Ce bistrot parisien est une institution à Montparnasse. Un bar à bières haut en couleur, apprécié de jour comme de nuit par de nombreux habitués. Coup de projecteur sur une enseigne vieille de plus d'un siècle.
Sylvie Soubes
Raymond et Corinne Courtois ont acquis l'affaire en juillet 1996.
La concurrence est rude à
Montparnasse. La restauration et les bars foisonnent. Le chaland, heureusement, est
important. Pied de nez à ce constat, qui pourrait suffire au bonheur commercial, La
Marine reçoit non seulement la clientèle du quartier mais également de nombreux
habitués en provenance d'autres arrondissements, mais aussi de la petite et de la grande
couronne. La Marine est beaucoup plus qu'un bistrot. On y vient pour la qualité de ses
bières et son ambiance tard dans la nuit.
Raymond et Corinne Courtois ont acquis l'affaire en juillet 1996. Depuis leur arrivée,
les animations bière ont été largement développées et tout est bon - ou presque -
pour faire la fête et le rappeler. "Pour Halloween, tout le personnel se déguise
et l'on décore bien sûr largement l'établissement. Quand c'est la fête de la Musique,
les serveurs se peignent des notes de musique sur le visage. La clientèle aime ça",
explique Raymond Courtois. "La Marine, c'est aussi deux établissements en
un", lance Corinne. C'est elle qui veille au grain en matinée. Nous sommes alors
sur un créneau traditionnel de café de jour, avec une partie restauration adaptée à
l'environnement : formules à partir de 66 F, formule express, le prix de la 1664 en 25 cl
est alors de 18 F. Il passe à 20 F en fin de journée. "A partir de 18 heures, la
clientèle change. Il y a beaucoup plus de jeunes, happy hour oblige, et une majorité
d'habitués." On diminue la puissance des lumières, le lecteur CD est
enclenché, l'autre vie de La Marine se profile de bières en moules-frites, de rires en
retrouvailles.
Bruno est gérant de nuit à La Marine. L'établissement ferme à 3 heures en semaine
et ouvre 24 h/24 le week-end. L'homme a la parole facile. Le contact avec le public, il
aime. Mais jamais il ne se laisse déborder. "Travailler la nuit demande une
surveillance particulière, quel que soit l'emplacement vous savez." Le quartier
est-il plus chaud qu'un autre ? Bruno a derrière lui 20 ans de nuit, dont une bonne
partie à Pigalle. "Ni plus ni moins. Il faut surtout savoir distraire les clients
quand on sent que le ton monte, que la mayonnaise prend un peu trop vite. En général,
les sujets qui dégénèrent sont toujours les mêmes. On peut être sûr qu'il y aura des
embrouilles quand les gens commencent à causer de racisme, de chien, de sport, de
politique ou de femme..."
Si Bruno sait temporiser, son bagout est une raison supplémentaire pour s'accouder au
zinc. Ça discute sec. Ce soir-là, on parle goulûment Harley Davidson, boulot, bières
belges... "Les connaisseurs ont leur marque de prédilection, et s'ils ont souvent
du mal à en démordre, ils apprécient de parler bière", sourit Bruno.
Surprise, il y a quasiment autant d'hommes que de femmes dans l'assemblée. "Les
femmes boivent aussi de la bière. Quant aux jeunes, ils sont les premiers à vouloir
découvrir les cocktails à la bière." L'ambiance coude à coude a son charme.
Certains clients reviennent chaque soir. Ces piliers de bar pour le meilleur oublient sans
doute leur solitude dans les effluves amicales qui fusent de part et d'autre du comptoir. "Ce
ne sont pas forcément des personnes seules dans la vie, coupe Bruno. Ce sont
plutôt des gens qui ont besoin de retrouver des repères bien à eux. Ce sont aussi pour
eux des moments de liberté."
2. Bruno, gérant de nuit. Le soir de notre visite,
les préparatifs pour Halloween battaient leur plein.
En chiffresCapacité 80 m2 de surface80 places assises Spécialités 16 bières à la pression |
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"On peut être sûr qu'il y aura des embrouilles quand les gens commencent à causer de racisme, de chien, de sport, de politique ou de femmes..."
A retenir * De bonnes idées de cocktails à la bière
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L'HÔTELLERIE n° 2699 Hebdo 04 Janvier 2001