m Claire Cosson
Il y a vraiment de quoi y
perdre son latin ! Un simple coup d'il sur le Guide des rencontres
professionnelles en France 1999, qui recense à lui seul plus de 1 200 manifestations
dont une cinquantaine consacrée au tourisme, suffit en effet à se perdre dans les
méandres de l'offre pléthorique des salons touristiques. Ajoutez à cela les multiples
bourses internationales (ITB à Berlin, Fitur à Madrid, BIT à Milan, World Travel Market
à Londres...) puis les différentes opérations nationales et régionales gérées par
les institutionnels, et même les professionnels les plus avertis du secteur ont parfois
du mal à y retrouver leurs "petits".
"On ne sait plus aujourd'hui où donner de la tête ! Les salons fleurissent de
tous côtés. Il devient désormais difficile d'identifier ceux qui nous sont
véritablement réservés", avoue Alain Parenteau, directeur marketing des
Grandes Etapes Françaises et auteur d'un ouvrage intitulé Le marketing pratique du
tourisme réceptif européen. Malgré tout, la chaîne dont il défend les couleurs
alloue annuellement quelque 2 millions de francs à ce style de manifestations (salons,
workshops). Les enveloppes budgétaires sont certes moins élevées pour Logis de France,
Elysées West Hotels, AB Promhôtels (groupement volontaire composé de dix
établissements parisiens) ou bien encore Choice France et New Hôtel puisqu'oscillant
entre 76 000 francs et 400 000 francs à l'année. Mais elles ont néanmoins le mérite
d'exister. Ce qui signifie d'ailleurs que les compagnies hôtelières estiment, à
première vue, leur présence nécessaire sur un certain nombre d'événements. Ce n'est
probablement pas d'ailleurs le fruit du hasard si le groupe Envergure investit une
quarantaine de salons pour commercialiser ses enseignes (Clarine, Première Classe, Bleu
Marine et Campanile).
Distribuer des brochures
Reste à savoir comment faire le bon choix parmi une ribambelle de manifestations
nationales et internationales, toutes plus alléchantes les unes que les autres. Les
organisateurs de salons ne perdant jamais de vue leur "portefeuille", ils
vantent en effet volontiers les bienfaits de leurs rendez-vous. Et pourtant ! Personne ne
devrait se lancer à l'aveuglette en la matière. D'autant que les investissements
financiers peuvent aller du simple au double selon les salons sélectionnés
(cf. p. 80).
En fait, avant de partir à l'aventure, il faut tout d'abord distinguer deux types de
manifestations : les salons touristiques grand public et ceux dits professionnels. Les
premiers, dont l'objectif se situe davantage en termes d'image et de notoriété, semblent
ne pas être toujours totalement adaptés aux besoins des hôteliers, en particulier à
ceux qui ont choisi de promouvoir leur maison de manière indépendante. Aux dires de
nombreux représentants de l'hôtellerie, ce sont effectivement des manifestations qui
visent à faire connaître en priorité les destinations.
"Sur les salons grand public, en tant qu'exposants, nous sommes le plus souvent
assaillis par les gamins des écoles. Réduits à distribuer des brochures, il est rare
que nous finalisions des contrats. Les clientèles ne sont pas toujours suffisamment
ciblées", ne manque pas de souligner Alain Parenteau.
De la nécessité d'être constant
Un son de cloche en demi-teinte qui, en revanche, s'avère différent quant à l'intérêt
des salons touristiques réservés aux professionnels. "Les manifestations qui
accueillent les principaux acteurs du tourisme, tels les tour-opérateurs, les
autocaristes ou bien encore les agents de voyages, nous concernent évidemment davantage",
explique Pascal Bataillé, directeur général du réseau Elysées West Hotels. Et
Marie-Lou Lopez, responsable commerciale des Logis de France, d'ajouter : "Bien
organisé, ce genre de rendez-vous offre de fait la possibilité de fidéliser vos clients
actuels tout en développant de nouvelles parts de marché. D'autant qu'en dépit de
l'apparition des nouvelles technologies, beaucoup de professionnels apprécient toujours
énormément les contacts directs."
En d'autres termes, un salon touristique professionnel peut constituer un bon outil de
promotion, de fidélisation et de prospection. A condition bien sûr, là aussi,
d'effectuer un tri parmi la longue liste des manifestations existantes et d'être
relativement constant dans ses choix. "Avant d'entreprendre la moindre opération,
il est à coup sûr indispensable d'analyser ses besoins. Un salon est en effet un moyen
de promotion comme les autres, qui s'inscrit dans la démarche marketing de l'entreprise
concernée", précise Michel Peyre, directeur de la communication et du
partenariat de Maison de la France.
