m Delphine Henriet
Force est de constater que la
France suscite bien des convoitises de la part des acteurs locaux et des investisseurs
anglo-saxons : la course aux parts de marché a commencé. Dans ce contexte, le groupe
Partouche, leader français des jeux devant le groupe Barrière, n'est pas en reste
puisqu'il est aujourd'hui à la tête de vingt-trois casinos en France dont le Lyon Vert,
premier casino français, qui génère chaque année un PBJ de 48.8 millions d'euros, et
de cinq à l'étranger. Après l'ouverture du casino de la Cité Internationale prévue en
avril prochain, il comptera vingt-quatre établissements en France.
Son arrivée précoce sur le marché des jeux, concrétisée en 1974 par le rachat d'un
premier établissement à Saint-Amand-les-Eaux, constitue un premier pas décisif par
rapport aux sociétés exploitantes de casinos récemment créées. Prime au premier
entrant, cette stratégie offensive et avant-gardiste explique que le groupe soit
aujourd'hui à la tête d'un portefeuille prestigieux d'établissements, rachetés à des
niveaux de valorisation inférieurs, en moyenne, à ceux d'aujourd'hui.
Inflation des dernières transactions
En effet, si le marché des jeux en France n'est pas encore mature, que les indépendants
sont nombreux (35 %), son potentiel de développement est intégré par le marché et
explique l'inflation des dernières transactions, certains opérateurs n'hésitant pas
aujourd'hui à racheter un casino jusqu'à deux fois son PBJ.
L'avènement des MAS dont le niveau élevé de rentabilité opérationnelle (le groupe
Partouche, Moliflor et l'Européenne de Casinos dégagent une marge d'exploitation
supérieure à 30 %) explique la croissance des résultats des casinotiers, malgré un
niveau de prélèvements fiscaux en France de l'ordre de 55 %. Un moteur de croissance
essentiel pour le groupe Partouche à la tête aujourd'hui de 2 179 machines réparties
qui génèrent chaque année un PBJ de 312.5 millions d'euros (contre 36.5 ME pour les
jeux traditionnels et un CA de 41.4 ME pour les activités annexes).
Tenir compte du potentiel de chaque marché national
Le succès des bandits manchots est une spécificité nationale, qui ne fait pas
l'unanimité sur l'ensemble des marchés internationaux soit parce que le consommateur
local préfère les jeux traditionnels, soit parce que la réglementation nationale
interdit leur exploitation comme c'est le cas en Belgique. Conscient du potentiel que
constitue le marché national, le groupe Partouche en a fait sa priorité en menant une
stratégie offensive de croissance externe, qui est toujours un axe de développement
privilégié par la société et qui s'est d'ailleurs concrétisée récemment par une
prise de participation majoritaire, à l'automne, dans la Société Française de Casinos,
propriétaire de trois établissements. La seconde étape du développement du groupe
Partouche, à compter de 1987, a été l'installation de MAS dans l'ensemble de ses
établissements.
Aujourd'hui, sa croissance à l'échelle nationale passe notamment par sa candidature aux
appels d'offre lancés par les municipalités qui, devant le succès des casinos,
n'hésitent plus à doter leur ville d'un casino, générateur d'importantes recettes
fiscales.
Plus spécifiquement, le groupe Partouche a volontairement pris des positions clefs dans
certaines villes de France, qui offrent, selon lui, un potentiel de croissance important.
C'est le cas de Lyon, où la société a investi 41.2 millions d'euros pour la
construction d'un complexe hôtel-casino de Cannes (300 jours de congrès par an) qui
constitue également une priorité stratégique pour le groupe par le biais de l'hôtel
Carlton doté d'une salle de jeux et très certainement à terme du Palm Beach, le groupe
Partouche projetant de transférer, dès l'obtention de l'accord du ministère de
l'Intérieur, sa licence de jeux du Carlton au Palm Beach.
Etendre les partenariats hôteliers et les activités annexes aux jeux
Si l'international constitue également un axe de développement, la société y avance
prudemment. Après la construction d'un casino à Djerba, qui devrait être bénéficiaire
en 2000 et l'ouverture cet été d'un établissement en Espagne, le groupe n'exclut pas
d'autres incursions dans le Bassin méditerranéen, en Argentine et a également
participé à l'appel d'offres lancé par l'aéroport de Francfort. Dans le même temps,
les partenariats avec certains groupes hôteliers, comme c'est le cas à Bucarest avec
Hilton, sont également privilégiés.
A moyen terme, d'autres évolutions sont à attendre dans l'industrie des jeux. Il s'agit
du développement des activités annexes, notamment la restauration thématique qui
constitue un produit d'appel efficace pour capter de nouveaux consommateurs.
Dans le même temps, si l'intensification de la concurrence et la dynamique sectorielle
valident le succès des casinos en France, son corollaire est l'adoption de techniques de
fidélisation pour conserver et développer ses parts de marché. Le groupe Partouche a
développé un système de carte de fidélité dans ses établissements, qui permet
d'obtenir des points convertibles en cadeaux ou en jetons. Ajoutons à cela l'organisation
d'événementiels qui sont susceptibles d'attirer une clientèle nouvelle et de
manifestations thématiques régulières (en partenariat avec les tour-opérateurs, les
associations de retraités, les comités d'entreprise...) qui permettent de drainer des
consommateurs, notamment en semaine, en période creuse.
En termes de résultats, le groupe Partouche vient d'annoncer des résultats meilleurs que
prévus avec un chiffre d'affaires de 210.7 millions d'euros, en progression de 16.9 %,
supérieur au consensus, qui tablait sur une croissance de l'activité de 14 %. Le
résultat d'exploitation ressort à 66.5 ME, une hausse de 22 %, qui correspond à une
marge opérationnelle de 31.6 % en amélioration de près d'un point et demi par rapport
à l'exercice 1997/98 (30.2 %). In fine, le résultat net part du groupe s'établit à
25.2 ME (+14.5 %), soit 30.5 ME après correction des survaleurs, soit un BPA (bénéfice
par action) de 4.9 euros et un PE (price earning) de 14.5 (contre 14.6 pour l'Européenne
de Casinos). Pour 1999/00, le CA devrait atteindre 233.6 ME et le résultat net au moins
27.1 millions d'euros (BPA de 5 euros après correction des survaleurs).
Une valeur de 71.9 euros
Concernant le parcours boursier de l'action le groupe Partouche, qui a été transféré
au Règlement mensuel en 1999, après une envolée récente à la suite de l'obtention de
l'autorisation des jeux pour la Cité Internationale de Lyon, la valeur s'est consolidé
passant de 89.9 euros à 71.9 euros, avant la publication des résultats annuels du
groupe. Sur la base d'un gearing 1998/99 de 50 %, le groupe Partouche a la possibilité de
réaliser d'autres acquisitions et céder sa partie immobilière détenue par son holding,
pour générer le cash nécessaire pour une opération d'envergure avec un appel possible
au marché, l'occasion d'augmenter le flottant (part de capital détenue par le public)
qui se limite aujourd'hui à 12.2 %. *
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L'HÔTELLERIE n° 2655 Magazine 2 Mars 2000