m Jean-François Mesplède
Cest une belle et grande
demeure. Un manoir niché au cur de la Franche-Comté, dans le val d'Amour où le
marquis de Germigney coula, dit-on, des jours heureux.
Revers de fortune sans doute : en 1830, le château fut pour la première fois transformé
en hôtel. Sur les bords de la Loue, dans le petit village de 400 âmes, la vocation s'est
poursuivie...
Tombé en ruines, le bâtiment caché dans un parc de trois hectares avait encore belle
allure. Suffisamment en tout cas pour séduire Roland Schön, dont l'épouse Verena est
aujourd'hui gérante de la société. Décorateur et architecte d'intérieur à Zurich, il
s'en est porté acquéreur avec deux partenaires.
Mystère des transactions, la somme dépensée pour l'achat et les travaux de rénovation
- six mois -, reste encore aujourd'hui soigneusement cachée. Compte tenu de l'état des
lieux et du résultat obtenu à l'ouverture en juin 1997, on peut simplement imaginer
qu'elle fut relativement... coquette.
Parc aux arbres préservés, île privée sur la Loue, forêt de chênes : l'endroit est
idyllique. Quinze chambres, dont deux suites ; deux restaurants - Marquis de Germigney et
Orangerie, la salle Saint-Hubert et sa terrasse couverte ; un bar installé dans le caveau
voûté : sans doute n'en fallait-il pas plus pour séduire Régis Bulot. Le Château de
Germigney a donc quitté la chaîne des Châteaux et Hôtels Indépendants pour la... plus
"prestigieuse du monde".
Un parcours sans faute
L'inspecteur du Michelin n'a pas été davantage insensible... puisqu'une étoile a été
décrochée un an après une première et discrète apparition dans le guide rouge, où
Germigney était alors rattaché à la commune de Mouchard. Au piano depuis l'ouverture,
Pierre Basso Moro est ravi. A 30 ans, ce chef natif de Nyons dans la Drôme fait de Michel
Receveur, rencontré à l'école hôtelière d'Avignon, son maître à penser. "C'est
lui qui m'a donné le goût de faire du gastronomique", dit-il.
Le nouvel étoilé peut revendiquer un joli parcours : du Prieuré à
Villeneuve-lès-Avignon au Chantecler de Nice où il fut pendant trois ans le second de Le
Stanc... avant d'assurer une transition de trois mois après son départ et avant
l'arrivée d'Alain Llorca.
Entre les deux maisons, la Vieille Fontaine (Clerc) à Maisons-Laffitte, le Juana
(Morisset) à Juan-les-Pins, l'Antarès à Méribel-les-Allues, le Buerehiesel
(Westermann) à Strasbourg et l'Oasis (Raimbault) à La Napoule, lui ont permis de forger
ses connaissances...
"J'ai apprécié le dialogue que j'ai eu à Germigney : il n'y avait aucun
objectif particulier au départ, même si je savais qu'il fallait faire quelque
chose", dit-il.
"On spéculait sur l'étoile, sans trop y croire... même si nous savions que nous
avions un cuisinier constant qui n'a jamais manqué le moindre service. Ce fut un moment
très fort ressenti par toute l'équipe", complète Timothée Uebersax, directeur
de l'établissement. n
Château de Germigney
39600 Port Lesney
Tél. : 03 84 73 85 85
Fax : 03 84 73 88 88
Ce fut un moment très fort ressenti par toute l'équipe.
Parlons chiffresAucune indication chiffrée n'a été fournie par la direction du château. Menus Effectif |
L'HÔTELLERIE n° 2612 Magazine 6 Mai 1999