m Claire Cosson
La pollution, ça n'arrive
pas qu'aux autres ! Si l'industrie chimique demeure l'un des secteurs qui polluent le plus
l'eau, le tourisme contribue lui aussi à bon nombre des "maux" de la terre.
Réunis au mois de décembre dernier à Chamonix à l'occasion du premier sommet mondial
du tourisme, 250 experts ont admis que "cette activité, véritable
phénomène social, ne peut plus être gérée avec, pour seule préoccupation la
rentabilité économique, mais qu'elle doit prendre en compte les autres composantes du
développement durable que sont l'environnement, les enjeux écologiques, la cohésion
sociale et l'authenticité culturelle."
De fait, le tourisme qui représente 12 % du PIB mondial et 8 % des emplois a
véritablement de quoi souiller la nature. A commencer par l'excès de bétonnage sur
certaines côtes. Sans oublier les tonnes de déchets (cartons, bouteilles en verre ou en
plastique...) rejetées par ce type d'entreprise, les litres d'huiles usagées en
provenance des cuisines, les milliers de m3 d'eau utilisés dans les blanchisseries...
Qu'on le veuille ou non, l'hôtellerie et la restauration salissent profondément
l'environnement.
Reste que la profession semble avoir bel et bien pris conscience de cette situation. Ce
n'est pas un hasard d'ailleurs si l'Association internationale de l'hôtellerie et de la
restauration (IH & RA) a lancé depuis quelques années un prix annuel pour
l'environnement. Prix qui rencontre un succès considérable puisqu'en 1999 un nombre
record d'hôteliers verts, 82 en tout, s'est présenté à ce concours. "Cela
traduit le sentiment croissant de responsabilité dans notre secteur afin que notre
activité se développe de manière durable, en harmonie avec l'environnement",
déclare du reste Michaël Nowlis, directeur général de l'IH & RA.
Civisme
Et chose nouvelle, tout le monde paraît s'intéresser à ce problème, aussi bien les
grands opérateurs mondiaux que les petites sociétés indépendantes. "L'environnement
est la matière première de nos métiers d'hôtellerie et de tourisme", ne cesse
ainsi de rappeler Jean-Marc Espalioux, président du directoire d'Accor.
Une attention à la nature d'autant plus impérative que la clientèle se montre, de nos
jours, très sensible à ces questions. S'engager en faveur de l'environnement, c'est en
effet faire preuve de civisme et marquer sa différence par rapport à la concurrence.
"Il faut, dès maintenant prendre en compte le développement du phénomène de
société qu'est la sensibilité grandissante à l'environnement, à l'écologie",
souligne Bruno Percepied, propriétaire de l'Hôtel du Golf de Valescure.
Défendre la nature ne doit cependant pas être un vain mot. Coller une soi-disant
étiquette "écolo" sur sa devanture ou participer au sauvetage des bébés
phoques ne suffit guère à convaincre les foules, ni même à redorer son blason auprès
du grand public. Mieux vaut effectivement aller au bout de la démarche. Autrement dit,
adopter une réelle politique environnementale. Ce qui signifie efforts financiers,
formation du personnel et implication locale suivant les cas.
Plusieurs groupes hôteliers ont saisi ce message et se sont largement investis dans la
voie "verte". A tel point d'ailleurs que quelques-uns, comme Inter-Continental
(propriété du Britannique Bass) par exemple, ont créé des rapports spécifiques
résumant les actions menées par l'entreprise en matière d'environnement.
Charte de qualité environnement
A travers ce document (accessible aux actionnaires), la chaîne énumère de manière
précise ses objectifs en termes d'écologie. On apprend ainsi qu'Inter-Continental est
parvenu à réduire de 1,5 % sa consommation d'énergie totale en 1998. Mieux ! Que les
établissements participant aux opérations "vertes", grâce à une politique de
tri appropriée, ont permis de diminuer le volume de déchets à traiter... Sans compter
que les équipes des hôtels de Bass Hotels & Resorts participent à différentes
actions locales (nettoyage de lieux touristiques, plantation d'arbres...).
Les hôteliers indépendants ne sont pas en reste dans ce domaine. Le cas de l'Hôtel du
Golf de Valescure illustre bien l'implication de plus en plus fréquente de la profession
dans l'écologie. "Engagés depuis quelques années dans une démarche qualité,
nous avons choisi de pousser plus loin notre action", avoue Bruno Percepied,
patron du site concerné. Et d'ajouter : "D'autant que notre clientèle est
sensible à l'environnement. Nous avons donc été amenés à répondre à cette légitime
demande".
Après avoir effectué des audits auprès d'experts (Jean-Pierre Giraudonconsultant au
service ARIST de la CRCI PACA et Bertrand Le Goiner consultant au service environnement de
la CCI du Var), l'hôtel a reçu un diagnostic "environnement". Fort de ces
recommandations, le propriétaire a établi un plan d'action qui s'est matérialisé par
une charte de qualité écologique, opérationnelle depuis février 2000. Des paroles qui
loin de n'être que belles s'accompagnent d'actes concrets. L'Hôtel du Golf de Valescure
s'est en effet investi dans cette aventure (~ 50000 F sur la première année).
