Sylvie Soubes
Pour sa rénovation, l'hôtel
Le Méridien Etoile, à Paris, a bénéficié d'une enveloppe de 270 millions de francs.
Un montant qui inclut le repositionnement du pôle restauration, auquel appartient le Jazz
Club Lionel Hampton. Que les amateurs de Rythm'n blues se rassurent, les responsables
n'ont pas minimisé l'aventure. Bien au contraire. L'esprit jazz s'est très largement
emparé de l'hôtel, y compris dans la décoration des couloirs, des chambres et des
salons...
Le Jazz Club du Méridien Etoile a démarré en 1976. A cette époque, Moustache, musicien
reconnu et figure de la vie parisienne, "propose d'animer l'hôtel en invitant les
grands artistes de jazz en tournée en Europe". Très vite, l'endroit devient le
repère des jazzy. En 1984, Moustache obtient d'ailleurs de Lionel Hampton l'autorisation "d'associer
son nom à celui du club". Pour les Cab Calloway, Oscar Peterson, Claude Bolling
et autre Dee Dee Bridgewater, Le Méridien Etoile est devenu un passage obligé et
apprécié. Si le succès revient pour beaucoup à la personnalité de Moustache et à
l'équipe dont il a su s'entourer, le lieu, mélange cosy de privilèges - nous sommes
dans un 4 étoiles - joue un rôle important. On est loin des boîtes à la mode, et la
clientèle du club vient d'abord et principalement pour la musique.
Un quart de siècle après sa création, le Jazz Club n'a rien perdu de sa force musicale. Il a suffi d'entendre, sur les ondes radio notamment courant septembre, avec quelle impatience les critiques de jazz attendaient la réouverture du club pour s'en convaincre. Il est toutefois intéressant d'aborder la nouvelle approche commerciale dans sa vision globale. Comme l'explique Patrick Lefrançois, directeur de la restauration du Méridien Etoile : "La rénovation de notre secteur restauration passait par un repositionnement nécessaire vers la clientèle parisienne et de loisirs. Mais aussi par une modification de l'offre et des services. Le comportement de la clientèle a évolué et nous devions changer certaines de nos prestations." Désormais, le Jazz Club se positionne 'physiquement' comme l'âme incontestable de l'hôtel. Parallèlement, le restaurant japonais va perdre de son importance au profit d'un restaurant dont la table promet aujourd'hui un 'vagabondage autour du monde', avec une carte sous la houlette de Michel Rostang. "Nous allons décliner une restauration de restaurateur." A ceci va s'ajouter un agrandissement du bar, c'est-à-dire du Jazz Club, vers le patio. "Ce sont les Terrasses du Jazz Club. Le principe existe en partie, mais les travaux ne sont pas terminés. Cette nouvelle entité sera inaugurée en février 2001." Au menu : un service continu, déclinant une restauration 'rapide' d'huîtres, de sushis, de plats orientaux, de foies gras... Comme nous venons de le souligner, pour les responsables de l'hôtel, Le Méridien Etoile porte haut et fort l'identité du Jazz Club Lionel Hampton.
Les travaux effectués jusqu'ici montrent bien l'importance donnée au site. Tout de
bleu vêtu (bleu comme le blues !), paré d'une nouvelle signalétique, le bar s'affiche
comme le pivot central de l'établissement. Philippe Marois*, à la tête du bar depuis
1982, ne peut que s'en réjouir. Si on lui doit l'imposante gamme de whiskies (plus de 80
références) et une carte riche de près de 200 cocktails, celui-ci a également
participé à la modernisation du service. Il recrute davantage sur l'amabilité et les
capacités 'captives' du personnel vis-à-vis du client. Philippe Marois applaudit des
deux mains la nouvelle tenue de son équipe, "plus décontractée, avec des polos,
plus proche du mode de fonctionnement des jeunes",et regrette "que les
écoles hôtelières ne prennent pas assez en considération, dans leur apprentissage,
l'évolution des besoins".
Quant à la programmation musicale elle-même, la raison d'être profonde du club, elle
revient à Jean-Pierre Vignola et Didier Tricard. Tous deux ont commencé aux côtés de
Moustache. Le pari, désormais, porte sur une programmation live sept soirs sur
sept et la volonté de renouer avec les Big Band, ces formations de 15 à 20 musiciens,
tous les lundis. La pérennisation de ce rendez-vous est assez audacieuse, mais les
amateurs de jazz devraient aimer. Un seul club à New York assure ce type de programmation
de manière régulière. Attention : le Jazz Club Lionel Hampton refuse l'étiquette de
'salle de concert' et ceci malgré la piste de danse aménagée dans le fond. "Le
jazz doit rester l'essence même de l'établissement", confie Jean-Pierre
Vignola. Ce n'est pas Michel Leeb, parrain officiel depuis sa réouverture en octobre
dernier, qui contredira l'affirmation.
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* Philippe Marois a travaillé sur les bateaux Le France et Le Mermoz. Il a effectué les ouvertures des hôtels Méridien de Dakar et d'Abidjan.
Disponible par téléphone au 01 40 68 30 42 ou
par e-mail : jazzclub.etoile@forte-hotels.com
En chiffresInvestissements 12 MF |
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L'HÔTELLERIE n° 2695 Magazine 07 Décembre 2000