Le vin a-t-il toujours sa
place au coin du zinc ? Eh bien, c'est comme pour le reste. Ça marche dès lors qu'on
anime la vente. On le voit chaque année avec le beaujolais nouveau, qui continue de faire
recette malgré des qualités diverses et variées. Ce qui plaît, c'est l'événement et
son folklore. Charcutailles, baguette croustillante et pot de beaujolais donnent le ton,
toutes générations confondues. Mais on ne peut pas reconduire le beaujolais nouveau tous
les 3e jeudi du mois.
Certains établissements, qui n'ont rien du bar à vins, profilent cependant quelques
succès charpentés sur le thème vinicole. Ainsi, l'aménagement d'une belle tireuse
entre bar et salle provoque des réflexes intéressants chez le conso lambda. Le retour à
l'authenticité, au vin puisé dans un tonneau, à la cuvée dénichée avec talent par le
patron (évitons les piquettes) porte ses fruits. Un balisage suggestif à l'heure du
jambon-beurre et du croque attise également la gourmandise. Tandis qu'un joli contenant
rassure l'habitué. (Je proscris, tu proscris, il proscrit les carafes ébréchées,
usées ou mal nettoyées...).
Le kir, boisson ô combien facile à réaliser, est-il mis sur alu à sa juste valeur ? Un
vin blanc un peu meilleur et une crème de cassis un peu meilleure font parfois des
miracles. Sans aller jusqu'aux cacahuètes à volonté, faire monter la qualité est
aujourd'hui payant. Parole de pilier de bar !
Bien sûr, le p'tit blanc à la sortie du boulot, c'est fini. N'empêche qu'un cru
judicieusement proposé à l'heure de l'apéro séduit aussi les palais féminins. Une
verrerie originale peut là encore faire la différence.
S'il n'est pas question de parler d'associations mets/vins au bistrot, les sélections du
mois ou de la semaine, associées, par exemple, à un événement local, à la fin de
l'hiver comme à l'arrivée du printemps, font marcher le commerce. S'il faut aiguiser la
curiosité du client, il existe un large, très large éventail de vins, de France et
d'ailleurs... Un verre de chianti sur un plat de lasagnes ça plaît. Idem pour un rioja
sur une paella. Ne sous-estimez pas vos plats du jour et encore moins le vin qui
l'accompagne.
L'HÔTELLERIE n° 2607 Magazine 1er Avril 1999
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