m Pierre Boyer
De bonnes études et de l'expérience, Jean-Philippe Chabert n'en manque pas. Licencié en sciences économiques, il a suivi des études à L'Ecole supérieure internationale de Savignac-les-Eglises, dans le Périgord. Puis, pendant cinq ans, il a élargi ses compétences et son savoir-faire : attaché de direction à la Réunion, multiples saisons en Savoie, Côte d'Azur, Corse. "C'était chaque fois intéressant. Je suis passé de la brasserie au restaurant moyen de gamme et au gastronomique, raconte-t-il. Et j'ai voulu lancer ma propre affaire. J'ai donc cherché une petite structure familiale." Il a retrouvé un ancien collègue de l'école du Périgord. Jean-Louis Dutour est devenu son associé pour lancer une SARL. Ils ont racheté un fonds à Saint-Gervais-d'Auvergne (Puy-de-Dôme) : le Relais d'Auvergne, 12 chambres en deux étoiles. "Le propriétaire avait 70 ans ; l'affaire tournait tout tranquillement et perdait du chiffre d'affaires d'année en année", se souvient Jean-Philippe Chabert. Les deux jeunes ont investi 800 000 F, plus 180 000 F pour les travaux, dont 90 000 F de subvention, avec "un apport personnel non négligeable", souligne Jean-Philippe Chabert. "Nous avons jugé qu'il existait un potentiel dans cette ville de 1 500 habitants, où se trouve un établissement haut de gamme mais saisonnier, le Castel. Nous sommes ouverts toute l'année, donc les seuls pour accueillir la clientèle de passage, notamment les commerciaux. Car l'Hôtel du Commerce concentre une très grande part de son activité en liaison avec l'école pour chiens d'aveugles puisqu'il héberge élèves et professeurs."
"J'ai voulu lancer ma propre affaire" déclare Jean-Philippe Chabert.
Pas question de s'agrandir
S'y ajoute la clientèle locale "avec des banquets, surtout en hiver",
les touristes pendant l'été, l'influence des guides, "comme Le Routard que
nous avons contacté", le label des Logis de France "que nous avons
reconquis suite au changement de propriétaire", etc. Des actions sont menées
auprès des autocaristes des départements limitrophes et de la région lyonnaise pour
leur proposer un circuit sur une journée avec déjeuner au Relais d'Auvergne, "en
avant et après-saison". Plus anecdotique, il y a aussi un temple bouddhiste à 8
kilomètres de Saint-Gervais-d'Auvergne, de renommée européenne. "Séminaires et
retraites y sont organisés. Cela amène une clientèle un peu particulière, puisqu'elle
est essentiellement végétarienne. Il faut donc s'adapter. Nous restons vigilants sur le
rapport qualité/prix, c'est la base en ce moment, explique Jean-Philippe Chabert,
avec un accueil soigné et personnalisé. Chaque année, nous envoyons nos vux à
nos clients, accompagnés d'un petit cadeau." Cette politique, des prix de 200 F
par chambre, petit-déjeuner à 28 F, ticket moyen à 110 F hors boissons, a permis aux
associés de passer de 900 000 à 1,5 million de francs de chiffre d'affaires. Avec 120
000 F d'investissements chaque année depuis trois ans, la salle de restaurant et la
plupart des chambres ont été refaites.
"Nous arrivons pratiquement au potentiel maximum de cette structure, soutient
Jean-Philippe Chabert. Nous l'avons volontairement choisie de taille réduite pour
avoir peu de personnel. Nous travaillons à quatre en permanence, avec deux salariés de
plus en saison. C'est la tendance aujourd'hui. Les grandes structures ne permettent pas
d'obtenir une même efficacité." L'ambition des associés ne vise donc pas à
une extension de l'outil de travail. "Nous voulons juste acquérir la maison
voisine pour créer un parking et un jardin afin de faciliter notre travail actuel. Mais
il n'est pas question de grossir tant que la fiscalité et les charges resteront aussi
oppressantes, explique Jean-Philippe Chabert. Nous allons plutôt chercher à
racheter une autre structure de taille identique. Alors chacun des associés dirigera sa
maison." n
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L'HÔTELLERIE n° 2616 Magazine 3 Juin 1999