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m Claire Cosson
© Atelier Proust
Obtenir un rendez-vous avec Bernard
Lambert, le patron du groupe Le Méridien ? Soyons un peu sérieux ! Pour avoir jeté un
coup d'il furtif sur son agenda, on sait bien qu'il s'agit là d'une véritable
gageure. Ce fils de militaire, né en Autriche, n'a pas en effet une seule minute à lui.
"C'est un homme ouvert à toutes les discussions. Reste à lui mettre la main
dessus. Ce qui n'est pas chose aisée", confie d'ailleurs avec humour Alain
Brière, directeur marketing de l'entreprise. De fait, Bernard Lambert, tout juste la
cinquantaine, court sans arrêt d'un bout à l'autre de la planète. La preuve : il passe
annuellement entre 200 et 220 nuits dans ses hôtels. Il n'est pas rare que sa semaine de
travail débute ainsi : lundi, un rendez-vous d'affaires à Hong-kong ; mardi, une visite
chez des partenaires à Singapour ; mercredi, après quelques heures de sommeil dans un
avion, voilà notre homme en Australie qui "bondira" sans mal de Melbourne à
Sydney ; un autre simple saut et le lendemain il atteindra Nouméa. Rencontre avec ses
équipes et puis en route pour Bora-Bora...
Un sacré voyage qui, malgré 23 heures de décalage horaire, n'empêchera pas Bernard
Lambert, le lundi suivant, d'afficher un large sourire au siège social de la société
basée à Londres. A croire que cet amateur de sushis, pudique et assez peu enclin à se
raconter, a un vrai tigre dans son moteur. Comme tout bon bélier qui se respecte, il est
effectivement capable de bouger des montagnes pour mettre en marche ce à quoi il croit.
"Diamant de la couronne"
Et à l'enseigne Méridien, il y croit farouchement ! "On pourrait même penser
qu'il a été chargé de dompter le destin de cette chaîne hôtelière", avouent
certains de ses fidèles. Ce n'est pas un hasard évidemment si Gerry Robinson, self-made
man irlandais, p.-d.g. du conglomérat britannique Granada (groupe présent dans les
médias, la restauration, les loisirs) a décidé de conserver Méridien dans son giron et
l'a tout récemment qualifiée de "diamant de la couronne". D'autant plus
étonnant que le raider d'outre-Manche avait annoncé qu'en cas de succès de son OPA sur
Forte (remporté le 23 janvier 1996), il céderait bon nombre d'actifs dont Méridien.
A cette époque, les investisseurs n'auraient donc pas misé une seule petite livre sur
l'ancienne marque de la filiale d'Air France créée en 1973. Et pourtant ! Aujourd'hui,
la chaîne compte 125 établissements quatre et cinq étoiles dans le monde entier contre
58 en 1994 (date de son premier rachat par Sir Rocco Forte). Mieux encore, elle ne cesse
d'améliorer ses résultats. Au terme de l'exercice 1999, le chiffre d'affaires de la
chaîne a progressé de 5 % à 5 milliards de francs. Quant au bénéfice net
d'exploitation, il a grimpé de 9 % à 1,7 milliard de francs. Pas si mal pour une marque
qui a changé de propriétaire deux fois coup sur coup et ne pesait que 700 millions en
1996-1997.
Reste à savoir pourquoi Méridien est devenue une entreprise à dimension internationale
et le fer de lance du groupe Granada. Sans oublier que cinq hôtels arborant la marque
font désormais partie des 100 meilleurs établissements hôteliers du monde.
"La conjoncture y est certes pour quelque chose. Cependant, je suis persuadé que
la conviction et la passion de Bernard Lambert pour notre produit a aussi très largement
contribué à ce succès", raconte avec une pointe d'émotion Bernard Granier,
directeur du Méridien porte Maillot à Paris et du district France. Et Jacques Lecouls,
responsable des unités de Nice, Monaco, Juan-les-Pins et Malte, d'ajouter : "Il a
su en effet, durant les différentes phases de rachat, maintenir le moral des troupes tout
en préservant l'esprit Méridien et la confiance des propriétaires. Il a également
réussi à fédérer autour de lui des équipes de cultures différentes."
Conquérant
Ayant grandi professionnellement avec Méridien - diplômé de l'école hôtelière de
Nice, il débute sa carrière au sein de la chaîne des hôtels Meurice et entre en 1974
à l'hôtel Méridien Etoile en qualité d'attaché de direction -, Bernard Lambert ne
s'est finalement jamais posé la moindre question quant à l'avenir de l'enseigne qu'il
défend. "Au risque parfois même d'en négliger ma propre famille",
admet-il volontiers, l'il brillant.
En fait, avec cet homme-là, on n'est pas très loin du conquérant qui va toujours de
l'avant. Paris, la Martinique, les Etats-Unis (Boston), le Brésil (Rio), aujourd'hui
Londres, rien n'a arrêté Bernard Lambert pour servir Méridien comme il se doit. A titre
d'exemple, trois mois après son arrivée à Rio, il parlait couramment le portugais.
Tandis que la chaîne s'apprête à finaliser un contrat à Saint-Pétersbourg, notre
homme envisage déjà d'apprendre le russe. Pourquoi se surpasser autant ? Pour défendre
les valeurs d'une enseigne dans laquelle il fonde beaucoup d'espoir et aussi par esprit de
corps.
