Loin des clichés de faux gardians ou de touristes déguisés en cow-boys, le Mas de Peint fait partie de ces lieux où soufflent la chaleur et la magie de la Camargue. Lucille et Jacques Bon, les propriétaires, font partager à leurs hôtes la vie d'une véritable manade. Découverte d'un art de vivre différent en pleine nature sauvage.
Cécile Junod zzz36v
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C'est leur passion de
recevoir des amis et surtout de partager des joies simples comme un bon dîner, une
promenade au milieu des chevaux ou une course de taureaux à la cocarde, qui a poussé
Lucille et Jacques Bon à transformer leur mas en hostellerie. Perdu au bout d'une longue,
très longue allée bordée de lauriers roses, le Mas de Peint ressemble plus à une
maison d'amis qu'à un hôtel. Ici, pas de banque d'accueil dans le hall, pas de décor
standardisé. Seulement de confortables fauteuils, un gigantesque lustre, une
bibliothèque et des objets décoratifs plantant le décor : selles de chevaux, tête de
taureau en trophée et une jolie collection de photos de manades.
Implanté au cur d'un domaine de 500 hectares, le Mas de Peint est entouré de
grandes étendues marécageuses et de rizières, si typiques du paysage camarguais. C'est
là, dans la propriété agricole de son grand-père, que Jacques Bon voit le jour. Il
aura à cur toute sa vie de continuer à faire vivre cette belle exploitation. Dans
les fastes années, il y eut jusqu'à 14 500 têtes sur ces terres. Et puis, sentant un
peu le vent tourner, Jacques Bon décide de diversifier ses activités. Tout d'abord, il
crée un restaurant pour groupes puis, en 1992, il se lance dans l'hôtellerie de charme.
En lieu et place de la grange, Lucille Bon, architecte de formation, installe huit
chambres et trois suites.
Deux ans de travaux sont nécessaires pour transformer les bâtiments agricoles en un
hôtel tout à fait unique, tant dans sa conception que dans son ambiance. "Nous
avons voulu créer un lieu différent, une maison d'amis plus qu'un hôtel, explique
Lucille Bon. Et surtout lui transmettre une atmosphère authentiquement camarguaise.
Pour ce faire, nous avons fait appel à Estelle Réale-Garcin, une décoratrice
marseillaise. L'important était de conserver un côté familial, chaleureux et
confortable, tout en exaltant le style du pays."
Les parties communes du rez-de-chaussée ont été traitées en jaune rehaussé de rideaux
à carreaux noir et blanc, une touche qui donne de la puissance au décor. Dans le salon,
une grande cheminée, deux beaux vaisseliers, et un meuble de mercerie créent une
ambiance maison privée.
Quant à l'aménagement des chambres et suites, il a demandé une attention toute
particulière. Chaque chambre est différente. Côté sud, elles ont été traitées en
vert amande, et côté nord, en ocre rose. Les rideaux ont été choisis dans les
collections Canovas et Souléiado, tandis que les dessus-de-lit et les draps brodés sont
en lin. Le mobilier a été chiné dans les environs et de nombreuses esquisses de scènes
locales ornent les murs, tout en apportant une touche du charme d'antan. Les salles de
bains font preuve de beaucoup d'astuces et d'originalité dans leur aménagement. Lucille
a eu l'idée d'exploiter certaines soupentes pour y créer des salles de bains en
mezzanine, avec vasques et baignoires encastrées dans du travertin. D'autres, très
romantiques, possèdent une baignoire à baldaquin.
Dans la cuisine-salle à manger, le chef prépare, sous les yeux des clients et avec beaucoup d'attention, une cuisine goûteuse et légère. Ce contact direct entre le personnel et les hôtes contribue également à créer une atmosphère pas comme les autres. Parmi les spécialités du chef, on trouve bien évidemment du taureau provenant de l'élevage, les légumes et herbes aromatiques du jardin, et le riz cultivé sur place. Quant au poisson, il vient du marché d'Arles ouvert le mercredi et le samedi matin. Au menu, le chef vous propose un Filet de taureau aux petits légumes du mas, une Brandade de morue au beurre de tomate, un Turbot à la broche, une Tarte à la tomate, une Selle d'agneau grillée. Sans oublier, pour les gourmands, une touche sucrée avec une Feuillantine au chocolat ou une Poêlée de raisins aux fruits rouges.
Personnalité authentique et puissante, Jacques Bon était autrefois éleveur de
moutons mérinos. Aujourd'hui, il est manadier et propriétaire de l'hôtel. Côté
exploitation agricole, le mas est toujours en activité. Il compte encore plus de vingt
hectares de rizière et une manade de 400 taureaux noirs et 40 chevaux blancs. Aussi, sa
passion des grands espaces, des chevaux et des taureaux, Jacques Bon aime la faire
partager en emmenant ses hôtes sur les chemins de son domaine. En 4x4 ou à cheval, ils
pourront vivre, aux côtés des gardians du mas, une journée au tempérament camarguais.
Au programme : ferrade, travail consistant à marquer les jeunes taureaux au fer, courses
à la cocarde permettant aux spectateurs d'apprécier la complicité existant entre le
taureau et le razeteur qui doit décrocher les cocardes et glands du front de l'animal, et
jeux de gardians, jeux au cours desquels les hommes de la manade ont à cur de
démontrer leur adresse et celle de leur monture.
Dans son cadre exceptionnel, le Mas de Peint abrite une bergerie remarquable par sa
charpente et sa couverture en chaume, lieu idéal pour de grandes réceptions, et des
arènes privées de 1 200 places. A la demande, Jacques Bon organise des courses de
vachettes et de gigantesques méchouis. De quoi pimenter la célébration de toute
manifestation.
"Le secret de notre réussite, intervient pour conclure Jacques Bon, c'est
l'heureuse entente de notre couple. Avec Lucille, nous nous complétons parfaitement. De
plus, nous avons les mêmes passions pour la Camargue et les relations humaines. Et ce qui
nous enthousiasme le plus, c'est la satisfaction de nos clients lors de leur séjour parmi
nous. Ici, il y a vraiment une âme."
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L'HÔTELLERIE n° 2690 Magazine 02 Novembre 2000