Chez Bessière, on ne parle pas de gamme, mais de 'collection'. Des vins représentatifs du Languedoc-Roussillon, qui reflètent aussi un état d'esprit : celui d'une maison rigoureuse, perpétuellement en quête de qualité. A cette démarche s'ajoute la passion du patrimoine. Daniel Bessière a créé deux cuvées destinées à sauver la chapelle de Mèze.
Sylvie Soubes
Trois générations de
Bessière ont contribué au succès de cette maison d'éleveurs et négociants en vins du
Languedoc-Roussillon. D'abord François, qui, en 1902, alors âgé de 33 ans, crée la
société et dirige les ventes de vins vers la Bourgogne, la région parisienne et les
colonies. Il marque alors sa différence en instaurant une réelle politique de qualité,
basée sur la sélection, peu pratiquée dans la région. Ensuite Léon, qui reprend les
rênes en 1932. Celui-ci se trouve confronté non seulement aux aléas de la guerre mais
aussi à la décolonisation. Pour redresser l'affaire, il s'attaque au marché naissant de
l'Europe..., gardant toujours en tête et comme ligne de conduite cette notion de qualité
défendue par son aîné. En 1963, son fils, Daniel, troisième du nom, devient maître à
bord. "Cette date correspond à l'avènement d'une nouvelle forme de distribution
en France. Il comprend que c'est en proposant les meilleurs produits au meilleur prix que
sa société saura accompagner les changements d'attitude dans la consommation de vins des
Français." Daniel Bessière est ainsi "le premier, en
Languedoc-Roussillon, à mettre en bouteilles les coteaux du Languedoc".
Daniel Bessière, toujours aux commandes de la maison, s'est appliqué pendant toutes ces
années à investir dans l'outil de production et le stockage, nécessaires à
l'amélioration comme au maintien de la qualité. En 1998, la Maison Bessière obtient la
certification Iso 9002. On doit également à Daniel Bessière l'élaboration d'une gamme
exprimant toute la diversité des vins du Languedoc-Roussillon. On y découvre un coteau
du Languedoc rouge, élevé en fûts de chêne "à boire jeune mais aussi après
quelques années de cave". Un costière de Nîmes rouge, assemblage de syrah et
de grenache. Un Pic Saint-Loup rouge (coteaux du Languedoc) représentatif du succès de
replantation effectué par les vignerons. Un minervois riche en cassis et framboise. Un
tavel de couleur très pâle, aux saveurs fraîches, ponctuées d'épices... 17 vins au
total, composant, dans une harmonie gourmande, la 'Collection' de Daniel Bessière, entre
valeur sûre et grande découverte. En 1999, Daniel Bessière, passionné par le
patrimoine local, a pris la décision d'aider à la restauration de la chapelle des
Pénitents, qui surplombe majestueusement l'étang de Thau. Deux vins d'exception,
destinés au circuit traditionnel, ont été lancés, au nom de la chapelle. 24 000 cols
ont été mis sur le marché (millésime 1998 pour les rouges et 1999 pour les blancs). "Sur
la vente de ces vins, 5 francs par bouteille seront reversés à l'Association les amis
des pénitents". L'opération sera renouvelée chaque année.
Trois générations de Bessière ont contribué au succès de
cette maison.
Picpoul de Pinet : Ce vin fait partie de la 'Collection' de Daniel Bessière (appellation coteaux du Languedoc). On apprécie son élégance et l'étonnant fruité à l'heure de l'apéritif. A table, il fait merveille avec des coquillages, des crustacés et des poissons bien sûr. Le vignoble dont est issu ce vin se situe tout près de Mèze, au sud de l'Hérault, et bénéficie de l'air marin, les pieds au bord de l'étang de Thau. A boire jeune (c'est le millésime 1999 qui est actuellement commercialisé) et frais (entre 10 et 11°).
Ce vin de pays d'Oc, sous le millésime 1999, est un harmonieux assemblage de chardonnay et de viognier. Les cépages ont été vinifiés séparément. Le viognier a suivi une macération pelliculaire et une vinification à très basse température afin de conserver tous les arômes contenus dans le grain. Quant au chardonnay, celui-ci a subi une vinification traditionnelle à 18°. Ce vin, présenté dans une bouteille bourgeoise antique, se caractérise par beaucoup de fruité au nez, par une bouche ronde et fraîche. Il donne toute sa dimension sur des poissons grillés ou en sauce, en accompagnement de certains fruits de mer et plats de viande blanche.
C'est le millésime 1998 qui a été retenu pour le lancement de cette cuvée (VDP d'Oc) réalisée à partir de carbernet-sauvignon et de merlot. Les cabernet-sauvignon proviennent des terroirs argilo-calcaire de Saint-Chinian et les merlots de terroirs argilo-schisteux. Ici aussi, les cépages ont été vinifiés séparément. Le premier a subi une saignée d'un tiers du moût, avec macération longue (32 jours). Macération plus courte pour le second avec remontage deux fois par jour. L'élevage a été effectué en fûts de chêne français. Ce rouge, dense et finement boisé, peut être ouvert dès à présent, mais les amateurs sauront patienter quelques années. A servir sur des plats régionaux tels que le cassoulet ou le buf bourguignon.
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L'HÔTELLERIE n° 2699 Magazine 04 Janvier 2001