Avec l'arrivée de l'an 2000, Guy Savoy a ressenti une irrésistible envie de tout faire bouger. C'est décidé, on casse tout et on recommence. Et c'est à l'architecte Jean-Michel Wilmotte qu'il confie la reconstruction de son restaurant.
Cécile Junod
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Ambiance sereine et |
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Acquis en 1987, le 18, rue
Troyon vient de rouvrir ses portes après 36 jours et 36 nuits de travaux. Déterminé,
Guy Savoy souhaitait construire un lieu contemporain et créer une atmosphère chaude et
chaleureuse afin que chacun puisse se sentir bien. La solution : l'utilisation de
techniques pointues en matière d'isolation acoustique, de climatisation et d'éclairage.
Il fallait également imaginer un espace modulable de telle sorte qu'il puisse être à la
fois un lieu commun à tous ou partagé en diverses salles privées.
Guy Savoy avait donc tous ces projets en tête. C'est l'intervention du hasard qui
déclenche tout. Lors d'un repas suivant un match du tournoi des cinq nations, en Ecosse,
Guy Savoy, sans le savoir, est assis à côté de Jean-Michel Wilmotte. Ils ne se sont
jamais vus auparavant et échangent quelques mots. Au cours de la conversation, le sujet
dérive vers l'architecture, et Guy Savoy lance sans préméditation : "Je suis
très impressionné par les réalisations de Jean-Michel Wilmotte..." Surprise !
Il est là, face à lui. Commence alors leur collaboration. Guy Savoy confie à
Jean-Michel Wilmotte la reconstruction de son restaurant. Il donne carte blanche à
l'architecte, artisan de la rénovation de la plus belle avenue du monde, les
Champs-Elysées.
Un cadre serein pour mieux se concentrer sur le goût
Alors Jean-Michel Wilmotte se lance dans l'aventure. 180 m2 à réaménager totalement en
cinq semaines. Il redessine tout le restaurant, du sol au plafond, en passant par la
façade, les meubles et la vaisselle. "L'aménagement d'un restaurant comme celui
de Guy Savoy nécessite de s'interroger sur le syncrétisme des sens, explique
Jean-Michel Wilmotte. L'exigence de disponibilité du goût nous a incités à créer
un cadre serein, intime et authentique, favorisant le repos de la vue, pour mieux se
concentrer sur le goût. Une architecture aux lignes bien tramées, un éclairage indirect
et contrôlé, des matériaux naturels (pierre, bois, cuir et verre), et une organisation
de l'espace modulable en petits salons intimes permettent de créer le cadre adapté à
une cuisine d'avant-garde, subtile et inventive."
Très discrète, à l'instar d'un club privé, l'entrée a été déplacée de façon à
équilibrer la façade. Une grande porte en caillebotis de bois suggère, depuis la rue,
l'atmosphère feutrée du restaurant. A l'intérieur, l'espace général a été
restructuré de manière à multiplier les lieux et les ambiances. Un jeu de cloisons
mobiles et fixes permet de moduler les salles. Au sol, l'alternance de moquette, parquet
et pierres naturelles accentue la délimitation d'espaces différents. Le cuir et le bois
participent activement à la chaleur de l'ambiance, alors que la pierre et le verre en
soulignent la pureté.
Eléments forts du décor : de grandes uvres d'art contemporaines
Tous ces matériaux jouent les uns avec les autres en respectant une géométrie
rigoureuse et fondamentalement apaisante. La simplicité des lignes, la sobriété des
volumes, la douceur de l'éclairage indirect déterminent un cadre propice à la
sérénité et à la disponibilité. L'ensemble se décline dans un camaïeu de teintes
organiques, de tons masculins et chauds. Certains murs aux teintes neutres accueillent de
grandes uvres d'art contemporaines, éléments forts du décor. Enfin, une ligne
d'assiettes blanches, cerclées d'une frise aux couleurs primaires et à la géométrie
aléatoire, a été créée par Jean-Michel Wilmotte pour la mise en scène des mets du
grand chef.
A noter encore qu'à l'occasion de la rénovation du restaurant, le petit Bistrot de
l'Etoile, situé juste de l'autre côté de la rue, fut transformé en un salon,
véritable annexe du restaurant. On peut y déjeuner ou dîner en toute simplicité, y
passer un moment avant ou après le repas pour y fumer un cigare... Bref, transformé en
un agréable salon où il fait bon se retrouver entre amis. zzz22v
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2000 : l'année de toutes les transformationsLes Bistrots de l'Etoile ont désormais dix ans. Et Guy Savoy qui aime créer, innover ne considérant jamais les situations comme figées, voit apparaître de nouvelles opportunités appelant "L'époque des Bistrots de l'Etoile" à des transformations. Il revoit son organisation et pense en toute logique que les hommes et les femmes qui dirigeaient jusque-là les Bistrots sont les mieux placés pour les reprendre. C'est ainsi que le Bistrot de l'Etoile-Niel est désormais la propriété de Bruno Gensdarmes, son directeur depuis sa création. Le Bistrot de l'Etoile-Lauriston est acquis par Christophe et Maria Lacourt qui en étaient respectivement le chef de cuisine et la directrice de la salle. Quant au Bistrot de l'Etoile-Troyon, il a été transformé, lors des travaux menés par Jean-Michel Wilmotte, en un salon faisant maintenant partie intégrante du restaurant. |
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L'HÔTELLERIE n° 2686 Magazine 05 Octobre 2000