m Sylvie Soubes
Adresse mythique de
Saint-Tropez, au même titre que chez Sénéquier ou le Byblos, le Papagayo se souvient de
Claude François, Donna Summer ou Johnny Hallyday poussant la chansonnette en live. Les
murs, érigés près du port, devaient à l'origine accueillir un casino. Une belle
surface que François Malortigue transforma en 1962, pour moitié en discothèque à
l'étage, moitié en piano-bar-restaurant au rez-de-chaussée. Cette deuxième partie
allait être rachetée en 1995 par Frédéric Blanc. Pour celui-ci, la principale
difficulté à gérer reste la saisonnalité. Saint-Tropez dépasse les 200 000 habitants
l'été et tombe à 6 000 âmes hors saison. Ainsi, de 35 personnes en période estivale,
l'équipe de la Bodega du Papagayo descend à six, voire cinq, hors saison, inclus notre
patron et sa sur Isabelle, avec qui il travaille.
Mais Frédéric Blanc tient à ce que Saint-Tropez "vive toute l'année",
même si la saison dure beaucoup plus longtemps que pour les autres stations du
département. Il regrette d'ailleurs de voir certaines "boutiques fermer leur
rideau avec le départ des estivants, contrairement à la plupart des CHR qui font
l'effort de rester ouverts". C'est aussi, selon lui, la porte ouverte à une
rotation de saisonniers dont l'objectif n'est pas toujours de satisfaire le client. "C'est
dommage pour tout le monde et en particulier pour l'image de la ville."
Cette parenthèse sur les vilains petits canards refermée, Frédéric Blanc, qui s'en
veut un peu d'avoir abordé le sujet, préfère évoquer l'intérêt de la clientèle
hivernale. "C'est la clientèle des villas, avec beaucoup d'Allemands et de plus
en plus d'Américains. Ce sont, c'est vrai, des contacts agréables parce qu'ils sont plus
sincères." Ce qui n'empêche pas la Bodega de se remettre en cause tout
au long de l'année. "Aujourd'hui et quelle que soit la période, il faut aller
chercher le client. Vous savez, on peut être sur le port, c'est-à-dire bien situé, et
ne pas travailler !" Dans cet esprit, la Bodega du Papagayo a été le premier
établissement de Saint-Trop à oser Halloween. "Je fais régulièrement des
animations. Les gens savent que chez moi il y aura des soirées de détente, avec un
personnel costumé sur un thème ou encore des formules repas adaptées à
l'événement." Pour annoncer, rappeler, confirmer la "fête",
Frédéric Blanc consacre pas moins de 10 % de son chiffre d'affaires à la promotion de
l'établissement et aux animations. Sur sa politique fournisseurs, Frédéric avoue
rechercher à faire travailler un "maximum de fournisseurs locaux" même
si ce n'est pas toujours facile car, là encore, "beaucoup ferment hors
saison".
Mode et mode
La Bodega du Papagayo offre une déco détendue. Mais depuis l'an dernier celle-ci joue à
fond la carte latino avec un concept mis en place par Michel Boukarouba. L'établissement
bénéficie en effet d'un espace "boîte de nuit" dans le prolongement du bar
entièrement consacré, désormais, à l'ambiance cubaine. Même les serveuses sont
d'origine cubaine. Cela dit, Frédéric Blanc se méfie de la mode. Si, pour l'été 1999,
le mojito a été rajouté à la carte des cocktails, celle-ci reflète davantage l'esprit
du lieu, un endroit où il fait bon se détendre, faire une pose. "Les gens
veulent une ambiance et c'est le plus important", témoigne Frédéric.
Quant aux prix pratiqués, un peu plus chers dans l'ensemble que dans d'autres
établissements du même type, ceux-ci s'expliquent par la venue régulière, notamment,
de musiciens. Tout a un coût ! Mais Frédéric Blanc fait attention aux "gens du
pays" qui s'installent rarement en été en terrasse. C'est le bar qui leur est
implicitement "réservé". Revenant sur le thème latino, s'appuyant sur le
désir d'exotisme de la clientèle et cherchant toujours à améliorer ses prestations,
Frédéric Blanc vient aussi d'ouvrir un magasin de décoration spécialisé dans les
objets du "monde". L'ancienne salle de jeux, qui faisait murs mitoyens avec la
Bodega, est devenue une boutique dans laquelle il fait bon flâner, découvrir, acheter. "J'ai
monté cette boutique avec l'aide de Laurence Lapinet, une décoratrice professionnelle."
Et ça marche. La façade attractive de la boutique sied mieux à la Bodega, dans le
prolongement de la terrasse, que les néons et bruits tonitruants des jeux vidéo.
Les projets de Frédéric Blanc ? En tant que vice-président chargé de la communication
de l'Udacs (association des commerçants) et vice-président des cafés/discothèques du
golf de Saint-Tropez, le patron de la Bodega du Papagayo confirme sa volonté de dynamiser
la station tout au long de l'année. Il a sans doute raison de prôner la démarche
puisque l'établissement a multiplié par 4 son chiffre d'affaires depuis qu'il a quitté
le statut de saisonnier, lors de sa reprise. n
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Coup de projecteur sur la carteParmi les boissons qui marchent, notons le Titanic. Un cocktail lancé dans le sillage du film et qui, tout simplement grâce à son nom, séduit et attire les consommateurs. Le prix du Titanic est aligné sur celui des autres cocktails, soit 66 F. Le cocktail Margarita, qui fonctionne lui aussi relativement bien, est proposé au pichet : 250 F les 75 cl. Quant aux bières pression, quatre contenants affichés : 25, 50 cl et 1 litre (dans une fourchette allant de 23 F à 88 F). On remarque également 18 références de whiskies (de 52 à 150 F le verre), une petite quinzaine de liqueurs (toutes sont à 54 F). Citons enfin la présence de tapas (35 F l'assiette) allant des tortillas, chili, guacamole aux accras de morue. |
L'HÔTELLERIE n° 2638 Magazine 4 Novembre 1999