Un alambic qui pose bagages dans la gare de Waterloo, des bars dédiés à l'association cigare et cognac, des additions pouvant atteindre 5 à 10 000 livres... Ils sont fous ces Londoniens ! Non. Simplement amateurs.
Sylvie Soubes
Un alambic grandeur nature dans le hall de Waterloo Station.
Ô surprise ! A leur descente
du train, à Waterloo Station, peu avant l'été, les passagers de l'Eurostar ont pu
déguster gracieusement un verre de cognac. Un authentique alambic trônait dans le hall.
Certes, il n'était pas en activité, mais le cuivre faisait grand effet, accompagné de
quelques bouilleurs de cru plutôt jeunes et dynamiques. Cette dégustation, organisée
outre-Manche par l'interprofession, s'adressait aussi bien aux Anglais qu'aux Français.
Pour les premiers, elle prenait la forme d'un remerciement, grandeur nature, sur le vif,
de connaisseurs à connaisseurs. Pour les seconds, il s'agissait de découverte ou de
redécouverte. Le cognac a beau être charentais et fier de l'être, l'étonnement se
lisait davantage sur les visages français...
Ce n'est pas par hasard que notre alambic voyageur a donc posé ses fûts à Londres. La
ville se montre "traditionnellement précurseur de tendances" et "c'est
un public de plus en plus jeune qui s'affiche amateur de cognacs de plus en plus
vieux", souligne le Bnic*. Les bars et les restaurants se sont accrochés aux
wagons de la découverte en proposant non seulement des cartes de cognacs, mais aussi en
utilisant la thématique 'cigare et cognac' sous différentes formes. L'engouement est
réel. Créé il y a deux ans, avec l'aide d'Alain Ducasse, le Mounte's, sur Sloane
street, comprend un cocktail-bar, un restaurant, un night-club, mais aussi une boutique de
vente de cigares et de cognacs. Sur Portmann Square, le Churchill Bar & Cigar Divan a
renoué avec l'esprit club anglais, au cur d'un hôtel haut de gamme. Le Scotts, sur
Mount street, réputé pour sa restauration axée sur les produits de la mer, l'est aussi
pour son bar à cognacs et à cigares. Londres abrite aussi le 'temple mondial du cognac'.
The Landesborough, bar d'hôtel sur Hyde Park Corner, décline une gamme de cognacs dont
les plus anciens affichent 200, voire un peu plus (1796 pour le plus âgé). L'addition
est à la hauteur, atteignant facilement 5 à 10 000 livres...
Citons aussi le Lab Bar, dont la décoration, années 70, s'harmonise avec d'étonnants
cocktails à base de cognac, le Hush (propriété du fils de Roger Moore), un
bar-brasserie où le cognac trouve sa place de l'apéritif au digestif, ou encore, le
Quaglino's, de Conran. Lui-même grand amateur de cigares.
Pour la population londonienne, le cognac reste synonyme de luxe et de l'art de vivre à la française. Si les importations au Royaume-Uni sont relativement stables (elles varient de 11 à 12 millions de cols depuis 1992), l'eau-de-vie charentaise s'est, semble-t-il, débarrassée de ses vieux clichés et séduit désormais les nouvelles générations. Le Bnic constate, en outre, "un transfert de consommation des qualités plus simples vers des qualités supérieures". La part de marché des cognacs supérieurs était de 14,4 % en 1999 contre 12,4 % en 1997.
* Le Bureau national interprofessionnel du Cognac
Sur le Web www.bnic.fr
www.le-cognac.com
Le saviez-vous ?Amateurs de longue date, les Anglo-Saxons furent les premiers à s'inquiéter de
la qualité des cognacs. C'est à eux que l'on doit une partie des termes qui déterminent
certains types de cognacs. |
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Cognac et cigare, l'association passion
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L'HÔTELLERIE n° 2690 Magazine 02 Novembre 2000