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Le jus de fruits au coin du zinc
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Un marché à conquérir ?

Alors que les Français reconnaissent des vertus gourmandes et bienfaisantes aux jus de fruits, beaucoup de bistrots oublient son potentiel sonnant et trébuchant. Comme pour les autres boissons, la qualité du service joue en faveur des ventes.

m Sylvie Soubes

Selon l'Union nationale des producteurs de jus de fruits (UNPJ), 90 % des foyers français achètent des jus de fruits et 59 % affirment en boire régulièrement. L'étude Omcapi réalisée l'an dernier par Ifop montre, de son côté, que 50 % des Français consomment le jus de fruits au petit-déjeuner, 42 % à n'importe quel moment de la journée, 26 % à l'heure du thé, 9 % à midi à l'apéritif, 8 % pendant le déjeuner, 8 % avant le dîner et 6 % pendant le dîner. Elle relève en outre l'intérêt grandissant des consommateurs qui "estiment que cette boisson est riche en vitamines, qu'elle a bon goût et qu'elle est bonne pour la santé". La consommation actuelle est de 17 litres par an.


Dans l'esprit des consommateurs, le jus de fruits frais reste de meilleur qualité. Ce qui n'est pas forcément la réalité.


Qu'en est-il au coin du zinc ? Comme d'habitude, impossible d'obtenir des chiffres qui soient spécifiques aux bistrots autres que ceux de l'enquête Conso CHD restauration commerciale 1998 qui laisse ressortir que les 80 % des CHR passent "en moyenne 2,25 caisses de 24 bouteilles de jus de fruits par semaine, soit environ 54 bouteilles/
semaine. C'est-à-dire environ 2 fois moins que les colas
". Seulement 1,3 % en consommant plus de 10 caisses de 24.

Orange, citron...
Même si, comme le note Teissère "les jus de fruits ont enregistré un ralentissement de leur croissance" l'an dernier, le segment reste porteur. En linaire, les produits bios, les saveurs exotiques, les produits "spécial forme" (un verre de ad Vitam Tonus, gamme lancée l'an dernier, apporte, selon Joker, 120 % des apports journaliers nécessaires en vitamines C), voire de terroir (comme la gamme Jus Tradition de Moulin de Valdonne dont les 12 jus sont garantis d'origine Provence) apportent une dynamique nouvelle. En CHR, le créneau est différent. Si l'heure du petit-déjeuner (à l'instar de la consommation nationale) tient le haut des ventes, le déficit au cours de la journée est grand. Et il est d'autant plus significatif dans l'univers du café où le jus de fruits est un peu considéré comme le parent pauvre des soft drinks.
Sortez du bar et asseyez-vous en terrasse. Les consommateurs, soi-disant amateurs de jus de fruits, ont tendance à préférer le fruit frais pressé à la demande. Question de goût. Là-dessus, rien à redire sinon qu'entre l'orange et le citron, il n'y a pas beaucoup d'autres pistes, même si du matériel permet aujourd'hui d'élargir la gamme de fruits fraîchement pressés. Quant à l'offre des jus de fruits en bouteille - dont le terme exact sera jus de fruits industriels, mais dont les qualités nutritives, gustatives et autres références diététiques ne sont plus à prouver -, elle attire plus tristement l'attention. Si vous possédez une gamme de plusieurs parfums, est-elle en entier sur la carte ? Est-elle proposée dans des conditions qui donnent envie de découvrir le produit ? Est-elle mise en valeur derrière le bar ? (Nous ne parlons pas ici de l'exposition des petites bouteilles sans alcool dont la loi fait obligation dans le cadre de l'activité d'une licence IV.)
Comparons avec le poste "bière" : la plupart des marques déclinées en PBC ont des verres siglés. Or, dans beaucoup de lieux, le jus de fruits servi ne correspond pas à la marque. Mieux vaudrait dans ce cas-là le servir dans un verre neutre, non ? Evoquons aussi la PLV. Une bonne signalétique est toujours nécessaire. Pago, qui a notamment réussi l'exploit de décliner une vitrine de jus de fruits spéciale bistrot, propose sa propre carte de jus de fruits et d'autres outils pratiques qui permettent de redonner sa place aux jus de fruits dans le cadre bistrot. C'est sans doute ce qui fait le plus défaut à cette catégorie de boissons au coin du zinc. Sachez que les autres marques de jus de fruits ont aussi dans leurs placards des outils d'aide à la vente adaptés à vos besoins. Et si cet été vous retrouviez les bienfaits du jus de fruits ! Ventes nouvelles à la clef. n


Le jus de fruits n'est que très peu mis en valeur en dehors du petit-déjeuner et en particulier dans le secteur des bistrots.


Une carte des jus de fruits : Pago donne le ton avec 14 variétés dont le tout dernier cocktail de fraises.

Connaître

Les catégories de jus de fruits*

m Pur jus de fruits 100 %
Il résulte du pressage des fruits sur les lieux de production. Conditionné, puis pasteurisé (à l'exception des jus frais), il ne reçoit aucune adjonction. On le reconnaît avec le logo 100 % jus de fruits ou 100 % pur jus direct.
m Jus à base de concentré
Le jus de fruits fraîchement extrait est séparé d'une partie de son eau de constitution sur les lieux de production par un procédé d'évaporation effectué sous vide. Sur le lieu de conditionnement, le jus de fruits est reconstitué par un apport en volume d'eau égal à celui évaporé. Il subit enfin une pasteurisation. Le jus de fruits obtenu par cette méthode doit porter la mention "jus à base de concentré".
m Le nectar de fruits
Les jus élaborés à partir de fruits pulpeux (pêche, poire, abricot) se trouvent sous la forme de nectar, leur pressage ne permettant pas l'obtention d'un jus directement consommable. Le nectar est fabriqué à partir de jus de fruits et/ou de purée de fruits, concentrés ou non, dans des proportions variables selon les fruits (25 à 50 %) et additionnés d'eau et de sucre.
*Source UNPJ

Le service du jus de fruits
Les jus de fruits (comme les jus de légumes) doivent être présentés au consommateur dans leur récipient d'origine. En outre, si le récipient à une capacité égale ou inférieure à 45 centilitres, vous devez le présenter intact et l'ouvrir ou le décapsuler devant le consommateur. N'ouvrez jamais les bouteilles avant : c'est interdit. Le client serait en droit de vous demander de lui apporter une autre boisson ou la même non encore ouverte. Attention : cette obligation de présenter les bouteilles de moins de 45 centilitres intactes s'applique autant aux petites bouteilles en verre qu'aux boîtes métalliques. Si vous n'avez que des grandes bouteilles de jus de fruits, vous pouvez les ouvrir au bar mais vous devez remplir les verres à la vue du consommateur...


L'HÔTELLERIE n° 2616 Magazine 3 Juin 1999

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