Linge de toilette
"On n'hérite pas de la terre, on l'emprunte à ses enfants" est devenu
sa maxime. Concrètement, l'entreprise entretient son parc, ses jardins et la forêt
avoisinante en prenant conseil auprès de l'Office national des forêts. Elle a également
équipé toutes ses chambres d'un thermostat individuel pour climatisation chaud-froid et
utilise progressivement des ampoules économiques.
La production d'eau chaude, indépendante du chauffage, est assurée par énergie
solaire. "Nous ne changeons le linge de toilette qu'à la demande expresse du
client, en raison de la pollution de l'eau engendrée par la lessive et des nécessaires
économies d'eau en pays méditerranéen", précise Bruno Percepied. Sans oublier
la mise en place d'un système de tri des déchets avec récupération du verre, du papier
et des huiles.
Une politique environnementale très avancée pour un indépendant, souvent livré à
lui-même, mais qui est devenue un fer de lance pour le groupe Accor. Voilà des années
en effet que la compagnie française se préoccupe des questions d'environnement. Au
sommet de Rio en 1992, Gérard Pélisson et Paul Dubrule ont décidé de créer un
département environnement dont la direction fut confiée à Thierry Mueth. Depuis, l'eau
a coulé sous les ponts. "Innovation d'abord, l'écologie est aujourd'hui une
nécessité pour notre secteur d'activité", confie le patron du département
environnement, dont le service compte désormais 3 postes et demi, une quinzaine de relais
internationaux et un collaborateur à temps complet en Nouvelle-Zélande et en Australie.
Gestion sélective des déchets
Suite à la publication d'un premier document énumérant les problèmes liés au respect
de la nature dans le cadre de l'exploitation d'un hôtel-restaurant, Triera bien qui
triera le dernier, Accor est passé de la théorie à la pratique. En impliquant, bien
entendu, l'ensemble de ses collaborateurs. A commencer par une gestion sélective des
déchets au siège de la compagnie, à Evry dans l'Essonne.
Pour réussir cependant à faire adhérer la majorité de ses équipes opérationnelles,
une Charte environnement de l'hôtelier a été mise en place dans les établissements de
la société. Moyen efficace pour sensibiliser l'ensemble des individus (clients comme
membres du personnel), cet élément s'accompagne d'un manuel de formation intitulé le Guide
de l'environnement. Un outil pédagogique indispensable pour s'engager dans une
véritable chasse à la pollution. Il comprend quinze actions concernant la gestion et le
recyclage des déchets (collecte sélective des papiers de bureau, journaux, des
cartouches d'encre...), le contrôle technique des installations de chaque établissement
(consommation d'eau, d'énergie...), l'architecture et le paysage, la formation et la
sensibilisation. Les quinze actions doivent être réalisées sur deux ans par les
équipes des hôtels concernés. Grâce à cette démarche, Accor espère parvenir à
réduire, réutiliser et recycler 30 % des déchets générés par chaque unité.
Un grand pas en avant au profit de la Terre qui ne s'arrête pas en si bon chemin. La
compagnie travaille également à la conception de nouveaux bâtiments, la mise en avant
de labels écologiques européens (référencement de fournisseurs pour le linge des
chambres par exemple ou bien encore le développement de l'utilisation de l'énergie
solaire et la promotion des véhicules électriques). Mais le géant hôtelier se mouille
encore davantage en faisant coïncider sa politique environnementale avec des opérations
locales.
Action "verte" extérieure à l'hôtel
Autrement dit chaque responsable d'hôtel doit prévoir sa participation à une action
"verte" extérieure au cadre de son établissement.
Les 18 et 19 octobre dernier, 80 personnes du Novotel Futuroscope, Mercure et Relais
Mercure de Chasseneuil du Poitou, Mercure Niort, Frantour Futuroscope, Ibis
Châtellerault, Ibis Futuroscope, Ibis Poitiers centre, Ibis Poitiers sud, Ibis Niort,
Ibis La Rochelle, Etap'Hôtel de Chasseneuil-du-Poitou, Etap'Hôtel de Poitiers sud,
Formule 1 de Chasseneuil-du-Poitou et Formule 1 Poitiers Sud, ont retroussé leurs manches
pour participer à un chantier d'entretien dans le Marais poitevin.
"Personnel de salle, cuisiniers, techniciens de maintenance, réceptionnistes,
directeurs, commerciaux... tout le monde a mis la main à la pâte pour débroussailler la
végétation, récupérer et évacuer des produits de laisse, créer un radier en bois
sous un ouvrage hydraulique et déboucher les tuyaux PVC envasés", raconte
Didier Raquet, directeur de l'Ibis Futuroscope. n
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Comment mettre en place le recyclage dans votre hôtel ?Chambres Restaurant et bar Cuisines Services fonctionnels |
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L'HÔTELLERIE n° 2664 Magazine 4 Mai 2000