Construit en 1989 mais inadapté aux besoins de son environnement, Le Coq Vert, établissement de 40 chambres deux étoiles situé dans la petite station thermale de Cransac, a été repris par son propriétaire actuel en 1992, après avoir été fermé pendant plusieurs mois. Tenter l'aventure était relativement courageux tant le marché paraissait inexistant pour un établissement de ce type, conçu et lancé à une époque où des non-professionnels ont été persuadés qu'investir dans un hôtel était plus rentable qu'investir dans une clinique ou en Bourse. Les années 93-96 ont été difficiles pour les repreneurs, Nicole et Irénée Laperteaux, qui faisaient leurs premiers pas dans l'hôtellerie. Ils n'étaient cependant pas démunis de tout savoir-faire, Irénée Laperteaux venant de l'automobile, un secteur dans lequel il avait fait ses preuves en matière de marketing et de services rendus aux clients. Pour tenir le coup, alors que la station thermale voyait peu à peu ses hôtels mettre la clef sous le paillasson (7 établissements en 1993, 3 en 1999), Le Coq Vert a tout misé sur l'accueil de groupes, qui ont rapidement représenté 70 % de sa clientèle, surtout saisonnière.
Complémentarité des formules
"Il y a deux ou trois ans, on a senti qu'on ne pouvait pas continuer comme ça.
Pourquoi ? Parce que les retraités se débrouillent de mieux en mieux tout seuls. Ils
vont au Canada, aux Antilles. Ils n'ont pas forcément besoin d'être accompagnés pour
descendre en Aveyron", explique Irénée Laperteaux.
Alors, que faire ? La réponse a été d'accompagner les efforts de la station thermale (2
500 curistes par an) engagée depuis quelques années dans sa mutation en station de
vacances (tennis, centre équestre, randonnées, etc.), et créer un produit hôtelier
destiné aux familles. "On a commencé en 97, en transformant une douzaine de
chambres en 6 appartements équipés d'un frigo et d'un coin cuisine. Cette opération a
été un succès immédiat. On n'imaginait pas qu'il y avait une demande aussi forte."
Du coup cette année, 11 autres appartements ont été créés, notamment pris sur les
salles de séminaire, quasiment inutilisées depuis la création de l'établissement.
Irénée Laperteaux n'ira pas plus loin dans la démarche. "On reste un hôtel, on
veut garder sa convivialité, on est sur un territoire où on a besoin de petites unités."
Cette mutation, représentant 2 MF d'investissements pour les deux tranches
(subventionnés à hauteur de 15 % par le Département et la Région) a permis à l'hôtel
de conserver l'emploi (7 personnes d'avril à décembre), de faire progresser son CA (1,30
MF sur 96-97, 1,80 MF un an plus tard et plus de 2 MF cette année), et de jouer sur les
complémentarités : il mise sur les vacances scolaires de printemps (un mois sur les 3
zones), puis les groupes (mai-juin), les familles (juillet-août), le thermalisme
(septembre), les groupes (octobre-novembre).
Fidéliser les familles
"On a installé des jeux pour les enfants, qui sont les prescripteurs, afin de
fidéliser les familles. On fait aussi des soirées contes, des repas terrasse spécial
enfants, des karaokés pour eux. On a même fait du rapprochement de génération. Les
familles passent en moyenne une semaine et six jours ici, la durée moyenne des séjours
en chambre d'hôtel étant de 2,4 nuits. Nous sommes évidemment plus chers que les
meublés (de 1 350 F à 3 290 F la semaine selon la taille des appartements et la
période), mais les familles sont intéressées par notre proposition car elles ne sont
pas coupées de l'extérieur. On les accueille avec un pot de bienvenue, on fait des
animations, des repas à thème le soir, elles ont la piscine, etc. Les mères de famille
ne sont pas obligées de faire la cuisine, elles sont en vacances." n
Nicole et Irénée Laperteaux, qui se lançaient dans l'hôtellerie, ont réussi
leur pari.
Aire de jeux pour les enfants, piscine... l'objectif étant d'attirer les
familles.
L'HÔTELLERIE n° 2638 Magazine 4 Novembre 1999