Un an après son ouverture, la microbrasserie Ale Factory d'Amiens vient d'être récompensée par un "pourquet" de bronze au concours national du musée français de la Brasserie. Gros plan.
Jean Michault, qui a ouvert sa microbrasserie Ale Factory en janvier 1999, lance : "Obtenir un 'pourquet' de bronze, c'est d'abord une satisfaction, mais c'est aussi le moyen de rassurer le client sur la qualité de nos produits." Le concours national du musée français de la Brasserie place cette jeune société parmi celles qui font référence dans la profession. Si en 1998, Jean Michault et son épouse Sylviane tenaient encore un bar-tabac-PMU à Amiens, le projet d'une microbrasserie était déjà là depuis longtemps. En fait, l'idée est venue lorsqu'ils ont découvert une installation de ce type en Belgique. Séduit par le concept, le couple va travailler pendant 13 ans pour pourvoir, lui aussi, concrétiser son rêve. Pour Jean Michault, on peut parler de passion : "Mes arrière-grands-parents étaient cultivateurs - brasseurs à Berck-sur-Mer - et je suis né près des Brasseries de Gayant à Douai..." Avant de lancer sa SARL Ale Factory, il étudie les matériels proposés en Belgique, en Allemagne, en Italie. "J'ai finalement choisi du matériel belge avec un fonctionnement manuel. C'est un bon moyen d'éviter les pannes et de conserver le caractère artisanal à mon travail. En plus, la proximité de la Belgique et la langue étaient deux éléments importants pour s'assurer ensuite d'une maintenance efficace." Restait à trouver le lieu d'implantation. Jean Michault opte finalement pour un ancien garage auto dans le quartier historique de Saint-Leu.
Ambiance "atelier"
"Je voulais du fonctionnel..." Le garage est aménagé sobrement. Les
éléments (tout inox) de la brasserie sont en vitrine, et en arrière on trouve un long
bar et une salle, l'étage donne aussi sur la brasserie et l'ensemble permet d'accueillir
une centaine de personnes. La décoration est volontairement simplifiée : "Je
voulais une ambiance d'atelier..." Charpente apparente, pompes à bière de style
"gros tuyaux" et alimentées directement à partir des cuves de garde. Deux
bières sont proposées. La Pic, blonde à l'amertume légère et la Pic Hard, ambrée
bien aromatisée. Pic pour Picardie mais aussi pour pic vert, image retenue comme
enseigne. Ces deux bières ont été élaborées avec un ingénieur - brasseur belge. Le
degré d'alcool est délibérément bas, 5°. Les deux bières sont brassées à
l'ancienne à partir de malt pur. Elles ne sont pas filtrées, seulement décantées, et
non pasteurisées. "Nous voulions un goût un peu à la mode, quelque chose de
rafraîchissant et d'agréable..." La capacité de la microbrasserie est de 500
litres/jour. Il serait possible de la doubler à condition de disposer d'une cuve tampon.
Toutefois, la place manque. Dans les faits, Jean Michault brasse selon la demande, une
fois tous les huit ou quinze jours, pour un cycle de fabrication de huit jours. Le
refroidissement se fait par condensation, sachant que pour faire 1 000 litres de bière,
il faut au total 7 000 litres d'eau. Une chance : l'eau d'Amiens ne nécessite aucun
additif. La cuve de fermentation est de 1 300 litres et fait aussi office de cuve de
garde. Le tout est complété par trois cuves double paroi réfrigérée de réserve d'une
capacité chacune de 1 000 litres. En 1999, 250 hectos ont été produits, mais Jean
Michault espère monter entre 400 et 500 hectos. Tout cela représente un investissement
important que Jean Michault préfère ne pas dévoiler.
Visites et ventes
Un pavé dans le quotidien régional, c'est tout. Le patron de la brasserie n'a pas
investi dans une importante campagne de lancement. Ses clients de l'ancien bar-tabac ont
été les premiers à venir et le bouche à oreille fait le reste.
L'établissement est ouvert tous les jours de 17 h 30 à 1 h avec un cuisinier et un
serveur. La spécialité : les flammnenkueches (10 variétés salées, 4 sucrées) : des
salades, le welsch ou encore l'assiette de charcuterie. "Ce n'est pas un
établissement nocturne, note Jean Michault, et l'emplacement ne permet pas
l'ouverture toute la journée. Ici on vient après la réunion ou l'entraînement, le
ciné, le théâtre. Il n'y a pas de client-type, on vient en famille comme entre amis."
Jean Michault travaille avec l'office de tourisme ou encore l'agence Bienvenue en Picardie
pour les groupes, et propose la visite suivie d'une dégustation. Pour ce faire, il
développe la vente des bières en bouteille de 75 cl, par pack de trois panachés ou non,
de blonde et ambrée (50 F le pack) grâce à un tirage isobarique et une capsulleuse
manuelle (70 bouteilles/heure environ). Une campagne est en préparation auprès des
comités d'entreprise et des associations. Cette part de l'activité devrait tourner
autour de 10 % de l'ensemble. La base c'est bien la vente directe à la pompe. Il est vrai
qu'à 13 F le demi de blonde et 14 F l'ambrée, les prix restent, en regard de
l'originalité, très sages. zzz46b
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L'HÔTELLERIE n° 2673 Magazine 6 Juillet 2000