Car, si Bernard Lambert affirme haut et fort que Méridien est "une niche dans le
plastique américain" et qu'il se targue de diriger l'unique réseau prônant
"des valeurs européennes au goût français", c'est parce qu'il accorde
également une confiance totale à ses équipes. "L'atmosphère inimitable qui
règne dans nos hôtels, ce souci du détail et ce respect du client... tiennent bien
entendu aux hommes et aux femmes du terrain", explique le patron de Méridien.
"Il laisse les individus s'exprimer librement tout en maîtrisant leur fougue.
C'est incontestablement un chef de clan", précise Bernard Granier.
Mise en avant de la marque
De part sa bonne humeur, sa vivacité d'esprit et son sens de la parole donnée, Bernard
Lambert a réussi à entraîner dans son sillage l'ensemble de ses équipes. Il a certes
bénéficié de l'expérience des anciens d'Air France qui sont à l'origine de cette
philosophie hôtelière pas tout à fait comme les autres. Reste qu'il a su reprendre le
flambeau à temps tout en sachant le remettre au goût du jour. Dès cette année, la
chaîne prend en effet un style plus dépouillé en termes de communication. A commencer
par une appellation plus claire et nette : Le Méridien. Finie donc la dénomination
alambiquée qui amalgamait Méridien à Forte Grand... Parallèlement, le code graphique
et couleur va être mis en retrait afin de "booster" la marque.
"Notre ambition consiste à souligner l'élégance décontractée de la chaîne",
indique le patron du marketing. A ce sujet, les peintures de Ken Marianski, qui
identifient l'enseigne depuis plusieurs années, vont se transformer en une signature plus
discrète mais toujours aussi raffinée.
Quant à la French Touch, pas question de l'abandonner. Bien au contraire ! "Il
nous faut en effet nous mettre à la page tout en gardant impérativement nos racines",
commente le président de la chaîne.
Malawi
Méridien va ainsi décliner sa "particularité" française notamment à travers
le développement d'un concept de restauration de bistro chic. "Grâce à notre
collaboration avec Michel Rostang, 12 unités dont La Nouvelle-Orléans, Sydney, Budapest,
Londres, Beyrouth, Paris porte Maillot... prendront un nouveau visage d'ici la fin 2000",
expose Bernard Lambert.
Ce dernier a en fait donné une nouvelle dimension au réseau. "Nous étions une
petite entreprise à dimension nationale au moment de notre acquisition par Forte.
Maintenant, Méridien jouit d'une réelle notoriété internationale", reconnaît
Jacques Lecouls. Et les choses devraient encore s'accélérer au cours des prochains mois.
Sydney, Marrakech, Budapest, Alachir... le nombre d'ouvertures prévues pour l'année en
cours est impressionnant. "Nous tablons sur un minimum de 15 nouvelles adresses en
2000 via des contrats de location ou de gestion", confesse le patron de la
chaîne. Sans compter en janvier, la reprise, à la barbe du groupe américain Starwood,
de 8 hôtels (647 chambres) en gestion au Malawi. Celle également du Mariador à Conakry
en Guinée et d'un cinq étoiles en Lituanie à Vilnius.
En France, Méridien étudie toujours une implantation possible à Marseille, Bordeaux et
Cannes. Mais l'Amérique, où le groupe a récemment acquis un hôtel à Los Angeles pour
la modique somme de 550 millions de francs, demeure bien sûr la priorité des priorités.
L'objectif final étant d'essaimer dans toutes les grandes capitales de ce continent. A
cette cadence, Méridien ne devrait pas avoir de difficultés à afficher au moins 150
établissements d'ici la fin 2000. De quoi faire plaisir à son patron qui devrait
littéralement exploser son compteur de "miles aériens". Même Air France qui
reste d'ailleurs, n'en déplaise à certains, le compagnon de voyage de la chaîne ne s'en
remettra pas ! n
Pays | Lieux | Dates |
---|---|---|
Egypte | Makadi Bay | février 2000 |
Egypte | Sharmel Sheikh | avril 2000 |
Egypte | Alachir | juin 2000 |
Egypte | El Ein El Sokina | novembre 2000 |
Egypte | extension Le Cairo | décembre 2000 |
Australie | Sydney | mars 2000 |
Maroc | Marrakech | avril 2000 |
Hongrie | Budapest | juin 2000 |
Inde | Mumbaï | juin 2000 |
Tchad | N'Djamena | 2000 |
Etats-Unis | San Diego | 2001 |
Israël | Bethlehem | 2001 |
Egypte | Marsa Allam | 2001 |
Inde | Goa | 2001 |
Inde | Cochin | 2001 |
Inde | Malabar | 2001 |
Emirats Arabes Unis | Fujairah | 2001 |
Malawi | Zomba | 2001 |
Malawi | Mangochi | 2001 |
Malawi | Lake Malawi | 2001 |
Egypte | Ras Sudr | 2002 |
Inde | Juhu Beach | 2002 |
Allemagne | Hambourg | 2002 |
Allemagne | Munich | 2002 |
Malaisie | Kuala Lumpur | 2002 |
Egypte | Taaba | 2003 |
Egypte | Taaba | 2003 |
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L'HÔTELLERIE n° 2655 Magazine 2 Mars 2000