La bière, il est tombé dedans quand il était petit. Benjamin Henry, né à Londres il y a quelque 37 années, a commencé à brasser dès l'âge de 12 ans. Venu en Lorraine en 1981, marié à une orthophoniste nancéienne, le Britannique Ben a trouvé la bière industrielle locale bien décevante. Après avoir exercé plusieurs métiers dans la région, dans le bâtiment, la décoration et la rénovation de vieilles maisons, sa passion de la bière l'a emporté, et il a ouvert sa propre brasserie dans le village de Bazincourt-sur-Saulx, au sud du département de la Meuse. "En 1996, j'ai décidé de relancer une activité qui s'était éteinte dans les années 50 et qui faisait pourtant partie du patrimoine régional", explique celui que le village appelle désormais 'Ben le baron'. C'est à l'occasion d'une fête de la groseille, fruit produit localement, que Benjamin Henry a brassé sa première bière. Le grand succès de cette première production l'a encouragé à aller de l'avant. Après une formation pointue près de Newcastle, rendue possible grâce à une aide de la région Lorraine et une étude de marché qui a duré près de deux ans, il investit 200 000 francs dans le matériel nécessaire.
La production passe de 7 500 litres en 1997 à près de 100 hectolitres en 1998. "Je réalise 90 % de mon chiffre d'affaires (200 kF en 1998) en vente directe, soit dans des foires, soit les dimanches où de nombreux visiteurs viennent à la brasserie, dégustent et achètent." Plus que sur la modernité de son matériel, résolument artisanal, Benjamin Henry mise sur l'authenticité de son produit et met un point d'honneur à contrôler de A à Z le parcours de ses bières. "D'abord, nous avons ici une eau de qualité supérieure, affirme-t-il, sans pesticide, mais avec beaucoup de bicarbonate, excellent pour brasser des ales et surtout des stouts (bière brune). Pour les malts, je me fournis dans la région, en France ou en Angleterre." Le brasseur achète du houblon dans toute l'Europe, voire aux Etats-Unis. Il utilise enfin deux sortes de levure : une blanche issue de Munich, l'autre étant d'une vieille souche anglaise "travaillée déjà par Pasteur". Au total, Benjamin Henry propose neuf bières différentes : de la blanche (brassée à l'allemande), de l'ambrée, de la brune, de la fruitée, de la Porter (ancêtre de la Guinness), de la bière de saison (mars ou Noël). Deux autres bières, dont les marques ont été déposées, tirent l'entreprise vers l'avant : le Père Fouettard et la Basinus, bière à la groseille, dont le particularisme régional rencontre un fort succès auprès des adeptes des produits issus du terroir.
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L'HÔTELLERIE n° 2690 Magazine 02 Novembre 2000
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