"Sans compter qu'il faut être prêt à persévérer. Une action promotionnelle
sur un nouveau marché devant être répétée à plusieurs reprises avant de déboucher
sur des accords concrets", renchérit le responsable d'AB Promhôtels.
"On y fait des affaires"
Fonction de la politique marketing et commerciale des professionnels de l'hôtellerie (à
savoir quel segment de clientèle l'on souhaite attirer ou renforcer), il en découlera
donc des axes promotionnels différents. Dont dépendra bien sûr par la suite la
présence sur tels ou tels autres salons touristiques professionnels. A savoir si vous
souhaitez capter l'attention des acheteurs de voyages de groupes en France et à
l'étranger, vous pouvez, par exemple, figurer parmi la liste des exposants du Mit
International. Créée en 1979, cette manifestation paraît faire l'unanimité auprès des
hôteliers concernés par ces marchés. "On y fait véritablement des affaires !",
indique ainsi Jean-Christophe Vittet, directeur des ventes de Choice France. "C'est
un investissement financier certes conséquent. Mais, on rencontre ici des décideurs et
l'on conclut des contrats importants", admet Cécile Jaubertie, propriétaire de
l'Hôtel de la Promenade à Souillac, exposante depuis 20 ans au Mit International.
De fait, Arlette Alphaize-Furet, actuelle directrice du salon, ne lésine pas pour
satisfaire ses exposants. "Nos visiteurs sont sélectionnés avec soin et
exclusivement composés d'agents de voyages, d'autocaristes et de tour-opérateurs. C'est
évidemment la qualité de cette sélection qui contribue à notre succès",
explique-t-elle sans détour. Pour ce qui est du segment affaires et séminaires à
travers l'Hexagone, il devient aujourd'hui difficile d'éviter des manifestations du type
Rencontres Privées Réunir. Cet événement (réservé aux établissements figurant dans
le guide Réunir), qui regroupe des hôtels, des palais des congrès et autres
lieux de séminaires, met en effet les exposants en contact avec quelque 1 500 décideurs
en entreprises. De quoi ne pas perdre son temps en démarchages inutiles et optimiser son
chiffre d'affaires sur un secteur très concurrentiel !
Le Fitur (Madrid) est l'un des grands rendez-vous annuels des professionnels du
tourisme.
Business business
En réalité, il s'avère, selon la majorité des opérateurs hôteliers, que plus un
salon est ciblé, plus visiteurs et exposants affichent leur satisfaction. "Dans
le cadre de salons où ne sont conviés que des professionnels, chacune des parties en
présence sait précisément ce qu'elle souhaite vendre et acheter. On peut donc
travailler efficacement ! Les contacts sont tout bonnement business business",
note une attachée commerciale.
Une spécificité que l'on retrouve certes sur quelques grands salons internationaux, mais
qui caractérise plus précisément la formule dite du "workshop" (au sens
propre du terme : réunion de travail). Ce style d'opération, de taille plus modeste,
préparée en général à l'initiative d'institutionnels régionaux (Rendez-Vous Paris
Ile-de-France, Cap à l'Ouest, CIT Grand Sud, Les Routes du Goût...) à travers
l'Hexagone et de Maison de la France à l'étranger, permet effectivement à des acheteurs
de rencontrer un maximum de professionnels français du tourisme en un minimum de temps.
"Vous accueillez à votre table des acheteurs potentiels triés sur le volet qui
sont invités et se sont déplacés. En une seule journée, vous pouvez réaliser jusqu'à
plus d'une cinquantaine de contacts. C'est un gain de temps formidable !",
constate Alain Parenteau. Et d'argent également, puisque grâce aux workshops,
l'hébergeur n'a pas à sillonner la planète tout entière pour dénicher le prospect
idéal.
Reste que dans le cadre de ce type de manifestations, l'exposant est tributaire de
l'organisateur. Et bien souvent, ce dernier, Maison de la France notamment hors des
frontières nationales, agit pour le compte de ses adhérents et incite les hôteliers à
se regrouper.
