m Patricia Alexandre Le Naour
Ici, on a le sentiment, quand on passe le pas de la porte, que le temps s'est arrêté. On ne voit que la mer, la salle est petite, simple, les tables sont toutes dressées de blanc et l'on oublie le reste du décor. La lumière suffit à vous laisser aller, un peu comme si vous arriviez chez des amis, chez des cousins éloignés heureux de vous revoir. Dès les premiers instants, Le Roquebrune vous apaise et s'affiche : ici, on travaille en famille, on vous reçoit avec gaîté et gentillesse et vous pouvez vous laisser aller, on ne prévoit que le meilleur pour les clients. "Ce sont nos amis, ils nous aiment et nous les aimons, alors on est toujours contents de se revoir, explique madame Marinovich. Dans notre métier, nous avons beaucoup de chance : vous donnez un peu d'amour et vous recevez beaucoup." Le ton est donné... et ça fait bientôt 50 ans que ça se passe comme ça ! C'est en 1953 que Madame Marinovich a transformé la maison de sa grand-mère en restaurant. Cette même grand-mère qui, longtemps avant elle, était aussi restauratrice-cuisinière, à Roquebrune déjà. Depuis, ses filles sont venues l'épauler et Marine a déchargé sa mère de la fatigue des fourneaux alors que Patricia, grillardin au début, assume avec beaucoup de bonheur la responsabilité de la salle.
Fidélité
Au Roquebrune on est fidèle, tant du côté des clients que du personnel. Daniel Tessier,
en cuisine, fait partie de l'équipe depuis 35 ans... Quant aux clients, ils viennent et
reviennent depuis des années, certains envoient des cartes postales pour prévenir de
leur passage dans la région et de leur impatience à revenir au Roquebrune, temple de la
fidélité. "Je ne change jamais la carte, explique Madame Marinovich, nous
ne voulons offrir à nos clients que ce que nous savons bien faire." De toute
évidence, c'est elle qui a raison, ce n'est sûrement pas le classicisme de la carte qui
fait venir le client pour la première fois (quoique... ), mais c'est la perfection de ce
qui est servi qui le fait revenir. Une carte très "tradition" où l'on trouve
Côte d'agneau, Crêpes Suzette, Coquelet grillé et Soufflé au chocolat. "Tous
mes produits sont achetés chez de vrais paysans, fiers de leur métier, qui savent faire
avec la nature et laissent vivre les choses, peu de traitement et un goût magnifique.
Nous nous attachons à acheter le bon et à servir le bon." Avec fierté, elle
vous explique que l'agneau ne vient que de La Brique. Quant aux poissons, présentés aux
clients qui les choisissent en fonction des arrivages, ils sont achetés directement
auprès des pêcheurs - "leurs grands-parents servaient déjà ma mère",
explique-t-elle. Le produit est d'une qualité exceptionnelle et la préparation, avec la
plus grande simplicité, frise la perfection. On comprend la fidélité des clients.
Pimpante, sereine, avec un rien d'espièglerie, madame Marinovich prévient : "Il
faut choisir les meilleurs produits et savoir tirer parti de la technologie pour se
faciliter la vie. Nous avons eu les premiers fours à air pulsé et le mois prochain, nous
nous informatisons." A 81 ans, elle fermera le restaurant 3 jours : "Il
me faut au moins ça pour apprendre à mon âge", et précise que cette fermeture
permettra à toute son équipe de se former dans de bonnes conditions.
10 ans après
Juste retour des choses, Le Roquebrune a retrouvé son étoile. Une étoile que ces
"dames de la côte" avaient gardée 20 ans pour se la voir retirer une fois les
travaux de la cuisine achevés. Dix années de purgatoire au cours desquelles tant la
mère que Marine et Patricia ne se sont pas laissées aller. "Nous avons continué
à faire bien et essayé de toujours faire mieux", expliquent-elles.
Histoire d'amour, de passion. Travailler en famille est pour elles essentiel. Monsieur
Marinovich, à 90 ans, est lui aussi présent, en charge de la carte des vins. De ce
côté là encore, on a choisi le très beau... Ne citons que quelques belles choses :
Pétrus 1985, Yquem Lur-Saluces 1987 ou un Château Margaux 1986 ainsi qu'une très belle
carte des vins de la région.
"Travailler ainsi, explique Patricia qui dans la salle à l'il à tout, c'est
le fruit de notre culture méditerranéenne. Nous avons tout construit autour de la
famille et de notre métier. En vieillissant, nos parents ont toujours leur place, c'est
ce bonheur qui nous fait avancer et c'est ce qui fait que les clients aiment revenir : ils
rentrent dans la famille... Ce sont des valeurs essentielles pour nous." n
Le Roquebrune
100 avenue de Monaco par Basse Corniche
06190 Roquebrune-Cap-Martin
Tél. : 04 93 35 00 16
«Nous ne voulons offrir à nos clients que ce que nous savons bien faire."
Les poissons sont achetés directement auprès des pêcheurs.
Avant la prise de commande, on accueille le client avec quelques radis et un petit
pot de beurre.
Parlons chiffresOuverture toute l'année Personnel 18 salariés Nombre de couverts Menus Carte 360F |
L'HÔTELLERIE n° 2612 Magazine 6 Mai 1999