Premier franchisé de la chaîne Sofitel en 1967, l'hôtel Splendid de Nice a finalement choisi de reprendre son indépendance en juillet dernier. Une décision que l'établissement justifie par la nouvelle politique d'Accor qui centralise désormais commercialisation et communication au niveau de l'enseigne. "Nous avons préféré redevenir indépendants pour pouvoir continuer à proposer à la clientèle des services personnalisés. Avec la centralisation des réservations au niveau de l'enseigne, nous perdons aussi les contacts directs avec la clientèle. Et qui peut nous garantir aujourd'hui que Sofitel ne sera par vendu demain... Dans ce contexte, nous n'étions pas prêts à renoncer à notre autonomie commerciale et à couper le contact avec tous nos partenaires locaux. Le Splendid n'est pas un cas isolé puisque l'hôtel Masséna de Nice a également abandonné la franchise Mercure", explique Michel Tschann, directeur de l'hôtel Splendid. Un établissement quatre étoiles qui dispose de 128 chambres. "Nos intérêts ne sont pas forcément tout à fait les mêmes que ceux de la majorité des établissements de la chaîne. Nous attirons par exemple dans notre hôtel une clientèle aisée, à 88 % étrangère. Or, Sofitel n'a pas de programme de fidélisation avec les compagnies aériennes, mis à part Air France. La vente internationale de l'enseigne ne correspond donc pas vraiment à nos besoins", souligne Michel Tschann.
Des versions différentes
"Il est parti trop tôt, commente de son côté Marc Thepot, directeur des
opérations Provence-Alpes-Côte-d'Azur pour Accor. Si au niveau international, nous ne
travaillons pas avec les compagnies aériennes mais plutôt avec les tour-opérateurs et
les agences de voyages, nous avons en revanche totalement réorganisé notre bureau de
vente de Nice, chargé de la promotion de cette ville auprès des clients internationaux."
Bien que les anciens partenaires préfèrent parler d'une séparation à l'amiable plutôt
que d'une rupture, la nuance paraît bien "mince" quand on reprend leurs
discours. Certains événements ne sont pas interprétés de la même façon par les deux
parties. Ainsi pour Michel Tschann, il n'existait pas de litiges sur la qualité de
l'offre dans son hôtel. Si, en 1993, le contrat de franchise avec Sofitel était devenu
un contrat de recommandation, c'était pour "mieux prendre en compte le caractère
propre de l'établissement et éviter les confusions avec le Sofitel Acropolis".
Du côté d'Accor, Marc Thepot donne une version différente : "L'hôtel Splendid
était seulement recommandé par Sofitel car en termes d'équipement, il ne correspondait
pas complètement à notre standard. Il fallait faire des investissements."
Un autre rapprochement
Depuis son retour à l'indépendance, le Splendid a d'ailleurs consenti quelques
investissements mais pour renforcer l'identité de l'établissement et son image d'hôtel
traditionnel. L'hôtel niçois s'est notamment doté d'un nouveau sauna. "Nous
avons aussi renforcé nos liens avec l'association Les Hôtels de la Méditerranée qui
regroupe une dizaine d'hôteliers du quartier des Musiciens à Nice. Chose que nous ne
pouvions pas faire en étant liés avec Sofitel. Nous avons déjà créé notre site
Internet http://www.Nice-hotels.org pour assurer notre promotion", précise
encore Michel Tschann. Les Hôtels de la Méditerranée ont également participé à un
salon en Californie, en étroite coopération avec l'office de tourisme. "Nous
allons, avec cette association, essayer d'établir des plans de fidélisation avec toutes
les grandes compagnies aériennes." Le directeur de l'hôtel Splendid reconnaît
qu'il n'écarte pas la possibilité d'adopter une nouvelle franchise, même si ce n'est
pas encore à l'ordre du jour. Pour le moment, l'établissement compte bien profiter de
son indépendance au maximum pour jouer sur ses particularités et augmenter son chiffre
d'affaires. En 1998, il atteignait les 17 millions de francs pour un effectif de 30
personnes. "Compte tenu de l'attrait que suscite Nice tant au niveau touristique
que pour l'organisation de séminaires ou de congrès, le Splendid peut réaliser de bons
résultats sans être rattaché au groupe Accor. Mais demain, la situation peut changer,
la conjoncture se durcir. Il faut toujours envisager des moments difficiles...",
conclut Marc Thepot. n
Depuis qu'il a retrouvé son indépendance, l'hôtel Splendid s'est rapproché de
l'association des Hôtels de Méditerranée.
En 1998, l'hôtel Splendid a atteint 17 millions de francs pour un effectif de 30
personnes.
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L'HÔTELLERIE n° 2651 Magazine 3 Février 2000