A Toulouse, The Frog & Rosbif*, a soufflé sa deuxième bougie cette saison. John Foy, le patron, né à Newcastle il y a presque 50 ans, longtemps commerçant en Angleterre (bricolage et décoration), puis maçon en France où il est arrivé en 1988, rêvait depuis des années d'ouvrir un pub et de brasser la bière qu'il sert en dépit du coût relativement élevé d'un laboratoire et du matériel nécessaires à la fabrication du breuvage (1,20 MF). Il s'y colle en général deux jours par semaine, de 7 h 30 à 14 heures, et produit chaque fois plus de 950 litres de bière. Il fait tantôt de l'ambrée, de la rousse, de la brune, de la blonde et, depuis quelques semaines, de la blanche. Cette dernière fait un tabac auprès des clientes, traditionnellement moins portées sur la bière que les garçons, sauf, semble-t-il, quand elle est blanche. La matière première, dont le houblon, provient de divers pays européens cependant. Elle est livrée depuis l'Angleterre par un négociant spécialisé. "J'ai fait de nombreux stages pour apprendre à brasser la bière. Ce n'est pas facile et c'est très physique. Je n'aurais pas réussi dans cette entreprise, qui représente un investissement de 3 MF, sans l'aide de mes associés anglais. Ils ont déjà ouvert deux établissements à Paris, en 1994, sur le même concept et au même nom, Frog & Rosbif, en passe de devenir une chaîne."
John Foy, patron de l'établissement, a effectué de nombreux stages pour
apprendre à brasser la bière. Ce n'est pas facile et c'est très physique.
100 % British, 100 % ludique
Situé en ville, à deux pas des boulevards, le pub de John Foy occupe 250 m2, dont 160 m2
d'espace public, emploie 7 personnes et réalisera cette année un chiffre d'affaires de 3
à 4 MF. La disposition des lieux en longueur est marquée par un immense bar en acajou
massif, une décoration et un mobilier de qualité (beaucoup de boiseries, un beau
parquet...). De grands fûts, placés au fond de l'établissement, montrent que la bière
est fabriquée sur place. Cette dernière est en grande partie servie par pichets de 4
pintes (soit 2,3 litres), vendus au prix de 120 F. Certains consommateurs trouvent que ce
n'est pas donné, mais la bière est de qualité et l'endroit franchement dépaysant. Il
est fait pour transporter les consommateurs de l'autre côté de la Manche : des serveurs
aux produits (liqueurs, chips et autres cidres) tout est anglais et écrit en anglais, des
tableaux annonçant les animations de la semaine et à la lettre mensuelle The Frog
annonçant les animations du mois (musique, retransmissions sportives, soirées à
thème). "Les Toulousains apprécient beaucoup cette ambiance, ils veulent que ce
soit typique. On voulait sortir la lettre dans les deux langues, mais on y a renoncé.
Ceux qui ne comprennent pas l'anglais demandent ce qui est écrit, ça permet d'engager la
conversation", se félicite Ken O'Reilly, responsable de l'animation et du bar.
Sur le plan commercial, the Frog & Rosbif fait beaucoup pour fidéliser sa clientèle.
Des cartes donnant droit à des réductions de tarif (de l'ordre de 15 %) sont ainsi
systématiquement offertes aux visages nouveaux. Chaque pinte et chaque pichet de bière
commandés donnent par ailleurs droit à un coup de tampon. Quand toutes les cases de la
carte sont pleines, des consommations gratuites sont offertes. Il en va de même en cas
d'anniversaire, de sorte qu'il y en a de plus en plus souvent qui se fêtent au pub.
"Les Toulousains apprécient beaucoup cette ambiance, ils veulent que ce soit
typique."
Fish and chips et yard of ale
Côté animation, le pub s'est entendu avec les restaurants situés dans la même rue que
lui, Le New Delhi et Le Bouchon Lyonnais, qui lui permettent de proposer, les lundis et
mercredis, des menus à 79 F (fish and chips ou poulet au curry avec une pinte de
bière).15 à 40 couverts sont généralement servis, sauf les soirs de grands matchs, où
la fréquentation est beaucoup plus élevée, bien sûr. Le pub retransmet en effet sur 3
écrans de TV, de nombreuses rencontres sportives se déroulant en France comme en
Angleterre : football, rugby, cricket, boxe, etc. Les sportifs en pantoufles y viennent
nombreux, surtout quand des Français sont opposés à des Anglais, pour encourager les
leurs dans une ambiance bon enfant. Et pour cause : un client du pub sur trois est un
sujet de Sa Gracieuse Majesté. Autres moments forts, judicieusement placés les jours les
plus creux : le mardi (soirée étudiante, avec consommations à tarifs réduits), le
dimanche soir (jeu de quizz), et plusieurs fois par semaine, de manière improvisée, le yard
of ale qui permet, à condition d'avoir un certain estomac, d'inscrire son nom sur un
tableau fort consulté, en buvant cul sec en un minimum de temps, et debout sur le bar,
deux pintes et demie de bière. "C'est spectaculaire, très applaudi et,
précise Ken O'Reilly, excellent pour l'ambiance." n
* Les Anglais appellent frogs (grenouilles) les Français tandis que nous les surnommons les rosbifs.
Sur le plan commercial, the Frog & Rosbif fait beaucoup pour fidéliser sa
clientèle. Des cartes donnant droit à des réductions sont ainsi systématiquement
offertes aux visages nouveaux.
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L'HÔTELLERIE n° 2664 Magazine 4 Mai 2000