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Le Train de la bière
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Voyage dans les wagons du houblon

Parti de Strasbourg, le 3e Train de la bière a entraîné, le 8 mai dernier, quelque 400 passagers vers la Bavière. Une journée exceptionnelle dédiée à la diversité brassicole.

Patrick Lardy zzz46b

Ces mots d'Emile Jung, le chef du Crocodile, expriment bien l'atmosphère du Train de la bière : "La bière est le plus beau symbole de la convivialité et de la camaraderie. De plus, en Alsace, en servir et en boire reste le meilleur moyen pour affirmer son identité culturelle." Convivialité, sympathie, mais aussi esprit de découverte, tant brassicole que gastronomique et touristique, ont guidé ce convoi particulier de Strasbourg vers la Bavière. L'objectif principal de cette manifestation a consisté en la découverte des multiples richesses du monde de la bière à bord d'un train de luxe. Ce 8 mai, chacun des wagons arborait l'enseigne d'une firme et les brasseurs avaient répondu nombreux à l'appel lancé par l'organisateur Bernard Rotman, patron du célèbre bar à bières strasbourgeois Les 12 Apôtres. L'œcuménisme régnait en maître : les brasseurs institutionnels Kronenbourg, Schutzenberger, Météor, Stella Artois, Jeanne d'Arc, Saverne/Karlsbraü et Spaten, côtoyaient des brasseries artisanales et des microbrasseries. Avec elles, les notions de diversité et d'originalité ont pleinement pris leur sens : bière à la myrtille de la Brasserie Bourganel en Ardèche, Brasserie Pieta venue de Bastia, Brasserie de Scharrachbergeim en Alsace... Autant d'approches de l'art délicat de fabriquer la bière ont été proposées aux invités.

Jubilé 2000
D'autres surprises attendaient les voyageurs lors des deux étapes de dégustation. Tout d'abord, une escale à l'Abbaye bénédictine de Weltenburg, la plus ancienne brasserie monacale du monde (la fabrication de la bière y est attestée dès l'an 950). Il s'y déguste actuellement des bières du Jubilé de l'an 2000, blondes ou brunes, de haute tenue gustative, extrêmement rafraîchissantes et légères en alcool. Autre ingrédient du succès : le Train de la bière accueillait à son bord 8 membres de la prestigieuse association des Etoiles d'Alsace (qui regroupe les plus grands chefs de la région). Avec quelques autres chefs, ils ont confectionné un brunch matinal haut en couleur et en saveur. D'une étonnante Terrine de foie aux anchois au Pot-au-feu de queues de bœuf, plus de trente plats différents attendaient les amateurs de bière. L'après-midi, pâtisseries et chocolats sont à leur tour, venus ravir les palais et se marier à la bière qui coulait à flots. Sur le chemin du retour, les fromages étaient offerts et choisis par la confrérie des chevaliers du Taste Fromage. "Le Train de la bière est, et doit rester un événement." Partant de ce postulat, Bernard Rotman n'en envisage pas de nouveaux avant quelques années. A moins qu'un rêve ne prenne corps plus vite que prévu : un Train de la bière qui traverserait la Corse.

 

Quelle place donnent-ils à la bière dans leur établissement ?

Sur le vif

Emile Jung, Le Crocodile, à Strasbourg
Le chef du Crocodile accorde à la bière un rôle symbolique de toute première importance. "Elle est la boisson de l'amitié." Lui-même ne s'aventure cependant que rarement dans des plats confectionnés à base de bière. Mais même s'il n'en figure aucune à la carte du restaurant, une bière traditionnelle de la région ne vous sera jamais refusée au Crocodile.


Pour Emile Jung, la bière est la boisson de l'amitié. 

Philippe Roth, Le Schutzenberger, à Strasbourg
Ce jeune chef dirige une brigade de 12 personnes dans un temple de la bière : le Schutzenberger, ressuscité au centre de Strasbourg par la brasserie du même nom. Les mets que Philippe Roth prépare doivent se confondre à l'identité brassicole du lieu. Pourtant la bière n'intervient pas dans ses préparations : en explorateur de saveurs nouvelles, il a dressé une carte fraîche et épicée, tirant son inspiration des cuisines du sud et de l'orient.

Patrick Klipfel, S'Muensterstuewel, à Strasbourg
L'enseigne de la winstub de Patrick Klipfel représente un buveur de bière. Il fut le premier à proposer des bières pressions dans une winstub. Il fait même de ce paradoxe son slogan : "vins-mets-bières." Ici, la Meteor et la Schutzenberger (issues des deux dernières brasseries indépendantes d'Alsace) sont servies en apéritif, en digestif, mais elles peuvent aussi accompagner la choucroute ou encore sa grande spécialité : le Pied de porc farci aux trois viandes.


Philippe Roth et Patrick Klipfel, deux amoureux de la bière.

Didier Lefeuvre, Le Château d'Isenbourg, à Rouffach (Haut-Rhin)
Ce cuisinier sarthois n'utilise la bière qu'avec parcimonie dans sa cuisine, principalement dans les petits pains à la bière, dans certaines vinaigrettes et pour une soupe à la bière traditionnelle. En raison de la proximité géographique avec la Suisse, il sert une blonde légère helvétique, la Feldschlösschen, excellente aide à la digestion.


Au Château d'Isenbourg,
la bière est utilisée pour certaines vinaigrettes.

Robert Husser, Le Cerf, à Marlenheim (Bas-Rhin)
Figure de la gastronomie alsacienne, Robert Husser dresse un constat similaire à celui de son ami Emile Jung quant à la convivialité qu'apporte le breuvage houblonné. Si la bière reste rarement consommée en accompagnement de menu, elle intervient en apéritif et digestif. Soucieux de défendre les produits du terroir, Robert Husser sert à la pression des bières de Scharrach fabriquées à quelques kilomètres de son restaurant.

 
La bière s'apprécie également à l'apéritif et au digestif.


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L'HÔTELLERIE n° 2673 Magazine 6 Juillet 2000

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