Comment devront travailler
les CHR demain ? La flexibilité sera le mot d'ordre. Flexibilité qui s'appliquera autant
aux salariés qu'à leurs employeurs. Le chef d'entreprise devra apprendre à concilier
deux impératifs : une plus grande amplitude horaire d'ouverture de son établissement en
raison de la demande de sa clientèle, avec une réduction du temps de travail des
salariés. Comment concilier ces deux principes qui semblent antinomiques quand on
constate une pénurie de main-d'uvre dans le secteur ? Pénurie qui s'explique en
grande partie par une désaffection des jeunes pour un domaine d'activité qui ne répond
plus à leurs attentes tant professionnelles que personnelles.
Pour inverser cette tendance, les employeurs devront tenir compte des souhaits des
salariés pour organiser leur entreprise.
Un élément à prendre en compte : les salariés refusent de sacrifier leur vie
personnelle et familiale à leur vie professionnelle. Leurs désirs : articuler les
différentes dimensions de leur vie, et retrouver une unité.
Autre facteur qu'il ne faudra pas oublier : une entrée massive des femmes sur le marché
du travail, sans que les entreprises aient remis en cause leur organisation. Sans parler
du nouvel investissement des hommes dans les tâches familiales. A terme, le comportement
d'activité des hommes et des femmes sera le même.
L'employeur devra donc organiser le temps de travail de ses salariés en prenant en compte
ces paramètres dans l'organisation du temps de travail dans l'entreprise.
Dans le futur, on devrait constater une nouvelle approche du métier des CHR, qui sera
vécu pour la plupart des salariés comme un tremplin. Ce qui devrait se traduire par une
entrée massive de personnes qui ne feront pas carrière dans la profession.
Les employeurs recruteront sur le tas du personnel non qualifié qui bénéficiera d'une
formation maison. Pour les plus motivés qui souhaitent faire carrière, il sera possible
d'évoluer dans la hiérarchie de l'entreprise afin d'occuper les postes à
responsabilités.
Autre vivier de recrutement, les étudiants qui trouveront une rémunération pendant la
durée de leurs études. En contrepartie, l'employeur devra proposer des emplois du temps
à la carte à ce type de salariés, compatible avec la poursuite de leurs études.
Cette nouvelle gestion du temps de travail devrait voir réintroduire la pointeuse sur le
lieu de travail ce qui permettrait à l'employeur de mieux optimiser ses besoins en
personnel avec le volume de son activité. Une façon de mieux rationaliser le temps de
travail.
Le système éducatif devra également s'adapter au besoin de flexibilité de la
compétence professionnelle. La mise à niveau des connaissances tout au long du parcours
professionnel prendra le pas sur la formation initiale. En effet une part importante du
temps libre dégagé par la réduction du temps de travail sera consacrée à la
formation.
Les négociations se situeront de plus en plus au niveau de l'entreprise au détriment
d'un rôle dévolu traditionnellement à la branche professionnelle. Ce que l'on constate
déjà à l'heure actuelle, où les syndicats de la profession ne sont toujours pas
parvenus à un accord sur la loi des 35 heures, alors que de nombreuses entreprises du
secteur ont déjà mis en application des accords sur la RTT conclus au niveau de leurs
entreprises.
Le Code du travail, trop généraliste, devrait laisser place aux nouvelles obligations
définies à l'intérieur de l'entreprise. Ce qui ne veut pas dire que tout cadre
juridique va disparaître, mais il prendra en compte les intérêts particuliers des deux
parties.
m Pascale Carbillet
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L'HÔTELLERIE n° 2648 Magazine 13 Janvier 2000