m Olivier Marie
"Nous voulions
"déghettoïser" le casino et les diverses animations. Aujourd'hui, les clients
peuvent passer des jeux au restaurant puis au pub et à la piste de danse en toute
liberté. Des animations multiples en un seul et même lieu." Xavier Hoffmann,
directeur avec son frère Jean du Casino des Pins aux Sables-d'Olonne se félicite de la
nouvelle orientation prise par son établissement. Exit donc le Casino des Sports et ses
deux discothèques attirant une clientèle relativement jeune et notamment en seconde
partie de nuit. "Aujourd'hui, nous voulons devenir les rois du début de nuit et
retrouver une clientèle peut-être plus âgée. Notre cur de cible reste les 35/50
ans. La discothèque ne correspond plus à notre clientèle, qui lui préfère des bars
d'ambiance." Pour satisfaire ces objectifs, il aura fallu attendre près de 3
années et investir quelque 30 MF. La superficie passe quant à elle de 1 500 à 2 500 m2.
Pour autant, la refonte globale d'une maison de soixante-quatre ans d'âge ne se décide
pas sur un coup de tête et les frères Hoffmann, à la direction des affaires depuis
1992, ont longuement mûri leur projet. Dans l'ancienne configuration, ils comprennent
vite qu'il devient difficile d'allier jeux et discothèque et de réunir les deux
clientèles. Alors ils cherchent un nouveau concept et le dénichent outre-Atlantique,
plus précisément à Las Vegas. "Là-bas, il n'existe pas de discothèque, mais
diverses animations complémentaires. On s'amuse et on bouge beaucoup", se
souvient Xavier Hoffmann qui, à son retour, parie avec son frère sur le concept de la
"salle-mets-y-tout". Ils ramènent également le thème de leur nouveau projet :
la Louisiane, "une région qui évoque la chaleur mais également la pluie. Nous
ne sommes pas dans une ambiance sea sex and sun. La Louisiane évoque également diverses
influences : hispaniques, françaises...", témoigne Xavier Hoffmann. La façade
du casino arbore désormais de magnifiques colonnades, l'intérieur accueille un menaçant
crocodile naturalisé, des tableaux de jazz et blues etc.
Animation tous azimuts
L'animation prend une allure multidirectionnelle avec deux restaurants, le gastronomique
Saint-Louis et le Cotton Pub (pour un ticket moyen respectif de 180 et 100 F), une piste
de danse, trois bars, trois salles de jeux comportant quelque 90 bandits manchots,
roulettes, black-jack, 23 etc. ainsi qu'un mini-golf et une dizaine de terrains de tennis
à l'extérieur. On passe de l'une à l'autre des salles sans rien remarquer, grâce à un
dédale de couloirs et d'ouvertures. Attablé dans le restaurant, le client peut par
exemple être attiré par la danse grâce à un système de fenêtres guillotines donnant
sur la piste également ouverte sur le pub...
Ainsi agencé, le Casino des Pins doit contenter une clientèle à la fois plus vaste et
plus homogène. "Auparavant, nous ouvrions seulement en saison. Désormais, le
casino ouvre à l'année à raison de 18 heures par jour", explique Xavier
Hoffmann. Reste que le produit présente un aspect nouveau et le client peut avoir des
difficultés à le cerner : restaurant ? jeux ? danse ? "C'est vrai que nous avons
des difficultés à communiquer, mais cela va rentrer progressivement dans l'esprit des
gens qui viendront pour une chose : s'amuser." Pour être rentable, le concept
doit s'appuyer sur le renouvellement. "Le client ne doit pas s'attarder dans telle
ou telle salle. L'idéal est qu'il passe du restaurant à la piste de danse, puis au pub
et aux jeux, explique Xavier Hoffmann. Les gens sont servis en temps et en heure,
mais nous ne pouvons pas nous permettre de rater un renouvellement." Forts de
leur produit, Xavier et Jean Hoffmann comptent par ailleurs attirer une clientèle dans un
rayon géographique plus vaste, allant de la Roche-sur-Yon à Luçon et même jusqu'à
Angers. Il fallait de toute façon s'adapter et anticiper la politique de désenclavement
autoroutier et ferroviaire initiée par le département (autoroute Angers - La
Roche-sur-Yon).
N'en restant pas là, les deux exploitants envisagent l'ouverture d'un hôtel, situé
derrière le casino, à l'horizon 2000-2001. Par ailleurs, à plus court terme, une
résidence hôtelière (groupe Mercure) devrait voir le jour à proximité du casino.
"Nous devrions pouvoir jouer la complémentarité, notamment avec les terrains de
tennis mais également avec d'autres animations. Nous devenons un argument de vente pour
eux et réciproquement", conclut Xavier Hoffmann.
Un étoilé veille sur la table
En vue d'offrir une table de qualité, les frères Hoffmann du Casino des Pins optent pour
l'originalité. Ils ont en effet noué un partenariat pour deux ans avec un chef étoilé
Michelin, Joseph Drapeau, officiant à Beau Rivage au Sables-d'Olonne. Ce dernier, ne
pouvant (et ne souhaitant) pas se libérer de son établissement, a accepté de devenir le
consultant gastronomique du casino. Lui incombe donc le choix du matériel professionnel,
des fournisseurs ainsi que du chef, du second et du maître d'hôtel. Joseph Drapeau
assure par ailleurs une assistance technique dans l'élaboration des menus et de la carte,
renouvelée par ses soins quatre fois par an. Elle porte d'ailleurs la mention : "sur
les conseils de Joseph Drapeau pour le Casino des Pins".
Le restaurant le Saint-Louis (40 couverts) ne devient pas pour autant une pâle copie de
Beau Rivage. Les objectifs sont clairs, Joseph Drapeau s'engage à créer ici un style
Bistrot. Les deux jeunes choisis pour officier en cuisine, Benoît Guillon et Alix
Guillet, devraient relancer des plats traditionnels français. On retrouve donc sur la
carte des rognons de veau, du filet de buf, du carré d'agneau... n
L'une des trois salles de jeux.
L'extérieur, comprenant terrasse, mini-golf et terrains de tennis.
La salle du Saint-Louis, le restaurant gastronomique de l'établissement.
L'HÔTELLERIE n° 2616 Magazine 3 Juin 1999