m Sylvie Soubes
Ne s'improvise pas cybercafé qui veut. Un certain nombre de professionnels l'ont constaté à leurs dépens. Si les années 1995 et 1996 ont vu fleurir de nouveaux types d'établissements estampillés web, peu jusqu'à présent ont survécu. Internet n'est pas une activité comparable au PMU ou aux jeux de grattage. Parce que l'aventure ne fait que commencer, s'équiper relève d'abord de la passion. Mais être féru d'Internet ne suffit pas pour transformer le concept en succès sonnant et trébuchant. Selon Stéphane Ajzner, responsable informatique de l'Internet Café, rue de Vaugirard, à Paris, un investissement matériel trop important ou mal approprié a souvent été à l'origine de fermetures ou abandons. Créé en décembre 1995, l'Internet Café s'est inspiré à l'époque des modèles britanniques en prenant soin de rester modeste.
80 % d'étrangers
Quatre écrans et une petite surface commerciale située à proximité d'une université.
"Nous pensions attirer les étudiants, mais nous nous sommes aperçus très vite
que les personnes intéressées par le Net étaient principalement des étrangers."
Dans cet établissement, 80 % des internautes, voire 90 % en fonction de la saison, sont
effectivement des étrangers. "Il n'y a pas de temps moyen de connexion. Ils
restent aussi bien 10 minutes que plusieurs heures." Les tarifs appliqués sont
raisonnables : 1 F la minute, 50 F l'heure, 200 F l'abonnement de 5 heures valable trois
mois, 200 F pour une formation logiciel plus navigation. Quels sont les types de connexion
? "Les gens viennent beaucoup pour du courrier électronique et il y a une partie
jeu non négligeable. Quant aux étudiants, ils viennent en définitive uniquement pour
déjeuner."
L'Internet Café a choisi dès le début l'option restauration rapide. Il fonctionne
d'ailleurs avec une licence 1. Ouvert de 10 h 30 à 20 heures, l'établissement alterne
internautes et amateurs de frites. "Les gens qui s'installent devant les écrans
commandent une boisson. Rares sont ceux qui mangent en même temps." Le cadre,
sobre et fonctionnel rappelle davantage l'atmosphère d'un bureau que celle d'une
sandwicherie. Ici, la photocopieuse joue du coude à coude avec le congélateur à
esquimaux. Les micro-ondes et autres fours électriques regardent de front des affiches
publicitaires consacrées aux sites récemment lancés. Stéphane Azjner travaille en
famille, notamment avec son frère Thierry. Si Stéphane enfile aussi le tablier blanc du
serveur entre midi et deux, c'est lui qui a la charge du parc informatique. "Nous
avons commencé avec quatre PC et nous en sommes à six. Pour la surface, c'est un
maximum. La maintenance du matériel et l'information au client occupent la majeure partie
de mon temps. Même les personnes qui connaissent Internet ont parfois du mal quand il
s'agit d'un matériel différent de celui qu'ils utilisent à leur bureau ou chez eux. Il
faut toujours être disponible comme il faut pouvoir gérer rapidement tout type de pannes".
Pas d'alcool
Comment les internautes se procurent-ils l'adresse ? "Nous avons un site de
présentation* mais c'est surtout le bouche à oreille qui fonctionne. Les journaux qui
évoquent les cybercafés parlent fréquemment de nous. Au bout de cinq ans, on a fini par
être connu." Stéphane Azjner reconnaît que les deux premières années ont
été dures, selon la formule consacrée. "Aujourd'hui, nous allons ouvrir un
deuxième établissement dans le quartier de l'Odéon, sans la restauration. Nous
servirons des boissons sans alcool uniquement. L'association Internet et boissons
alcooliques ne me paraît pas très bonne." Autre constat : "Il faut
parler l'anglais couramment quand on propose Internet. Croyez-en mon expérience, c'est
indispensable." n
* Adresse du site : www.perso.cybercable.fr/planet
En chiffresm 6 écrans |
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L'HÔTELLERIE n° 2664 Magazine 4 Mai 2000