m Cécile Junod
Après la reprise du
célèbre restaurant parisien de l'avenue Franklin Roosevelt par des financiers étrangers
et l'arrivée de Michel Roth aux commandes du piano, il fallait donner les moyens à cet
établissement de redynamiser son image et sa prestation gastronomique, tout en conservant
l'âme Lasserre qui fit autrefois sa prestigieuse renommée. "Je n'ai certainement
pas l'intention de tout bouleverser, confiait il y a quelques mois Michel Roth dans
les colonnes de L'Hôtellerie. Je respecte ce qui a été fait, mais il faut
donner un petit coup de jeunesse à cette maison et à sa cuisine... Je quitte le Ritz
pour ce nouveau challenge : apporter un sang nouveau et de nouvelles idées. Nous
proposerons donc une cuisine qui restera de base classique, mais avec des inspirations
évolutives."
Aussitôt dit, aussitôt fait. Michel Roth conserva dans sa carte les recettes qui firent
la réputation de la maison tout en les rajeunissant et les accommodant à sa sauce :
Canette de Challans à l'orange, Pigeon André Malraux, Ragoût 74... Profiteroles au
chocolat, Timbale Elysée Lasserre... A ces plats classiques, il ajouta ses spécialités
: Fine Tarte friande aux truffes fraîches parfumées à l'huile d'amandes douces, Emincé
de homard breton au moelleux de pommes rattes et céleri rave, jus de mer acidulé au
vinaigre de Champagne, Grenadin de bar laqué au miel épicé, Mignonettes d'agneau en
écrin de truffes noires, tatin de navets et fenouil aux pignons de pin grillés... Sans
oublier son Sabayon glacé aux noisettes torréfiées, Fin florentin à l'orange et bien
d'autres délices. Autre grande nouveauté dans la maison, l'apparition le midi d'un menu
d'affaires à 345 francs. Cette "minirévolution" a été instaurée afin de
drainer une nouvelle clientèle.
Aussi pour donner les moyens de réaliser dans de bonnes conditions tout ce bel ouvrage,
la cuisine fut entièrement refaite. Six semaines de travaux et 3,5 millions de francs
furent nécessaires pour mener à bien l'opération. Tout fut cassé et repensé, avec
l'objectif de faciliter les déplacements du personnel et la communication entre les
différents postes. Le travail de réflexion fut mené de concert entre Michel Roth,
Charles Schott, le directeur d'exploitation, et Bernard Viot, un "pro" de la
conception des cuisines.
Autrefois, le fourneau était adossé et placé tout en longueur. D'un bout à l'autre,
les cuisiniers avaient bien du mal à s'entendre et se comprendre, ce qui provoquait
parfois quelques défauts de coordination pour l'envoi des plats.
Un outil de travail performant + le talent de Michel Roth = un tandem de choix
pour relever le défi Lasserre.
Un piano central sur mesure signé Rorgue
Aussi pour enrailler ce problème, Bernard Viot eut l'idée de placer le fourneau en
position centrale, délimitant ainsi de façon claire et logique les différents postes de
cuisson. Cette nouvelle implantation permettait également à Michel Roth de voir de sa
place tous les postes, et ainsi de parfaitement coordonner la mise en route des
différents plats pour un envoi synchronisé.
Le piano, dont l'un des côtés correspond au poste poisson et l'autre au poste viande,
est équipé de 2 plaques à snacker en chrome, 4 feux vifs, 2 PCF, 1 friteuse (pour les
pommes soufflées), 2 grils à barreaux, 1 salamandre, 2 fours et 2 étuves en
soubassement. Par ailleurs, pour faciliter le dressage des assiettes, ce piano comprend,
à son extrémité proche de la zone d'envoi, une large plage chauffante : une astuce de
conception très appréciée par les utilisateurs eux-mêmes. A côté du fourneau, un
autre élément central, aussi pratique qu'ingénieux, a été réalisé sur mesure par
l'inoxier Danguin. Ce meuble comprend en partie basse des tiroirs et placards
réfrigérés pour le stockage des produits piècés, et en partie haute des tiroirs et
étagères neutres pour le rangement des ustensiles. Quant au large plan de travail très
pratique pour diverses tâches, il comprend en son milieu un point d'eau. Placé entre les
postes de cuisson des viandes et la rôtisserie, ce meuble rend d'innombrables services
aux différents cuisiniers.
Un meuble multifonction, tout inox, réalisé sur mesure par Danguin.
A noter également que le fourneau et le meuble en inox, tout en délimitant les
différentes zones de travail, autorisent une communication aisée entre le personnel,
chacun pouvant toujours apercevoir l'autre.
A proximité encore du poste d'envoi, le poste de préparation des hors-d'uvre.
Outre un plan de travail en inox et un soubassement réfrigéré, ce poste compte
également, pour la réalisation des entrées chaudes, une plaque à induction à double
foyer, un petit four mixte 3 niveaux GN 1/1 et une salamandre.
Alors que cette cuisine gastronomique et la laverie se situent au premier étage de
l'établissement, l'arrivée des marchandises se fait au rez-de-chaussée, niveau où se
trouvent également la zone de déboîtage, les diverses chambres froides, la légumerie
et le poste de préparation des poissons. n
Plaque à induction, four mixte et salamandre équipent le poste de préparation
des hors-d'uvre.
1. Fourneau central 2. Meuble froid avec bac 3. Placard mural 4. Meuble d'envoi chaud 5. Meuble d'envoi hors-d'uvre 6. Pont chauffant 7. Etagère d'envoi 8. Rampe à plateaux de service 9. Meuble froid central avec bac 10. Etagère centrale sur colonnettes 11. Tiroirs 12. Batteur 13. Lave-mains 14. Four mixte |
15. Cellule de refroidissement 16. Rôtissoire 17. Deux foyers électriques 18. Steam 19. Deux foyers électriques 20. Meuble froid avec bac 21. Salamandre 22. Four mixte 23. Table à induction double foyer 24. Salade chef 25. Trancheur 26. Micro-ondes 27. Cutter |
Les points forts de cette cuisinem Son implantation rationnelle permettant au
chef de surveiller en même temps tous les postes : cuisson, préparation des
hors-d'uvre et envoi. |
Choix des équipementsFourneau sur mesure Rorgue |
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L'HÔTELLERIE n° 2655 Magazine 2 Mars 2000