m Olivier Marie
La vitrine constitue le premier contact avec le
client. Il s'arrête s'il la trouve originale ou poursuit sa route si celle-ci reste trop
banale. Autant que cette dernière soit agréable, bien agencée et attrayante. Teddy
Botrel, jeune artiste rennais de 29 ans, l'a bien compris. Depuis quelques années, il met
son talent au profit des vitrines des bars, restaurants ou hôtels de la capitale bretonne
et d'ailleurs. "J'en ai peints au Mans, dans les Côtes-d'Armor et bien entendu
ici sur Rennes." Et les occasions se multiplient. On ne compte plus en effet les
fêtes multiples auxquelles les bars ou restaurants participent : Halloween, carnaval,
Noël, manifestations locales, etc. L'occasion pour Teddy Botrel de sortir ses pinceaux.
"En fait, je suis arrivé tout à fait par hasard dans ce milieu,
raconte-t-il. C'est un ami barman qui une fois m'a demandé de lui décorer sa vitrine.
Je l'ai fait et cette approche m'a tout de suite intéressé." Avant d'entamer sa
peinture, Teddy travaille en amont avec le propriétaire. "Je mets tout d'abord en
place la thématique, explique-t-il. Nous en discutons ensemble, mais la plupart du
temps, les gens me font confiance." Cette thématique impose une connaissance du
produit, de la fête ou de l'établissement. "Je dois défendre leur produit en
conciliant le pictural." Puis, le moment venu, arrive la réalisation.
Du dessin à la fresque
Teddy réalise tout aussi bien de petits dessins comme des fresques de 40 mètres de long
à l'image de ce qu'il a fait pour la Taverne de Maître Kanter de Rennes. "Ce qui
a représenté 15 jours de travail." Après avoir tracé les grandes lignes de
son dessin au crayon gras, le jeune artiste utilise de la peinture à huile. "Cette
technique donne au dessin plus de brillance et davantage de netteté dans les couleurs."
L'uvre reste sur la vitrine "au minimum deux mois". Et ici, sur une
vitrine, sous le regard des passants et du propriétaire, le premier coup de pinceau doit
être le bon. Mais avec les années, Teddy a pris de l'assurance et ses commanditaires
également. Son marché sur Rennes et ailleurs s'est notamment élargi. "Le bouche
à oreille fonctionne bien" et les Transmusicales de Rennes lui ont apporté
encore quelques clients. "En fait, il me faudrait environ 200 vitrines pour être
bien", reconnaît-il. Et pour lui le respect du client compte avant toute chose.
"Même si les thèmes reviennent d'une année sur l'autre, je ne réalise jamais
deux fois le même dessin. Il n'existe pas deux vitrines identiques."
La concurrence s'installe
Sur Rennes, cette pratique du dessin fait des adeptes. Quatre artistes à l'image de Teddy
se partagent le marché, "et on a vu aussi des étudiants des beaux-arts venir s'y
essayer". Autant dire que cette arrivée n'a pas été vue d'un très bon
il. "Mais il leur faut davantage d'expérience. On ne peut pas se tromper
ici."
Teddy commence à acquérir une petite notoriété sur la place et ailleurs. Sa recette ?
Une bonne technique, des idées originales et des prix abordables. "Je demande de
350 à 2 500 francs pour les dessins. Le dernier prix concerne une fresque de 5 mètres."
Un bar rennais lui a même confié la réalisation d'une frise extérieure. Mais ici à
même le mur, et non plus sur la vitrine. Lorsque l'art rime avec promotion commerciale,
tout le monde y trouve son compte. Artiste, propriétaire et client. *
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L'HÔTELLERIE n° 2660 Magzine 6 Avril 2000