Transformer un château
construit en 1342 au cur du Pays périgourdin en un relais hôtel quatre étoiles.
C'est le pari qu'a fait Michèle Gombert-Devals en 1982.
Médecin à Paris, elle décide après de grosses difficultés personnelles de se
rapprocher de sa région d'origine pour entamer une reconversion. Aujourd'hui, le château
de la Treyne, à Lacave dans le Lot, est un établissement de quatorze chambres et deux
appartements (de 950 à 2 650 francs) qui attire une clientèle internationale.
Toute la difficulté est d'insérer des éléments très modernes comme la
climatisation, l'aspiration pour les cuisines par exemple, dans une bâtisse du XIVe
siècle sans blesser le charme du passé. L'un des chantiers les plus délicats à mener a
été l'installation de l'ascenseur qui dessert les six étages du bâtiment",
explique la propriétaire. Il a fallu plus de six mois de travail pour miner la roche.
"C'est plutôt réussi. On dirait que cet ascenseur a été construit avec le
château", poursuit Michèle Gombert-Devals. Se refusant à donner des chiffres
sur les montants investis dans la rénovation des bâtiments, elle reconnaît simplement
qu'il lui a fallu trouver plusieurs millions de francs. Avec l'aide d'un décorateur,
Michèle Gombert-Devals a cherché à donner une âme à chaque chambre en y disposant des
objets personnels : tableaux, tables basses, chandeliers...
L'harmonie entre passé et présent
Les inconditionnels de ce château planté sur les rives de la Dordogne réclament souvent
les chambres Louis XIII et Henri IV avec leurs lits à baldaquin et leurs grandes tentures
en velours. La chambre Cardinale, lovée dans la tour la plus ancienne du château, est
également très demandée. Appartement de luxe, très vaste, composé d'une grande
chambre double, d'un coin salon, d'un jacuzzi... elle est décorée avec un papier pastel
évoquant un jardin. Le client qui, de la mezzanine, a une vue sur les jardins à la
française et les rives de la Dordogne, "ressent ainsi une sorte d'harmonie".
Les salons du château emplis de boiseries retentissent aussi régulièrement de musique
grâce au piano installé dans une petite salle. L'hiver, les feux crépitent dans les
cheminées et les clients peuvent lire tranquillement les ouvrages et journaux mis à leur
disposition dans le bar anglais. L'été, ils pourront prendre un petit-déjeuner à
l'ombre d'un cèdre du Liban dans le parc avant une promenade dans la forêt du château
qui couvre 120 hectares.
Tradition et modernité
"Je veux donner aux clients des moments intimes. J'aimerais qu'ils considèrent
cette demeure de prestige comme une halte exquise", précise Michèle
Gombert-Devals. Une chapelle romane aux superbes chapiteaux (provenant de Cuelvas, en
Espagne) a également été aménagée pour recevoir concerts, expositions et séminaires.
A quelques mètres, des courts de tennis et une piscine témoignent de notre époque.
C'est sûrement ce mélange constant entre passé et présent qui séduit les étrangers,
notamment les Américains, Anglais, Espagnols, Italiens et Australiens, qui représentent
plus de 50 % de la clientèle entre les mois de mai et juin. "Nous avons fait
dernièrement l'objet d'un reportage dans la revue américaine Travel and Life. Les
Américains sont vraiment friands de vieilles pierres. Il arrive souvent que des hommes
d'affaires louent la totalité du château. D'autres franchissent l'Atlantique pour venir
simplement se ressourcer ou faire de la randonnée ou du vélo. Quant aux Anglais, ce sont
des amoureux de notre région."
Un TO de 80 %
Sans compter que les distractions autour du château ne manquent pas : pêche en Dordogne,
kayak, promenades équestres, sentiers de randonnée, chasse à l'automne... Résultat, un
taux d'occupation de plus de 80 %. Côté cuisine, la maîtresse des lieux a choisi de
miser sur des plats du terroir. Avec sa brigade composée de huit personnes, Stéphane
Andrieux, 29 ans, un ancien de chez Pic utilise essentiellement des produits régionaux
frais : Foie gras frais de canard du Lot, Pavé de sandre poêlé aux poivrons doux et
safran, Pigeonneau du Sud-Ouest, Filet d'agneau pané au tabac de cuisine, Millefeuille de
cèpes et foie gras poêlé. "Comme le restaurant est ouvert aux gens de
l'extérieur, pour pouvoir servir le mieux possible nos hôtes, nous nous limitons à une
cinquantaine de couverts", souligne Stéphane Andrieux. Les menus sont à 220,
320 et 450 francs. Au total, ce sont vingt-deux salariés et stagiaires qui opèrent dans
cet orgueilleux navire de pierre. n
Les clients ont une vue sur les rives de la Dordogne... ou bien sur les jardins à
la française de l'établissement.
Tout le charme d'une batisse du XIVe siècle entourée de cèdres du Liban.
Ce sont vingt-deux salariés et stagiaires qui opèrent dans cet orgueilleux
navire de pierre.
L'HÔTELLERIE n° 2638 Magazine 4 Novembre 1999