Des patrons jeunes et décontractés, une ambiance faite de bric, de broc et d'amis, un service rapide, un rapport qualité-prix des plus honnêtes et des produits frais. C'est la recette - fort intelligente - du Bistrot Bourdelle. Coup de projecteur.
Sylvie Soubes
Fermé, le rideau de fer du
Bistrot Bourdelle laisse voir une sympathique araignée bleue. Le graffiti est réussi.
Sans doute l'uvre d'un pote artiste. L'établissement était en liquidation et
fermé depuis un an lorsque Fabrice et Stephan Martinez visitent le local, bougie en main.
Le coup de foudre est quasi immédiat. L'ambiance bric-à-brac, un peu vieillotte, avec un
petit bar à l'entrée et une cheminée en état de marche dans le fond de la salle,
respire la convivialité. Nos deux frères s'y sentent à leur aise. L'affaire se conclut.
Le métier, Fabrice (le brun) et Stephan (le blond) l'ont appris à "l'école
parentale". Leur mère tenait le Grillon et leurs grands-parents L'Avant-Scène, deux
restaurants du XVe arrondissement de Paris. Leur arrondissement.
Le bistrot porte le nom de la rue où il siège et du musée tout proche, hommage au
sculpteur. Le tout se trouve à deux pas de la gare et de la tour Montparnasse, mais en
retrait du passage. Il faut connaître pour venir. Courageux les gars ! Surtout qu'ils
avouent, alors, n'avoir aucune idée précise des prestations qu'ils vont décliner.
"La carte, on l'a faite avec un copain coursier qui est obligé de manger tous les
midis dehors. On était parti sur un menu à 70 F et en discutant avec lui on est
redescendu à 60 F, avec entrée et plat ou plat et dessert." Honnête comme
tarif. Le menu complet est fixé à 88 F, avec entrée, plat, dessert et petit noir. Même
politique sage en matière de limonade. L'Amstel pression 25 cl est à 10 F, le demi
d'Heineken à 14 F, de Blanche à 16 F, de Leffe à 17 F, de Desperados à 19 F et le
café (Lavazza) à 6 F. Au comptoir comme en salle.
Autre inconnue : la clientèle. On l'a dit. Faut connaître. Il y a bien sûr l'école de
commerce côté Vaugirard... Mais, Hippo et autres Oh!..Poivrier! tiennent enseigne
à cent mètres et s'accaparent une bonne partie de la clientèle des bureaux de la tour.
Qui aura envie de venir jusqu'au Bistrot Bourdelle ? "Nous n'avons pas fait de
publicité dans les journaux, mais nous avions un réseau d'environ 40 personnes que nous
connaissions, et ils sont venus. Ensuite, les trois premiers mois, il y a eu les amis des
amis." Courageux et téméraires.
S'adapter
Fabrice et Stephan ont essayé plusieurs plages horaires. "Au début, nous
faisions 8 heures/2 heures du matin tous les jours. Au bout d'un mois, on s'est mis à
adapter les horaires en fonction de la clientèle. Actuellement, nous sommes ouverts de 11
heures à 1 heure du lundi au mercredi, jusqu'à 2 heures jeudi, vendredi et samedi soir,
nous fermons le samedi midi et le dimanche toute la journée."
Le rachat du Bistrot Bourdelle comprenait le mobilier et l'équipement en place (les
Martinez sont propriétaires du fonds). Un bon coup de balai était toutefois nécessaire.
"Nous l'avons redécoré à notre goût, avec pas mal de références au cinéma,
des journaux, des bandes dessinées et des objets qui nous amusent." Jetez un
coup d'il au-dessus du comptoir, vous voyez toutes ces lunettes sagement alignées ?
Elles sont à Stéphan, c'est lui qui les collectionne. Il y a aussi de vieilles
enseignes. La déco, comme l'atmosphère, parlent deux langages : celui des vieux troquets
un peu sombres mais chaleureux, et celui d'une génération contemporaine, spontanée, qui
aime discuter, boire un coup, bien manger, mais quand ça lui chante. "En fait,
aujourd'hui, à part entre 13 et 14 heures où là, la clientèle vient essentiellement
pour manger, le reste du temps, il n'y a pas vraiment de règles. On s'adapte à la
demande. Si quelqu'un veut des frites à minuit, on est capable de réchauffer l'huile."
Tee-shirts et baskets
L'esprit copain-copine du début demeure. Nos patrons (26 et 30 ans) sont en tee-shirts et
baskets, comme Ludo, le barman. En revanche, ils remplissent, à cette fameuse heure du
déjeuner, un créneau resté vide dans le quartier. Celui du bon rapport qualité-prix
dans une ambiance coude à coude et détendue qui rassure. "La carte, on la fait
à notre goût. On aime les frites coupées à la main et quand on en a marre, on change
les plats. Nous aussi on mange tous les jours ici !"
Depuis un an, le Bistrot Bourdelle est passé à la vitesse supérieure. La clientèle du
midi est devenue une "vraie clientèle". Le bouche à oreille a fonctionné et
s'est largement diffusé dans le quartier. Toutes les sociétés alentour connaissent et
fréquentent volontiers l'adresse, de la secrétaire au chef d'entreprise. Certains
appellent nos patrons par leur prénom, d'autres les tutoient. Le soir, c'est encore
"plus mélangé". Avec des acteurs (comme Olivier Martinez, vous savez Le
Hussard sur le toit, c'est un cousin des patrons !), des photographes, des
réalisateurs, des étudiants, des jeunes, des moins jeunes.
Bref, le Bistrot Bourdelle a trouvé son rythme. Satisfaisant pour nos deux frères qui
aimeraient bien, maintenant qu'ils ont fait leurs preuves, "dupliquer le concept,
ouvrir un deuxième Bistrot Bourdelle, plus grand et dans une rue plus passante".
Mais toujours dans le XVe !
A suivre sur : www.4gmt.com/bistrotbourdelle
zzz24
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L'HÔTELLERIE n° 2686 Magazine 05 Octobre 2000