Dans l'absolu, l'hôtel de M.
Michaud possédait l'atout non négligeable d'être situé dans un département choyé par
la nature et d'être proche d'une activité sociale intense. Toutefois, les clients
semblaient bouder ce petit établissement des hauteurs alpines.
Mais heureusement, avant de mettre la clé sous la porte, M. Michaud décida de tenter le
tout pour le tout et d'investir dans la rénovation de l'hôtel. Il offrit ensuite à son
fonds de commerce une communication mondiale. Il instaura donc, avec l'aide de son
petit-fils, un plan stratégique destiné à rendre son établissement plus attractif. Au
bout de trois semaines, l'hôtel était fin prêt. Les aménagements furent importants,
mais le nombre de réservations qui s'ensuivit prouva que ce choix était des plus
judicieux.
L'investissement poursuivait deux objectifs : le premier était d'effectuer un
réaménagement en profondeur des chambres, tandis que le second était de faire une
publicité mondiale à faible coût.
La caméra : l'ustensile fédérateur
Sa campagne de communication fut basée sur Internet. En effet, pour un coût dérisoire,
il bénéficia d'une publicité mondiale à toute heure de la journée. Son petit-fils lui
créa donc l'un des sites qui fut, par la suite, parmi les plus visités sur la planète :
outre les classiques pages décrivant les prestations et les prix de l'établissement, il
installa dans l'hôtel plusieurs caméras branchées sur la toile d'araignée mondiale.
L'une d'elles, située dans le hall de l'établissement, retransmettait toutes les trois
secondes une image de la salle. Deux caméras extérieures permettaient quant à elles aux
visiteurs virtuels d'apprécier la vue sur les Alpes ainsi que la façade de l'hôtel. M.
Michaud disposa également plusieurs caméras dans un appartement témoin afin que les
visiteurs du monde entier puissent apprécier le confort des chambres avant de réserver
par Internet. Enfin, le petit-fils, excellant dans le domaine électronique, conçut pour
son grand-père un petit robot sur lequel était fixée une caméra. Les internautes
pouvaient ainsi, grâce à une télécommande accessible de n'importe quel point de la
planète, faire évoluer le robot dans l'établissement. Cette innovation engendra une
affluence record vers le site de l'hôtelier, ce qui par conséquent entraîna une
augmentation exceptionnelle des réservations, largement facilitées par le réseau
mondial. Grâce à une technique de plus en plus sécurisée et une harmonisation des
législations des pays de la planète, la toile d'araignée mondiale devint véritablement
un endroit où l'on pouvait faire du commerce en toute sécurité. Réservations et
paiements se faisaient donc en ligne comme si client et hôtelier se trouvaient face à
face. Jamais il n'aurait imaginé qu'être "branché" pouvait avoir un tel
impact sur le bilan financier de son entreprise.
M. Michaud a ensuite misé sur la convivialité de ses chambres. Pour ce faire, il a
installé tout un assortiment de produits facilitant sa vie ainsi que celle de ses
clients. Depuis lors, son établissement est synonyme de plaisir du client et de
vitalité.
Plaisir et convivialité
Il a pu trouver un allié certain auprès d'une start-up basée à Sophia-Antipolis. Cette
entreprise a en effet développé un logiciel qui, couplé à un ordinateur et des
capteurs sensoriels, permet de retranscrire les états d'esprit des personnes présentes
dans la pièce. Ce système, qui fut donc utilisé pour la première fois chez M. Michaud,
offre un confort inégalé à la clientèle. A peine êtes-vous entré dans la chambre,
qu'une musique en accord avec vos souhaits est diffusée. Mais la surprise ne s'arrête
pas là. En effet, les murs, d'une blancheur impeccable en entrant dans la chambre,
s'illuminent peu à peu en fonction des vibrations du cerveau. Les établissements Rhône
Poulenc ont en effet mis au point un système de revêtement mural dans lequel sont
intégrés des millions de micro-organismes vivants qui changent de couleur avec le
courant électrique. Grâce à ce revêtement, lorsque le client pense à une couleur ou
une image, les données sont immédiatement transmises à l'ordinateur qui reconstruit
l'image et la projette sur les murs. Celui qui a donc envie de se retrouver au milieu d'un
paysage désertique aura les dunes du Sahara sur ses murs, et celui qui préfère, au
contraire, la douceur martiniquaise retrouvera sur ses cloisons le coucher de soleil sur
l'étendue bleutée des flots antillais.
Mais ces quelques agréments pourraient paraître des gadgets si M. Michaud n'avait pas
amélioré certains détails de ses chambres qui réduisent de façon drastique les coûts
d'entretien de son établissement.
Un hôtel qui fait le bonheur des paresseux
Il a en effet décidé d'améliorer la literie de son établissement. Après des
hésitations compréhensibles, il s'est finalement résolu à installer dans chaque lit
les nouveaux draps autonettoyants développés par la société GAMA. La technologie
évoluant à une vitesse impressionnante, cette société a en effet pu intégrer à sa
literie certains des enzymes gloutons que l'on retrouve dans la lessive. Ces enzymes se
nourrissent donc des bactéries et de la saleté au fur et à mesure que celle-ci se
dépose dans les draps. Non seulement il n'y a plus besoin de changer les draps, mais de
plus, les clients sortent le matin du lit plus propres qu'ils n'y sont entrés. Grâce à
ce procédé, les dépenses d'eau ont dramatiquement baissé, de même que les charges
relatives à l'entretien de la literie. En effet, avec ces nouveaux draps, les clients se
retrouvent, au matin, d'une propreté sans égal ! Pensez donc, ils viennent de passer
l'équivalent de sept à neuf heures dans le savon. Leurs corps sont donc rutilants et
propres. La douche du matin n'a donc plus qu'une utilité : se réveiller. Le temps gagné
par le lavage peut donc être occupé à une activité tout aussi intéressante :
dormir...
m Cyril Pouant
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L'HÔTELLERIE n° 2648 Magazine 13 Janvier 2000