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Les Corcoran's
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Sous la bannière irlandaise

Julien Porisse vient tout juste d'ouvrir son deuxième Corcoran's dans la capitale : un concept de pub irlandais qui séduit autant les Anglo-Saxons que les Parisiens. Rencontre.

m Sylvie Soubes


Une vitrine extérieure, dans l'esprit irlandais.

Julien Porisse est irlandais par sa mère, français par son père. Une richesse culturelle qu'il a mis au service de la limonade l'an dernier, en créant, rue Saint-André des Arts à Paris, le Corcoran's, un irish pub. Dans les locaux d'une ancienne pizzeria, celui-ci a cherché à recréer l'atmosphère un peu sombre, un peu chargée des pubs qu'il fréquentait lors des troisièmes mi-temps de rugby. Ainsi, tous les objets de décoration du Corcoran's ont été dénichés en Irlande. Pour éviter que trop de lumière n'entre dans l'établissement, des vitraux ont remplacé une partie des vitres. Quant à l'agencement, s'il répond aux besoins de la restauration pratiquée à l'heure du déjeuner, il laisse aux consommateurs du soir la liberté de promener leur verre là où bon leur semble.


Michaël, Liam, Julien et Maria-Angela Porisse.


50 % des clients sont des Anglo-Saxons, l'autre moitié est principalement composée de Français. En fin de semaine, la moyenne d'âge est généralement assez jeune, entre 18 et 35 ans. "Nous avons un couple de Français de 60 ans qui habite Levallois-Perret et qui vient tous les week-ends écouter de la musique anglo-saxonne et boire une bière, sourit Julien Porisse, dont l'une des grandes préoccupations porte sur l'accueil. Le soir, il faut que le personnel soit vraiment drôle, sympa. On dit en Irlande d'une bonne ambiance que c'est good craic. Il faut que ce soit magique, électrique, fun. Le personnel doit faire passer un message de détente et de gaieté. C'est ce que je recherche ici." Au cœur de l'équipe : un chef anglais dont l'épouse est française et sert en salle. En soirée, la serveuse est également française et le barman est irlandais. "Un mixte nécessaire. Il faut pouvoir parler anglais et français. Que le personnel parle uniquement l'anglais serait, selon moi, une erreur", commente Julien Porisse.

Tout dépend de l'heure
Corcoran's propose à midi une cuisine d'inspiration "franco-irlandaise". L'irish stew est présent à la carte et le saumon au whiskey tourne au menu à 85 F, qui comprend entrée, plat, dessert ou fromage, le café et un verre de vin mais pas de bière. On est à Paris, ne l'oublions pas. Mais que les amateurs de bière se rassurent, le choix à la pression tient la route : aux côtés des classiques Kilkenny, Guinness et moins classiquement dans ce genre d'endroit, blanche de Bruges et 1664, vous trouvez la Caffrey's et la Foster's. Cette dernière est australienne et plaît aux habitués. Prix de vente : de 35 à 38 F la pinte. 20 F le demi.
"L'atmosphère varie en fonction de l'heure à laquelle vous venez. C'est plus typique le soir mais la clientèle qui aime venir le midi est aussi à la recherche d'un certain cadre, d'un style plus décontracté qu'en restauration traditionnelle", souligne Maria-Angela, l'épouse de Julien dont les origines brésiliennes se décèlent dans la chevelure brune et le regard pétillant.

En famille
Mi-mai, un deuxième Corcoran's a été officiellement inauguré dans la capitale. Au 110, boulevard de Clichy. Cette fois, Julien a ouvert l'affaire avec son frère Michaël et un troisième associé, Patrick Mc Elroy. 260 m2 à disposition. 3,5 millions d'investissements. On retrouve les mêmes codes couleurs, les mêmes tendances que rue Saint-André des Arts, à quelques détails près. "Le mobilier du premier était en sapin ou en hêtre, et on s'est aperçu que ce n'était pas assez costaud. Vous savez, dans un pub, il faut qu'une table tienne le coup même si deux personnes de 100 kg dansent dessus. Nous avons choisi de faire faire le mobilier dans un bois exotique mieux adapté aux soirées de fête." L'insonorisation a également été prévue pour les "grandes soirées". Le plancher du sol, par exemple, est monté sur des plots antivibrations et dissocié des murs. Tout a été conçu et réfléchi pour absorber les bruits. Coup de chapeau à l'architecte Didier Ménage, maître d'œuvre.
Sur l'aménagement général, ce deuxième Corcoran's comporte trois sections bar et il n'y a pas de réelle cuisine. Julien préfère jouer la carte des assiettes froides toutes prêtes ou à réchauffer au micro-ondes et des sandwiches, comme cela existe outre-Manche. Tout sera préparé dans les cuisines de ses autres établissements. Car notre patron est également à la tête d'une troisième affaire sur la butte Montmartre, qui abandonne actuellement le style crêperie au profit des couleurs irlandaises. C'est le frère jumeau de Julien, Liam, qui en tiendra les rênes, sous une enseigne différente de Corcoran's. n


18 pompes et une chambre froide de 25 m2 destinée à la bière.


L'intérieur du Corcoran's de la rue Saint-André des Arts, ici à l'heure du déjeuner.


Le deuxième Corcoran's se situe avenue de Clichy.

Rue Saint-André des Arts :

m 600 hectos/an, objectif 900 hectos
m 4 à 5 fûts de cidre/semaine
m 6,5 millions de CA la 1re année
m + 25 % entre 98 et 99 sur les 3 premiers mois

 

En Irlande...

m Les patrons font partie des notables. Ainsi, s'il n'y a pas de policemen dans les environs, c'est la parole du patron du pub qui sert de témoignage officiel !
m Une des coutumes consiste à peindre de couleurs souvent vives les murs des pubs. Dans le village de Ball, il y a trois pubs (pour 300 habitants). L'un d'eux est tenu par un cousin des Porisse et il repeint sa façade de couleur différente chaque année. Rose, violet, moutarde, etc.
m L'enseigne des pubs porte traditionnellement le nom du propriétaire. (Corcoran's est le nom de jeune fille de la mère des frères Porisse).


L'HÔTELLERIE n° 2616 Magazine 3 Juin 1999

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