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licence lvspécial bière

Kris le rebelle

Sous le mont de Cats, le village de Godewaersvelde teste par son nom imprononçable la bonne volonté du visiteur d'accepter le fait flamand. Les Lillois, paresseux, disent Gode. Au carrefour Het Blauwershof, une maison modeste et bien coquette. Un signal. C'est l'estaminet entre tous. Kris Mercier, 52 ans, comptable de formation, a pris l'affaire en juillet 1985. Un peu par hasard, avant tout pour prendre sa liberté. "Je ne suis pas né derrière un comptoir. Après le patronage, j'aimais aller chez mon grand-père qui tenait un estaminet à Cappelle. Je ne sais pas si ma vocation vient de là." Il est là pour la liberté, pour gagner sa vie, et pour la cause : "Je suis avant tout flamand, mes enfants sont scolarisés en Flandre belge. Ensuite européen... Je refuse la frontière. Pour moi les Pays-Bas commencent à Gravelines (N.D.L.R. à mi-chemin de Calais et Dunkerque) et s'achèvent à Leeuwarden (la capitale de la Frise néerlandaise)." Chez lui, on parle les deux langues. La bière de la maison, la Blauwersbier (la bière des contrebandiers) est brassée par Van Eycke de Watou, un village frontalier à deux pas, connu pour le goût marqué de sa Hommelbier (mot à mot bière de houblon). "Je m'adapte au goût des clients, il y a donc aussi de la 33 Export et de la Pelforth au tirage", admet-il. C'est un lieu de ralliement des régionalistes flamands. Mais c'est aussi un coin de loisir très prisé des citadins lillois ou dunkerquois le week-end, où on joue en famille au schuiftafel (une table sur laquelle on pousse des palets) et autres jeux dans la seconde salle... On y mange aussi. "Il y a un engouement pour la cuisine populaire flamande comme pour les paillotes corses", commente Kris Mercier. Tout est fait sur place sauf le pot'che vleesch, spécialité locale composée de viande en gelée confectionnée par le charcutier du coin. Le gallodrome, autorisé précise le patron, fonctionne deux à trois fois par ans dans la troisième salle, qui accueille beaucoup plus souvent des groupes de jazz comme de musique flamande, d'ici ou d'ailleurs, pourvu qu'elle pousse à la convivialité. Le problème, quand l'animation est là, est de limiter les entrées. La bière coule à grande écume. Het Blauwershof, c'est aussi un fonds de commerce consolidé au fil des années. n


Kris Mercier, l'écusson de la Flandre sur la poitrine, pas né derrière un comptoir, mais heureux d'y gagner sa vie.


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L'HÔTELLERIE n° 2655 Magazine 2 Mars 2000

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