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Pour la énième extension de son établissement Les Hauts de Montreuil, Jacques Gantiez vient d'ouvrir le West Indies Bar Club, une atmosphère cubaine dans ce Logis très international de la vieille ville de Montreuil. Cet admirateur d'Hemingway ne cesse d'investir et emploie à présent une trentaine de personnes.
m Alain Simoneau
En faisant visiter son
chantier quelques semaines avant l'ouverture, Jacques Gantiez était intarissable sur son
nouvel enfant. Derrière ces façades de la rue Ledent à Montreuil-sur-Mer, l'une
médiévale, l'autre plus récente d'un hôtel-restaurant de petite sous-préfecture aux
confins d'Artois et de Picardie, on trouve désormais un concept carrément
métropolitain. Le West Indies Bar Club, c'est un bar à thème cubain de 80 places, un
salon à cigares-salle de lecture et une cantina dans la profondeur du bâti, dessiné par
l'architecte Antoine Lauzy. "On y boit les rhums du monde, les cocktails à base
de rhum, des jus de fruits et légumes. On y mange du pain et des tapas cuits sur place
sur la sole de notre boulangerie, on y goûte la gastronomie des îles. Des patties
jamaïcains, des pastelitas de République Dominicaine, des tortillas, bocaditas, casabas
de Cuba, c'est-à-dire autant de variété de galettes garnies de spécialités, ainsi que
des soupes, et quelques plats chauds de là-bas." Et comme Gantiez, fondu des
Antilles, de Cuba et d'Hemingway en particulier, aime aussi la bière de son pays du Nord,
on y déguste une ligne de bières brassées près de Saint-Amand-les-Eaux (59) par
Olivier Forest. Hugo a situé ses Misérables à Montreuil. Gantiez s'offre Hugo
pour parrainer ses bières : le Brassin Jean Valjean (une 7° double refermentée en
fût), le Brassin Cosette (une blanche à 5° également à double fermentation) et le
Brassin Sucellus, une bière de Noël. Comme on le voit, Jacques Gantiez se passionne pour
les romans au long cours, l'héroïsme et les idées généreuses, et fait passer ce goût
dans toute son entreprise commerciale. Lui-même a quelque chose d'Hemingway, de Gabin ou
de Valjean. La cinquantaine ronde et trapue, la barbe fleurie et le cheveu
soixante-huitard, l'énergie débordante, le verbe abondant, même s'il n'est sûrement
pas commode à ses heures, Jacques Gantiez a l'esprit d'entreprise et le goût du risque. "Ce
bar, je voudrais aussi en faire un forum de convivialité où l'on s'écoute dans l'esprit
du respect et de l'amour des autres", explique-t-il. Ce projet a nécessité un
investissement de 3 millions de francs, auxquels s'ajoutent 2 millions de francs pour une
salle polyvalente et un parking à l'arrière de l'hôtel, sans oublier la formation du
personnel.
Mais que viennent faire les grandes Antilles dans un hôtel-restaurant de province à
l'enseigne des Logis de France ? "Ce bar est né pour répondre à l'attente de
notre clientèle, qui est à 70 % étrangère et originaire de grandes villes d'Europe du
Nord, d'Angleterre en particulier", répond Jacques Gantiez.
D'un pari à l'autre
Après avoir vogué sur quatre affaires à Lille, Jacques Gantiez, lillois d'origine et
restaurateur depuis 1976 (son épouse Patricia l'a rejoint dans le métier en 1988), met
le cap sur le Montreuillois, et reprend en 1991 le Petit Ecu, une taverne datée de 1537.
Façade à colombages, caves voûtées extraordinaires, "où nous affinons nos
fromages nous-mêmes, quelquefois à la bière ou au genièvre de Houlle", c'est
le cur historique de la maison. Cela dit, les premières années sont de pain noir
et dur. Le guide Michelin en ignore alors et toujours l'adresse. Le passage ne
suffit pas. Se voyant mettre la clé sous la porte, les Gantiez ouvrent 7j/7 et font de
l'autocar à haute dose avec environ douze tour-opérateurs. Animation, action commerciale
redoublée, publicité à tout va... Ils ne sortent vraiment la tête de l'eau qu'en 1994
en développant l'hébergement. Depuis, l'affaire gagne de l'argent, mais tout est
réinvesti. En trois étapes, et en utilisant les possibilités du site avec un quatrième
étage, du neuf avec du vieux, l'hôtel passe à 27 chambres. Depuis septembre dernier,
sept chambres supplémentaires dont une suite royale, deux beaux duplex et quatre chambres
standards portent le total à 34 chambres, avec une montée en gamme évidente. Les
chambres s'étagent de 495 à 550 francs, les duplex sont affichés à 750 francs, la
suite à 1 000 francs. Parti en 2 étoiles, Les Hauts de Montreuil passe à 3 étoiles en
1995. Voici deux ans, ils entrent aux Logis de France, classés 3 cheminées. L'action
commerciale internationale reste intensive, mais la couleur régionale est intégrée au
concept. Le restaurant Les Hauts de Montreuil est inscrit aux Tables régionales
Nord-Pas-de-Calais et fait donc dans ses menus la part belle aux produits régionaux.
L'investissement commercial
Faute de Guide Rouge, les Gantiez poursuivent l'investissement dans le commercial.
Les voyagistes restent une priorité dans le mix-marketing. "Nous laissons 18 % de
commission à Crest Holidays. C'est beaucoup ? Oui, mais les golfeurs sont une superbe
clientèle à table. Ils font de la publicité pour nous, ils parcourent les salons,
écument les revues, cela vaut de 12 à 20 % de rémunération selon les cas. Après,
c'est à chacun de séduire ses clients", répond le patron. Et il faut rester
ouvert toute la semaine et donc investir dans le personnel nécessaire.
L'hôtel-restaurant dispose de salons, et est membre du club tourisme d'affaires Côte
d'Opale. Dans la région, Jacques Gantiez s'investit dans une association nommée Saveurs
terroir et Hostellerie du pays de Montreuil, qui organise un salon annuel. n
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Les dates, les investissements majeursw Le corps du bâtiment historique est daté de 1537.
Les Hauts de Montreuil existe sous ce nom depuis l'ouverture par les Gantiez, le 27 avril
1991, ouverture qui a été l'occasion d'un aménagement avec salle de restaurant au
rez-de-chaussée et mezzanine. |
Les chiffresL'affaire emploie 29 personnes, patrons y compris, convenablement payées, affirme
Jacques Gantiez avec un PEP (Plan d'épargne entreprise) depuis 1998. |
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L'HÔTELLERIE n° 2703 Magazine 1er Février 2001