi. "Jean-Georges" reste plus important que les autres qui n'ont pas toujours
besoin de moi pour tourner. J'impulse les idées, puis j'essaie de laisser le chef
s'exprimer. S'il y a un secret, c'est surtout d'être à l'écoute des clients. A New
York, au contraire de ce qui se passe en Europe, on va au restaurant tous les jours et on
mange chez soi pour l'occasion. On fait une cuisine différente de partout ailleurs car si
l'on fait trop français, ça ne marche pas. Nous avons bien ciblé en apportant des
concepts de cuisine différents. Il est important de créer des envies - Vong par exemple,
une cuisine avec des épices -, et de faire venir les gens dans des quartiers et des
cadres différents. Nous ne devons avoir qu'une dizaine de personnes qui viennent dans
chacun des cinq restaurants. Le succès de nos affaires est là. »
Le secret ? « C'est aussi la rapidité. Les gens veulent déjeuner en une heure et
dîner en deux heures, deux heures et demi maximum. Il ne faut pas une cuisine
compliquée. Je mise sur une cuisine très simple avec beaucoup de saveurs, trois
ingrédients et c'est gagné. En France c'est plus travaillé... parce que l'on veut ça,
mais je persiste à penser qu'il faut miser sur une cuisine simple et digeste. »
Les recettes de « JGV » sont bonnes ! Pour espérer prendre son repas chez Jean-Georges
il faut s'armer de patience. Les réservations se font sur un mois à l'avance, mais le
cahier se remplit parfois en quarante minutes. Pour le réveillon de l'an 2000 où
Jean-Georges imagine ouvrir de 6 heures du soir à 6 heures du matin, le restaurant
affiche complet depuis six mois.
« Parfois je me fais peur, mais je crois qu'il est plus facile d'oser ici où l'on
n'est pas chez soi et où le seul risque est de devoir prendre sa valise et de repartir. »
Le Mercer Kitchen a ouvert ses portes en août dernier.
Les chiffres de la réussiteJean Georges (****) : 70 places et 250 couverts/jour. TM : 45 $ (Déj.) et
150 $ (Dîner). La Compagnie Jean-Georges Management LLC emploie sur NYC 620 salariés qui ne
travaillent pas plus de |
L'HÔTELLERIE n° 2603 Magazine 4 Mars 1999