m Cyril Pouant
Le débitant de boissons
serait-il le mal-aimé du législateur ? On pourrait le croire tant les obligations à sa
charge semblent importantes. Les différents textes de loi concernant la taxation des
débitants de boissons au titre de la redevance télévision appliquent en effet au
cafetier un régime beaucoup plus strict qu'à ses collègues hôteliers ou restaurateurs.
Les bases de calcul de cette redevance, édictées en 1992, n'ont en effet pas depuis lors
subi de modifications, alors que ce fut le cas pour les hôteliers et les restaurateurs au
mois d'août dernier. Outre cette criante injustice, les droits à acquitter par les
titulaires de licences de débits de boissons de 2e, 3e et 4e catégories sont nettement
supérieurs à ceux des autres professions des CHR. En effet, s'il désire installer un
poste de télévision dans son établissement, le titulaire d'un débit de boissons devra
acquitter, par poste, quatre fois le montant de la taxe de base (744 francs pour un poste
couleur et 475 francs pour un poste noir et blanc), soit 2 976 F (450 euros) par poste de
télévision couleur ou 1 900 francs (287 euros) pour un poste noir et blanc.
Une idée souvent reçue voudrait qu'on ne paie la taxe annuelle que pour les seuls postes
de télévision, et qu'il serait donc possible de l'éviter en raccordant un magnétoscope
chargé de recevoir les signaux télé à un simple moniteur.
La redevance à tous prix...
Ce n'est absolument pas le cas. En effet, l'article 1er du décret du 30 mars 1992, qui
fixe les principales dispositions relatives à la perception de la redevance
audiovisuelle, précise qu'est assujetti à la redevance "tout dispositif
permettant la réception de la télévision". Ainsi, et comme a pu le préciser
le ministre du Budget dans une réponse à un député, ce n'est pas la télévision
elle-même qui est taxée, c'est le fait d'avoir la possibilité de recevoir les
émissions, et ce quel que soit le dispositif utilisé. Ainsi, dès que le cafetier a la
possibilité technique de recevoir les émissions, en faisant un montage à partir d'un
magnétoscope par exemple, le dispositif sera taxé. En revanche, si vous effectuez une
modification technique sur votre dispositif et neutralisez l'appareillage permettant de
recevoir les émissions télé, vous n'aurez pas à payer la redevance. Il serait ainsi
possible d'avoir dans votre établissement un dispositif moniteur-lecteur de cassettes
vidéo, ou moniteur-vidéoprojecteur, ou bien encore moniteur-lecteur de DVD sans que vous
ayez à payer de taxe auprès du service de la redevance audiovisuelle. Attention
toutefois, car si vous décidez d'installer de tels dispositifs, il vous faudra acquitter
des droits d'auteur pour la musique, les films ou les vidéoclips que vous diffuserez
aussi bien auprès de la Sacem que de l'éditeur du film ou du clip vidéo.
Autre obligation : la Sacem
La Sacem est chargée de percevoir les droits des auteurs de musique lorsque celle-ci est
diffusée en public. La diffusion musicale dans un établissement peut prendre des formes
diverses, soit bien entendu par diffusion via une chaîne stéréo, soit par une diffusion
au cours d'émissions de télévision. En effet, dans toute émission télé, de la
musique est présente, et la Sacem est donc chargée de percevoir les droits puis de les
répartir entre les auteurs. Si vous installez un poste de télévision dans votre
établissement, vous devez donc conclure un contrat annuel avec la Sacem qui applique,
pour la perception de la redevance, le barème reproduit ci-contre. Des barèmes
différents sont établis selon que l'établissement se situe à Paris ou en province.
Pour Paris, 3 groupes sont distingués selon l'arrondissement dans lequel se trouve le
débit de boissons. En province, la ventilation se fait selon le nombre d'habitants de la
commune. Pour chaque groupe, deux tarifs différents sont applicables, selon que le
débitant de boissons est ou non affilié à une organisation professionnelle ayant signé
des accords avec la Sacem. Contrairement à ce qui existe pour les autres moyens de
sonorisation, la contenance de l'établissement n'importe pas pour le calcul des droits à
payer... Les redevances à acquitter dépendent du nombre de salles de l'établissement
équipées d'un poste de télévision. Ainsi, si vous avez une salle dans laquelle
plusieurs postes coexistent, vous ne paierez qu'une seule redevance Sacem. En revanche, si
votre établissement dispose de plusieurs salles et que chacune d'elles contient un poste
de télévision, vous aurez à acquitter une redevance Sacem pour chacune d'entre elles.
Il faut noter que si vous n'utilisez vos postes de télévision que pour animer
visuellement votre établissement en coupant le son de l'appareil (comme cela peut être
le cas pour la retransmission de matchs de foot ou de rugby) et que jamais vous ne mettez
le son, vous n'avez alors pas à acquitter de redevance Sacem. *
Province, hors taxes |
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Jusqu'à 1 500 habitants | Jusqu'à 15 000 ha. | Jusqu'à 50 000 ha. | Jusqu'à 100 000 ha. | Plus de 100 000 ha. | ||||||||
TG 1 264 | TGP 847 | TG1 581 | TGP 1 060 | TG 1 974 | TGP 1 323 | TG 2 468 | TGP 1 653 | TG 3 087 | TGP 2 068 |
Paris, hors taxes |
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1er groupe | 2e groupe | 3e groupe | |||
TG | TGP | TG | TGP | TG | TGP |
4 000 | 2 680 | 3 638 | 2 437 | 3 315 | 2 221 |
Arrondissements du 1er groupe : Ier-IIe-VIIe-VIIIe-IXe-XIVe-XVIe
Arrondissements du 2nd groupe : Ve-VIe-Xe-XIIe-XVe-XVIIe-XVIIIe
Arrondissements du 3e groupe : IIIe-IVe-XIe-XIIIe-XIXe-XXeTG = tarif général
TGP = tarif général conventionné (syndicat)
L'HÔTELLERIE n° 2642 Magazine 2 Décembre 1999