L'affaire familiale à Brioude (Haute-Loire), créée en 1925 par la grand-mère, vient de s'agrandir d'un hôtel trois étoiles. A la tête de La Sapinière, trois femmes : Hélène Chazal, sa mère Madeleine et sa sur Agnès. A trois, elles sont prêtes pour relever le défi.
Pierre Boyer
Hélène Chazal, à gauche, sa mère Madeleine, sa nièce Charlotte, qui, du haut
de ses six ans, parle de devenir cuisinière ou pâtissière, et sa sur, Agnès
Gomichon.
Hélène Chazal raconte
comment l'idée de La Sapinière est née. "Nous avons senti que les clients,
notamment les étrangers, cherchaient autre chose que ce que nous leur proposions. Ils
veulent des grandes chambres, un meilleur confort, un accueil familial. Nous avons donc,
ma mère, ma sur et moi, décidé de créer un autre établissement. Sans étude
préalable, mais sur la base de nos intuitions et parce que cela nous plaisait."
Il s'agissait aussi de répondre à la déviation tout juste créée dans la ville, une
déviation qui a détourné une bonne partie de la clientèle de passage avec la fermeture
de deux hôtels, coup sur coup. "Nous devions réagir ou nous laisser mourir. Nous
avons donc choisi d'innover." La Sapinière a ouvert en juillet 1999.
Les trois femmes n'ont pas manqué de courage et de ténacité pour faire bien et à leur
goût. Elles n'ont fait appel qu'à des artisans locaux, "même si cela occasionne
des retards", remarquent-elles. Elles ont conservé au maximum les arbres et ont
intégré les nouveaux bâtiments avec l'ancienne bergerie grange et la maison existante,
en privilégiant les verrières. "Nous avons utilisé au maximum le bois, la
pierre et le verre." La piscine, chauffée et couverte, se veut plus ludique que
sportive, permettant de nager à contre-courant. Elle est complétée par un jacuzzi
niché dans les vieilles pierres, un solarium et un coin enfants.
Sur deux niveaux, avec terrasse ou balcon, les onze chambres, de 22 à 34 m2, sont
chacune décorées sur un thème précis : vulcania, dentelle, au fil de l'eau, gentiane,
saumon, etc. Avec des détails jusque dans les salles de bains comme du carrelage fait
main.
Le restaurant, sous des poutres de sapin clair, donne sur une terrasse. Il ne propose
qu'un seul menu pour l'instant et le soir seulement. "Pas question de trop se
compliquer la vie, ni de prendre des risques inutiles en menant deux affaires de front. Je
supervise le travail de La Sapinière, reconnaît Hélène Chazal. Mais j'ai pris
un chef car je continue de défendre notre Bib Gourmand de l'Hôtel de la Poste."
Sa sur Agnès gère plus particulièrement La Sapinière, tandis que sa mère
supervise le service du restaurant de l'Hôtel de la Poste. Son père, à la retraite, ne
peut s'empêcher de revenir à l'accueil. Son beau-frère, le mari d'Agnès, Christian
Gomichon, s'occupe des questions administratives pour les deux établissements.
Constructions, décoration et rénovations : l'investissement se chiffre à 8 MF environ.
"Le pari est osé", reconnaît Hélène Chazal. Mais la famille Chazal,
unie dans le travail, a toujours su innover. Déjà, en 1968, une annexe de quatorze
chambres avait été construite pour compléter les six chambres de l'Hôtel de la Poste.
Et pour répondre à la demande de la clientèle avec, déjà, de l'espace et des balcons.
Innovation et adaptation font partie du quotidien de la famille Chazal !
Hôtel de la Poste
1, boulevard du Docteur Devins
43100 Brioude
Tél. : 04 71 50 14 62
Fax : 04 71 50 10 55
Une cuisine de grand-mère"Je fais une cuisine de grand-mère mise au goût du jour",
déclare en souriant Hélène Chazal. Après des études à l'école hôtelière de
Clermont-Ferrand, elle rejoint rapidement la maison familiale. "J'aurais aimé
partir, aller voir ailleurs. Mais ma grand-mère avait besoin de moi. C'est elle qui a
créé l'établissement en 1925. Elle a tout appris par elle-même et j'étais la seule
qu'elle acceptait dans sa cuisine, où elle travaillait avec un fourneau à charbon. Elle
cultivait aussi son jardin. C'est l'origine de mon plaisir de travailler les légumes.
J'ai hérité d'elle une cuisine simple avec des produits de saison. Elle m'a aussi
beaucoup apporté pour les terrines", se souvient Hélène Chazal. Membre de
l'association Les restauratrices d'Auvergne, elle a un Bib Gourmand au Guide Rouge.
Une reconnaissance pour ses spécialités : Ravigotte de lentilles vertes au petit dôme
d'estofinado (brandade de morue) ; Truite rôtie au jus de viande, à l'ail et au persil,
ou encore Tripoux gratiné à la fourme d'Ambert. |
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L'HÔTELLERIE n° 2690 Magazine 02 Novembre 2000
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