Aujourd'hui, on prend plaisir
à redécouvrir les traditions pluri-séculaires, et plus que jamais, on se tourne vers
des objets porteurs d'histoire. Par delà les siècles, l'idée de retrouver
l'authenticité cristallise un phénomène de mode devenu une véritable tendance de fond.
Ainsi, la vraie modernité repose-t-elle sur une mixité des genres, styles et origines.
En fait, chacun semble ressentir le besoin d'être soi-même en retrouvant des racines
bien ancrées dans les entrailles d'un passé gage d'authenticité. La beauté et les
émotions portées par le mobilier du XVIIIe apportent une réponse à ce besoin
fondamental, ainsi qu'une touche de luxe et de raffinement, trace survivante du faste de
ce siècle.
Ensemble Louis XV griffé Dissidi. Ebénisterie d'Art et Décoration.
Le rocaille apporte fantaisie au style Louis XV
Après le fastueux style Louis XIV, les évolutions du mobilier se poursuivent dans le
sens de l'allégement du décor afin de le libérer de sa solennité et de son aspect
imposant. Le style Louis XV marque l'aboutissement de cette simplification. Désormais, le
goût du confort et de l'intimité dominent. La ligne droite est bannie, tandis que la
courbe triomphe. Légèreté et fantaisie sont de règle, sans cependant exclure la
richesse. C'est l'époque du goût "rocaille" caractérisé par des motifs
asymétriques aux contours déchiquetés, composés de coquilles, feuilles et autres
palmettes. L'ensemble restant toujours équilibré, harmonieux, plein d'une grâce et
d'une fantaisie inimitables.
Vers 1740, les formes s'assagissent encore et l'ornementation se fait plus discrète. Les
lignes élégamment galbées sont la caractéristique déterminante des meubles de cette
époque, qui offrent une grande perfection et une originalité certaine.
En 1774, à la mort de son grand-père, le jeune Louis XVI, alors âgé de vingt ans,
accède au trône. Préoccupé par les mouvements d'idées et courants d'opinion forts qui
débouchèrent sur la Révolution française, Louis XVI n'eut guère le loisir de
s'intéresser à l'art. En revanche, la jeune reine Marie-Antoinette et ses beaux-frères
protégèrent les artistes, encouragèrent les créateurs et furent d'ardents propagateurs
de la nouvelle mode préconisant un retour du néoclassicisme. Les ornements "à la
grecque" supplantent alors les lignes courbes et les fantaisies du rocaille.
L'originalité a fini par lasser.
Inspiration néoclassique pour le style Louis XVI
Ainsi, peu à peu, l'Antiquité redevient-elle la référence absolue pour tout homme
de goût. Les motifs inspirés de la Grèce antique reviennent en force et un véritable
manifeste contre le style rocaille est édité. D'ailleurs, cette cabale avait déjà
commencé lors des dernières années du règne de Louis XV. Elle avait ainsi permis
l'émergence d'un style "Transition", qui bien qu'hésitant encore entre deux
modes, marquait un grand désir de changement déjà emprunt des caractères
néoclassiques.
Puis, c'est l'avènement du style Louis XVI, complètement dégagé de tout esprit
doctrinaire. La découverte des ruines de Pompéi, qui restituent soudain une image de la
vie quotidienne au premier siècle de l'ère chrétienne, balaie tout à coup les
préjugés. On comprend que le cadre dans lequel vivaient les héros de Plutarque n'avait
rien de figé, ni de grandiose. Tout au contraire, il exprimait une sorte de grâce
juvénile, de naturel raisonnable. Cependant, avec le style Louis XVI, on est encore loin
de la vraie simplicité, comme on est loin de la vraie nature. Le style de cour, la
solennité, l'emphase et la pompe nécessaires à la monarchie absolue ne permettent pas
d'atteindre cette simplicité. Aussi, le goût pompéien se pare-t-il de tous les charmes
du XVIIIe : raffinement, grâce et délicatesse. Les fleurs au naturel, en bouquets,
corbeilles ou guirlandes, les rubans en nœuds ou cocardes, et les draperies égayent
la sobriété des lignes droites et la symétrie retrouvée.
Puis l'histoire de France avance. Peu à peu, un esprit nouveau, plus appliqué, plus
archéologique, souffle. Alors un style plus sévère apparaît pour triompher sous
l'Empire.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
L'HÔTELLERIE n° 2607 Magazine 1er Avril 1999
Podcasts
