Marié à une Norvégienne,
Dominique Choquet a installé son restaurant à Oslo depuis une quinzaine d'années. Pour
compléter son offre et répondre à la demande des hommes d'affaires pressés nombreux
dans son quartier, ce restaurateur français a voulu ajouter un concept de restauration
rapide et de café à la scandinave. Contrairement aux établissements de ce type
implantés en France, les restos rapides ne sont pas des libres-services. Les clients
passent leur commande au comptoir qui est ensuite apportée par un serveur. Dominique
Choquet avait une idée assez précise du concept et de l'agencement qu'il souhaitait
mettre en place pour son resto rapide mais il n'avait en revanche pas trouvé le style du
mobilier. C'est au cours d'une visite en France qu'il est séduit par un meuble de style
picard. "J'avais fait ce meuble un peu par hasard pour un de mes clients qui
venait de couper un merisier dont il ne savait que faire", explique Pascal
Brément, menuisier dans la Somme, qui s'est finalement vu confier le mobilier du
restaurant norvégien. L'objectif étant de créer une ambiance à la
"française" adaptée aux exigences du pays. Dans la salle à manger qui fait
environ 8 mètres sur 8 (la cuisine étant en sous-sol), l'artisan a aménagé un comptoir
en angle de 22° d'une longueur totale de 4 m.
Un vaisselier décoratif, une niche spéciale pour pouvoir proposer les différents types
de pains consommés en Norvège, un placard sur mesure de 110 cm de largeur et 120 cm de
profondeur avec étagères pour stocker la vaisselle et le linge de table, constituent les
caractéristiques principales du décor. Tous ces meubles sont en sapin rouge rehaussés
de motifs peints avec des moulures particulières et des chapeaux de gendarme.
Motifs peints et moulures
Les comptoirs de présentation sont recouverts de granit poli, produit qui ne craint pas
les rayures, et surmontés de petites vitrines de verre trempé de 6 mm d'épaisseur
également en forme de chapeau de gendarme, gravées de feuilles de vigne. Dominique
Choquet a installé au centre de son établissement une table de 1 x 320 m façon ferme
picarde reposant sur trois pieds centraux avec un plateau de 7 cm d'épaisseur. Le tout
est teinté façon miel, plus clair pour les chaises, plus foncé pour le comptoir et les
meubles, et recouvert d'un vernis "marine". L'ensemble original a déjà séduit
la clientèle norvégienne qui vient nombreuse prendre place sur les banquettes en bois
recouvertes de vachette. Malgré le transport, le restaurateur s'y retrouve : la commande
s'élevait à 160 000 francs. Un artisan français travaille pour nettement moins cher que
son homologue norvégien : 150 F (TTC) en moyenne de l'heure en France contre 700 F en
Norvège. Le calcul est alors aisé quand on sait que la main-d'uvre a représenté
80 % du prix de revient pour le décor du restaurant. D'ailleurs, les affaires de
Dominique Choquet marchent tellement bien qu'il va ouvrir, toujours à Oslo, un autre
établissement de 200 m2 dans le même esprit, et il fera à nouveau appel à Pascal
Brément pour en assurer l'agencement. Avec peut-être à la clé la naissance d'une
chaîne de restauration norvégienne inspirée par la Picardie. n
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L'HÔTELLERIE n° 2634 Magazine 7 Octobre 1999