m Sylvie Soubes
Effectuée l'an dernier par
l'Institut Obsand à la demande du Bureau national de l'interprofession du cognac, cette
étude vise à faire ressortir les grandes lignes de la consommation de cognac en France
"en termes de comportements, d'attitudes et de motivations des Français",
sachant qu'une reprise des ventes s'est confirmée depuis 1995. Cette enquête a été
réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1 202 personnes, âgées de 18 ans
et plus.
Deux constats d'entrée de jeu, qui s'inscrivent dans un contexte déjà connu : sur une
période de cinq ans, le nombre de consommateurs total est stable mais le nombre de
consommateurs réguliers est en chute de 42 %. "Cette décroissance de la
consommation régulière apparaît surtout chez les moins de 34 ans",
commente-t-on. Un peu plus loin, l'enquête révèle que le consommateur de cognac est
plutôt masculin, légèrement plus âgé et moins représenté chez les personnes seules
que pour les autres alcools type whisky. En revanche, ses origines sont mieux connues que
pour d'autres alcools : "78 % savent qu'il est issu de la vigne et élaboré comme
une eau-de-vie, 56 % l'associent aux Charentes, 40 % le définissent par son âge, 20 %
par le terroir et 57 % sont capables de mémoriser le type de cognac de leur bar."
Le BNIC souligne que "dans l'esprit de ces Français, le cognac n'est pas associé
à une consommation excessive d'alcool ni aux repas trop arrosés". Important.
Symbole de convivialité
Le cognac est "lié aux plaisirs" et sa consommation porte en elle une
"dimension sociale". "Il symbolise la convivialité entre amis
(88 %), les fêtes exceptionnelles (83 %), les réunions familiales (80 %)." Nous
sommes ici dans l'image traditionnelle du cognac ; or l'enquête montre clairement que le
cognac sur glace "en progression chez les moins de 35 ans", ou allongé,
correspond à une consommation moderne de l'eau-de-vie. Ces modes de consommation étaient
"inexistants en France il y a 20 ans", alors qu'ils représentent une
bonne part du marché. Un marché plus dynamique au domicile qu'en hors domicile, sachant
que le cognac est à l'heure actuelle deux fois plus consommé dans les restaurants que
dans les cafés en dehors des repas. On note à ce niveau que "l'après-dîner et
la soirée restent les temps forts de la dégustation". Interrogés sur la baisse
de consommation, les Français "l'attribuent à une absence d'incitation
extérieure", de "maintien à l'esprit du produit". Deux notions
reviennent : soit les gens n'y pensent pas, soit personne de leur entourage n'en boit.
Autres chiffres intéressants : 72 % des Français se disent toujours concernés par le
cognac, 62,1 % en apprécient le goût, 53,6 % estiment que cette boisson permet de
terminer une soirée agréablement, 37,6 reconnaissent en lui un produit de qualité, 5,5
% que c'est un luxe, 12,5 % aiment la force de cet alcool. n
78 % des Français savent que le cognac est issu de la vigne et élaboré comme
une eau-de-vie.
Pratique Quelques idées de serviceSelon les spécialistes, les grands cognacs se dégustent purs, dans un verre en
forme de tulipe notamment. Cette "forme permet de retenir les arômes"
puis de les "libérer avec finesse", le "couple idéal"
étant alors de l'apprécier avec un cigare. Certaines marques, rappelle très justement
le BNIC, "déclinent d'ailleurs des cuvées spéciales cigares".
Généralement superbes. Pour les amateurs de café, un trait de X.O. dans un "excellent
café" offre également beaucoup de satisfaction. En remontant un peu dans la
progression d'un repas, certains desserts au chocolat ou aux amandes, ou encore des tartes
aux abricots ou à l'orange s'harmonisent parfaitement avec un V.S.O.P. ou un X.O.
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Le Bureau national interprofessionnel du cognac et l'Association des barmen de France ont mis en place un concours de cocktails assez original puisque les recettes gagnantes doivent évoquer dans leur "composition" et leur "titre" les "émotions, sensations et frissons du polar". Un hommage, vous l'aurez compris, au Festival du film policier de Cognac. Pour cette édition, dix candidats, tous membres de l'ABF et issus de différentes régions, se sont lancés à la recherche d'un cocktail qui devait comporter "2 cl minimum de cognac mais pas plus de 7 cl d'alcool au total, 5 ingrédients (y compris traits et gouttes) et qui soit réalisable en 7 minutes maximum". Dénouement : Jean-Claude Hugou, barman de l'Ubu Club à Toulouse, a remporté la première place avec Amour sanglant. Jacky Marchon, du Landais Club à Bordeaux, est arrivé deuxième avec Flagrant délit et Christophe Neufcur, de l'hôtel Santa Fe Disneyland Paris, a obtenu la troisième place avec Quai des orfèvres. Amour sanglant était le cocktail du Festival de Cognac 2000 qui se déroulait cette année en avril.
Amour sanglant :
w 4 cl de cognac
w 2 cl de cherry
w 1 cl de liqueur de vanille
w 7 cl de jus d'orange sanguine
Préparer au shaker, décorer avec de l'orange.
Flagrant délit :
w 4 cl de cognac
w 1 cl de liqueur Bénédictine
w 2 cl de liqueur de pêche du verger
w Finir au tonic
Préparer au shaker, décorer avec de l'orange, du citron et du raisin.
Quai des orfèvres :
w 4 cl de cognac
w 1 cl de sirop de cassis
w 11 cl de jus d'orange frais
w 1 goutte d'Angostura bitter
w 2 cl de Apricot brandy
Préparer au shaker, décorer avec de l'orange, une cerise au marasquin et 3 feuilles
d'ananas.
Osé mais réussi Le cognac aux truffesChristophe Lége, barman et assistant de Colin Fiedl au Bar Hemingway du Ritz, à Paris, a eu l'idée de faire macérer des truffes entières dans du cognac. "Un mariage subtil alliant la rondeur et la souplesse du cognac au parfum de la truffe noire du Périgord". Il fallait oser. Le résultat ? Un cocktail de saveurs. Les habitués en raffolent. Prix de vente du cocktail : 250 F le verre. Avec luxe et gourmandise. |
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L'HÔTELLERIE n° 2664 Magazine 4 Mai 2000