Dix neuf heures, un mardi
soir pluvieux, dans le hall du Sofitel Paris Arc de Triomphe. Un homme d'affaires, les
traits fatigués, attend patiemment devant la réception. "Vous avez la chambre
numéro 217, monsieur", lui confie la réceptionniste avec un large sourire tout
en s'apprêtant à l'accompagner. D'un pas négligé, l'individu se dirige vers
l'ascenseur. Arrivé au deuxième étage, le voilà face à son "home" d'une
nuit. D'une main ferme, il introduit sa carte magnétique dans la serrure... Quelques
secondes plus tard, la porte se referme lentement derrière lui.
Ça y est ! Il a pénétré dans le laboratoire du département Recherche & Style des
hôtels d'affaires et loisirs d'Accor. C'est dans cette chambre, en effet, que le groupe
français teste un certain nombre d'idées. L'objectif final étant bien sûr de
satisfaire les besoins et nouvelles habitudes des clients. "Nous expérimentons
ici différents concepts pour pouvoir un jour reproduire l'un ou l'autre dans nos
établissements", explique Jacques Bolze, design manager au sein de l'équipe
Recherche & Style.
Mais, qu'en est-il exactement de cette chambre du "futur". Eh bien,
contrairement à la Guerre des Etoiles, on ne plonge pas dans un univers
intergalactique, entouré de matériaux froids et silencieux en franchissant le seuil du
numéro 217. Cette fameuse "concept room" du Sofitel Paris Arc de Triomphe
ressemble à s'y méprendre à un second chez soi. D'autant plus que les matières
naturelles y ont la part belle. "Les nouvelles fonctionnalités que nous testons
s'articulent en effet autour de trois axes. A commencer par l'authenticité des
matériaux", confie le design manager.
Procurer du bien-être
Cherchant à flatter le toucher, les créateurs de cette chambre des plus apaisantes ont
ainsi joué à fond la carte de la laine (bergère et pouf dans le coin salon), de la
pierre (table), du bois (poirier tressé pour le panneau d'occultation) et du coton
(couette). Par ailleurs, cette "pièce", dessinée par Michel Gicquel, directeur
de Recherche & Style, s'organise de manière rationnelle tout en laissant une
impression d'espace. Ceci notamment grâce aux formes utilisées, à la disposition du
mobilier (lit en biais) et aux portes bien agencées.
Reste un élément curieux, fixé près de la table de chevet. Un petit écran tactile,
monté sur bras articulé, doté semble-t-il de multiples fonctions. "Toute notre
démarche repose sur le fait que nous avons cherché à utiliser les dernières
découvertes, notamment technologiques, pour procurer plus de bien-être à notre
clientèle", souligne Jacques Bolze. En fait, à partir de ce petit module, le
client peut personnaliser l'atmosphère de la chambre dans laquelle il va tôt ou tard
s'abandonner aux bras de Morphée, mais aussi peut-être travailler.
Et pour y parvenir, il n'a nullement besoin d'avoir décroché un diplôme d'ingénieur en
génie mécanique. Il suit tout simplement les instructions qui lui sont diffusées sur
l'écran et combine ainsi des éléments visuels, lumineux, olfactifs et sonores à son
gré. En d'autres termes, il a la possibilité de choisir les sources de lumières et de
régler l'intensité de ces dernières selon ses besoins personnels.
La Madeleine de Proust
Sur la télévision à grand écran plasma plat (36 chaînes), orientable grâce à un
bras lui aussi articulé (c'est la fin garantie des torticolis !) le client peut
également visionner des films à l'heure de son choix. Sans oublier, évidemment,
l'accès au câble, au satellite, à Internet... et la faculté d'y connecter son
ordinateur personnel. Plus ingénieux encore ! Six ambiances olfactives (Fleur du Monde,
Relax, Tonique, Exotique, Antitabac et Antihumidité, signature Sofitel) sont proposées
dans la chambre et deux autres dans la salle de bains (Alizé et Mistral). "Les
odeurs sont extrêmement importantes pour chacun d'entre nous. D'ailleurs, 2 % du
génotype humain sont consacrés à l'olfactif", précise Jacques Bolze. Et
d'ajouter: "C'est la raison pour laquelle nous avons beaucoup travaillé sur ce
point."
Reste qu'il ne fallait pas tomber dans le piège du "sent bon" qui vous empeste
nuit et jour. Grâce à la mise au point d'une technologie "révolutionnaire"
(tête de nébulisation), conçue par une petite entreprise française, le défi olfactif
a été relevé. Résultat : le système permet la diffusion, sans bruit, de
micromolécules parfumées, qui sont invisibles et qui, de surcroît, n'imprègnent pas
les tissus. Une façon comme une autre, finalement, de personnaliser la marque Sofitel à
la manière de la Madeleine de Proust. D'autant plus que les ambiances olfactives sont
fort agréables. Tout comme l'ambiance sonore d'ailleurs, via la radio, le lecteur CD et
la télévision avec son stéréophonique. Plongé dans un bain aux huiles essentielles,
le client est tout ouïe. Mieux, il peut suivre l'actualité du monde sur un écran de
télévision encastré au-dessus de la baignoire. Autre opportunité : prendre une douche
à pression atmosphérique. On se croirait sous une pluie tropicale ! Jusqu'où l'avenir
nous conduira-t-il ?
m Claire Cosson
© Fabrice
Rambert |
© Fabrice
Rambert |
© Fabrice Rambert
© Fabrice Rambert
Avec les liseuses en fibre optique, on peut enfin lire sans réveiller son voisin.
Grâce à ce petit écran tactile, le client peut sélectionner différentes ambiances
olfactives, tout comme choisir sa chaîne de télévision ou bien encore se brancher sur
les bonnes ondes.
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L'HÔTELLERIE n° 2648 Magazine 13 Janvier 2000