Jouer groupé
"Nous déconseillons aux hôteliers indépendants de venir seuls. Nous estimons
qu'il faut en effet jouer groupé pour être efficace. D'autant plus qu'un tour-opérateur
fait son marché à l'occasion d'un workshop et recherche une offre globale",
commente Michel Peyre. Sans compter qu'un regroupement ne suffit pas toujours. "Les
opérateurs touristiques en quête d'hébergement veulent un interlocuteur unique. Ce qui
laisse supposer une politique tarifaire commune", déclare le représentant d'AB
Promhôtels.
Cela n'empêche pas pour autant certains professionnels de faire cavalier seul notamment
dans le cadre des workshops régionaux. "Depuis le lancement de Rendez-Vous Paris
Ile-de-France, j'expose tout seul comme un grand. Cela représente certes un coût
financier. Ma présence au Carrousel du Louvre est néanmoins importante pour mon image de
marque. J'y prends d'ailleurs d'excellents contacts tout en observant de près la
concurrence", raconte Bernard Plasmans, patron du Novanox à Paris.
Pas de plannings trop chargés
Reste que ces "aventuriers solitaires" doivent être encore plus vigilants que
les autres pour réussir à rentabiliser leurs investissements. "Rien ne
s'improvise ! Un salon n'est pas une fin en soi. Comme toute autre action de promotion, il
doit se préparer en amont. Lorsqu'il s'agit d'une manifestation à l'étranger, il faut
ainsi s'assurer que l'on est à même de parler la langue du pays ou une autre qui
permette de communiquer avec le plus grand nombre de visiteurs potentiels. Idem pour les
brochures commerciales", note Stéphane Barrand, directeur commercial du groupe
Envergure.
Il s'agit ensuite d'informer les visiteurs de votre participation par lettre, fax, e-mail
ou téléphone afin qu'ils vous rendent visite. "Il est inutile en la matière de
monter des plannings trop chargés. Trente minutes par contact est un choix judicieux.
Cela nous permet en effet de ne pas courir d'un rendez-vous à un autre tout en faisant
connaissance calmement. Attention également à ne pas oublier d'indiquer le numéro du
stand", confie Gilles Lainé, responsable commercial des hôtels et golfs pour
Brittany Ferries.
Le jour dit, vous devez bien sûr être présent et ponctuel. En sachant que, lors d'un
salon, l'exposant doit éviter d'abandonner son stand sans nécessité. "Le monde
attire le monde ! Outre un bon emplacement, de bons visuels présentant vos
établissements, le stand doit être vivant pour capter l'attention des chalands",
explique Jean-Christophe Vittet qui n'hésite pas, certaines fois, à recourir aux
services de prestataires extérieurs (sosie, concours, caricaturiste...).
"Si les salons procurent l'occasion de conforter ses relations avec chacun de ses
fournisseurs habituels, ils doivent aussi nous conduire à découvrir de nouveaux
prestataires. Il faut donc séduire !", déclare Gilles Lainé. Facile à dire,
mais hélas pas toujours aisé à réaliser. D'autant que dans le domaine hôtelier, la
concurrence est acharnée. La qualité des produits demeurera bien sûr un élément
prioritaire, mais le sérieux du suivi d'un salon fera peut-être finalement la
différence. "Trop de professionnels négligent cette phase, sous prétexte qu'à
leur retour une montagne de choses les attend. Il est pourtant capital de reprendre
contact avec les personnes rencontrées et de tenir les engagements arrêtés en leur
faveur", affirme Alain Parenteau. Un client se gagne pourtant rarement du premier
coup. n
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Bureaux Maison de la France aux Etats-UnisNew York Chicago Los Angeles Bureaux Maison de la France en Europe du SudESPAGNE ITALIE PORTUGAL |
Nom du salon | Groupe | TO & AV | Affaire | Grand public |
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BIT (Milan) | X | X | X | X |
CONFEX (Londres) | / | / | X | / |
EIBTM (Genève) | / | / | X | / |
FITUR (Madrid) | X | X | X | X |
ITB (Berlin) | X | X | X | X |
ITME (Chicago) | / | / | X | / |
MITCAR (Paris) | X | X | / | / |
RENCONTRES PRIVEES REUNIR | / | / | X | / |
(Paris) | ||||
TTW (Montreux) | X | X | / | / |
WORLD TRAVEL MARKET | X | X | X | / |
(Londres) |
Les motivations et attentes des visiteurs du Mitcar 1998Selon une enquête réalisée l'an passé par la société Atis, les visiteurs du
Mitcar avaient trois principales motivations en venant au salon : |
Comment faire le suivi d'un salon ?1° Rassembler les contacts pris lors de la manifestation |
L'HÔTELLERIE n° 2616 Magazine 3 Juin 1999